» JE VEUX UN SALAIRE NET D’IMPÔTS « 

Pierre Bilic

 » Même si l’OM est en vitrine pour l’instant, il s’avèrera à la longue que cela donnera naissance au procès de tout le football français « , nous dit une personne fréquentant les clubs de l’Hexagone.  » A mon avis, le Procureur de la République détient son affaire du siècle, il ne la lâchera plus. C’est désormais un homme en vue. Les pratiques dénoncées ne se déroulent pas qu’à Marseille mais quand on commence un procès là-bas, cela ne passe pas inaperçu. Il y aura bientôt une gigantesque explosion du même type au PSG. Là, des dirigeants incompétents ont fait et signé tout et n’importe quoi. C’est de la folie : pour bétonner leur position dans le club et au sein de leur société, ils se sont lancés dans des montages financiers dingues. Ils utilisent toutes les ficelles, font pression sur des agents qui ne peuvent pas résister et trempent dans des combines qui se retournent contre eux. A la base, il y a un fait sûr et certain : les clubs français ne peuvent pas lutter à armes égales en matière de salaires avec les grands clubs étrangers ou avec Monaco. En France, le fisc est vorace et alourdit les factures. De l’autre côté de la Manche, il y a même moyen d’être exempt de toute forme d’impôt à condition que le joueur étranger promette de quitter la Grande-Bretagne à la fin de sa carrière avec tout ce qu’il a gagné.

Si la pression fiscale était la même partout, les risques de dérapage seraient plus limitées. Pour diminuer leur investissement, les clubs trompent le fisc. Les joueurs n’ont plus qu’une phrase à la bouche : -Je veux un salaire net d’impôts. En cas de réponse négative, le footballeur en fin en contrat part ailleurs où certains ont le truc pour les payer comme ils le veulent. Et la dérive commence là. Les dirigeants rêvent de garder leurs joueurs ou d’en acquérir d’autres. Les errements marseillais sont également de mise dans les petits clubs de L1. Là aussi les transferts sont parfois douteux. Les méthodes sont simple : les commissions des agents sont gonflées et c’est alors, à eux, à leurs risques et périls, de verser le surplus en net à leur joueur. En général, cela se fait avec des managers d’Amérique latine ou d’Europe de l’Est. S’ils ne fonctionnent pas, le club ne réalisera pas de prochain transfert avec lui. Des agents peuvent apparaître même s’ils n’ont pas travaillé dans le cadre d’un transfert : ils sont utilisés comme de vulgaires guichets de banque. Et ils se servent au passage.

On utilise aussi les contrats d’images. De grandes sociétés internationales mettent une somme à la disposition des clubs et en échange, elles peuvent utiliser l’image du joueur pour leurs campagnes de publicité, etc. Les montants sont versés via des paradis fiscaux sur des comptes à l’étranger et c’est une source d’argent net qui revient via les clubs aux joueurs. Il y a des complicités à tous les niveaux. Tout le monde se met d’accord : dirigeants, agents, sponsors, clubs. Quand on paye 25 millions par des voies détournées, loin des yeux du fisc, on épargne le double en charges sociales. C’est intéressant comme économie et c’est la base du problème. A mon avis, c’est d’abord un procès fiscal. L’Etat français veut récupérer ce qui lui a échappé. Car en France, tout le monde fait la même chose que l’OM, c’est quasiment entré dans la norme « .

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