» Je veux avant tout devenir kiné « 

En 2012, Sven Kums était considéré comme la force tranquille du SC Heerenveen. Un an plus tard, le nouveau coach, Marco van Basten l’utilisait à peine et le joueur a préféré signer à Zulte-Waregem.

SvenKums (25) n’a pas vu le match Ecosse – Belgique. Ce jour-là, il déménageait chez… sa belle-mère, à Dilbeek, où sa copine et lui ont grandi. Malgré son transfert à Zulte Waregem, il n’a jamais songé à s’installer en Flandre.  » Il me faut de l’animation « , dit ce Bruxellois pure souche.  » En Frise, j’ai d’abord habité dans les polders mais je me suis vite rabattu sur le centre de Heerenveen. Là aussi, cependant, c’était trop calme : je me retrouvais toujours dans le même restaurant.  »

Il paraît que tu t’ennuyais tellement que tu dévorais des bouquins.

Sven Kums : J’en lisais déjà à Courtrai mais c’est vrai que là, cette passion s’est encore accrue. J’en échangeais même avec mes équipiers. Pour moi, c’est aussi un excellent somnifère.

Autre hobby atypique pour un joueur de football : le piano.

J’avais du temps libre et je me suis dit que ce serait bien de jouer d’un instrument. J’ai hésité entre la guitare et le piano. Au début, j’ai pris une heure de cours privé par semaine. C’était très basique car je devais aussi apprendre à lire les notes. Puis je devais savoir jouer une pièce de Beethoven ou Mozart pour la semaine suivante. Cela me prenait deux heures par jour. Après quelques mois, j’ai commencé à jouer de la musique pop et de la R&B que j’écoutais sur YouTube.

Ces hobbies t’aident-ils à oublier le foot ?

Pas forcément mais ça me détend et ça me donne de l’énergie. Je préfère ça à la PlayStation mais c’est une question de goût. J’ai besoin d’apprendre de nouvelles choses.

 » Etudier me détend  »

C’est pourquoi, à Heerenveen, tu as entamé des études universitaires en psychologie ?

J’ai fait cela parce que ma soeur est psychologue et parce que le choix à l’université de Zwolle était très restreint mais ce n’était pas mon truc, même si j’ai tout de même fait 5/10 à un examen sur un syllabus de 800 pages. Maintenant, je veux être kiné, comme mon frère. Je me suis déjà renseigné à la VUB sur la façon de combiner cela avec le foot et de passer un examen par semestre car ma carrière reste prioritaire.

Mentalement, ça doit être dur de se concentrer sur les études ?

Pas plus que de regarder un film. Ça détend.

Alors qu’il t’est déjà arrivé de rentrer de l’école avec six échecs sur ton bulletin.

Oui, j’ai même fait l’impasse sur une année entière. A l’époque, je ne jurais que par le foot. Aujourd’hui, je sais qu’il y a autre chose dans la vie.

Que retiens-tu des deux ans passés en Frise ?

La première saison était super. Je jouais médian défensif, j’étais le chaînon manquant entre la défense et l’attaque et tout s’est si bien passé que nous avons terminé cinquièmes. Mais au cours de l’été, nous avons perdu plusieurs joueurs de talent et leurs remplaçants ne sont arrivés qu’après la période de préparation. Le temps qu’ils s’intègrent et que nous nous adaptions au nouvel entraîneur, nous étions éliminés en Coupe d’Europe et nous nous retrouvions en position de relégables avec un 3 sur 18.

 » Marecek et moi, on se marchait sur les pieds  »

Toi non plus, tu ne jouais plus aussi bien que l’année précédente ?

Au début, personne ne se sentait bien dans le système de Van Basten. Alors que RonJans jouait le contre, lui voulait qu’on domine, avec deux arrières latéraux qui jouaient très haut et deux médians défensifs : LucasMarecek et moi. Mais nous nous marchions sur les pieds. Cela n’a été mieux que lorsqu’il a remplacé Marecek par JoeyvandenBergh et qu’il a fait passer FilipDjuricic du poste de meneur de jeu à celui de médian gauche. Grâce à l’arrivée de Yassine ElGhanassy, nous avons même disputé les play-offs.

Mais, en juin, Van Basten a transféré l’international Norvégien Magnus Eikrem, qui joue à la même place que toi. Tu as senti le vent tourner ?

J’ai appris cela quand j’étais en vacances. J’étais prêt à lutter mais il est évident qu’un entraîneur ne fait pas venir un gars pour le laisser sur le banc, même si j’étais bon à l’entraînement.

Tu as dit à la télévision locale que tu n’avais pas reçu d’explications. Ce à quoi Van Basten a répondu qu’il en avait marre de te répéter toujours la même chose.

Tout ce qu’il m’a dit, c’est qu’il devait faire des choix mais il ne m’a jamais dit ce qui n’allait pas. Ni pourquoi je n’étais plus vice-capitaine.

Il a menti aux médias ?

On peut dire ça, oui. Dommage car, en dehors du terrain, je le trouvais charmant. Mais quand je lui ai dit que je préférais partir que rester deux ans sur le banc, il m’a juste répondu : -Alors, vas-y.

 » Zulte Waregem n’est pas un pas en arrière  »

En février, il a dit à un journal flamand que tu devais prendre plus de responsabilités et que tu manquais de présence au duel.

Je n’ai pas lu cela et il ne me l’a jamais dit. Au contraire, il me disait souvent que, malgré ma taille moyenne (1,76 m, ndlr), je prenais pas mal de ballons de la tête.

Et toi, tu n’as jamais eu l’impression d’être un peu court dans les duels ?

Tout dépend de ce qu’on entend par là. Evidemment, si on me compare à Junior Malanda… Mais j’ai d’autres atouts. Et puis, mon remplaçant à Heerenveen est plus petit que moi et il travaille encore moins défensivement. J’ai beaucoup progressé sur ce plan aux Pays-Bas car en 4-3-3, tu dois suivre ton homme partout.

En tout cas, on m’a dit que tu passais beaucoup de temps en salle de fitness.

Oui et si j’avais su que Van Basten me reprochait un manque de puissance au duel, j’aurais fait plus de musculation encore. A 18 ans, je n’avais pratiquement pas de muscles. Un médecin sportif m’a fait remarquer que je ne pouvais pas miser que sur ma technique et, depuis, je fais deux à trois séances de fitness par semaine. Je suis aussi régulièrement un régime protéiné parce que, si on ne s’alimente pas correctement, le fitness ne produit aucun effet.

Te revoilà en Belgique alors que, l’an dernier, tu disais que tu voulais découvrir de nouvelles cultures.

Un journaliste m’a demandé si j’aimerais jouer à l’étranger. J’ai dit oui, bien sûr. Mais je ne considère pas Zulte Waregem comme un pas en arrière, au contraire : nous jouons les poules de l’Europa League et je sens que j’ai la confiance de l’entraîneur.  »

PAR JONAS CRETEUR – PHOTO : KOEN BAUTERS

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