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 » Je t’arracherai la tête « 

Ce soir, l’Atlético Madrid et le Real Madrid se rencontrent pour la 279e fois. Voici ce que vous ne saviez pas encore à propos du derby madrilène.

1. La colère du singe

Vous connaissez Diego Simeone, bien évidemment. Mais connaissez-vous aussi son assistant, Germán Burgos ? Certains prétendent qu’il vaut mieux ne pas croiser ces deux personnages dans une ruelle sombre, mais Burgos, il vaut mieux ne pas le croiser du tout, quel que soit l’endroit. Cet Argentin de 48 ans ressemble à un boucher prêt à sortir son couteau en dehors de ses heures de travail pour tailler les fauteurs de troubles en miettes. Il a un lien avec l’Atlético, dont il a défendu les buts pendant trois ans, de 2001 à 2004.

El Mono (Le Singe), comme on le surnomme, a même été sélectionné à 38 reprises pour l’équipe nationale argentine. En 2012, lorsque José Mourinho était encore l’entraîneur du Real Madrid, les esprits se sont un moment échauffés entre les deux coaches. Burgos s’est levé de son banc et a hurlé à l’adresse de Mourinho :  » Je ne suis pas Tito, je t’arracherai la tête.  » Il faisait référence au célèbre incident entre Mourinho et Tito Vilanova, lorsque le Portugais avait planté son doigt dans l’oeil de l’assistant de Pep Guardiola. Il paraît que Mourinho est alors retourné dans le dug-out et n’en est plus sorti…

2. Plus que 3-0, c’est possible

Ce n’est pas encore arrivé sur la scène européenne, mais l’Atlético a déjà battu le Real Madrid à maintes reprises par plus de trois buts d’écart en championnat. La dernière fois, c’était au début janvier 2015. Dans un match complètement fou, Tiago Mendes, Saúl Ñiguez, Antoine Griezmann et Mario Mandzukic avaient pulvérisé le rival par 4-0. Carlo Ancelotti, alors sur le petit banc du Real, n’avait pu que constater les dégâts.

La première fois que les Colchoneros ont sérieusement bousculé les sociétaires de la MaisonBlanche, remonte à la saison 1947/48. Le marquoir a même affiché 5-0, una manita. Lors de ce match, le Real Madrid était la première équipe espagnole à porter des numéros sur les maillots, de 2 à 11. Les supporters de l’Atlético s’en sont moqués pendant des jours, en affichant  » Atlético : 5 ; Ortiz : 0 « . Ortiz était le nom du joueur qui portait le numéro 5 au Real…

3. Mercenaire mexicain

Au terme de la saison 1984/85, l’Atlético a terminé deuxième et a aussi remporté la Copa del Rey, sur le score de 2-0 contre l’Athletic Bilbao. Deux buts signés Hugo Sánchez, l’attaquant mexicain qui sera élu  » Sportif du Siècle  » dans son pays en 2000. Mais, durant les dernières semaines de compétition, on a appris que Sánchez avait signé pour le Real Madrid.

Lors de son dernier match à domicile pour l’Atlético, les supporters rojiblancos l’ont traité de  » mercenaire « , malgré le fait qu’il ait embrassé l’emblème du club.  » C’est le jour le plus triste de ma vie, je ne m’attendais pas à pareil accueil. Mon transfert au Real Madrid fait les affaires de tous « , a déclaré le Mexicain après le match.

Il n’a pas tout à fait tort, car le président Vicente Calderón avait besoin de cet argent pour assurer la pérennité du club. Luis Aragonés, le coach de l’Atlético, a d’ailleurs directement pris la défense de son joueur :  » Ceux qui ont sifflé Hugo aujourd’hui, ne sont pas dignes de l’Atlético. « 

4. Lutte fraternelle en vue

Pep Guardiola voulait déjà les attirer à Manchester City l’été dernier, mais les deux frères français Lucas et Théo Hernández ont alors prolongé leur contrat à l’Atlético. Ils sont nés à Marseille, mais défendent les couleurs des Colchoneros depuis leur jeunesse. Dire qu’ils sont doués est un euphémisme. Le FC Barcelone et le Real Madrid, pour ne citer qu’eux, sont prêts à délier largement les cordons de leur bourse pour s’assurer les services de l’un d’eux. Lucas Hernández (21 ans), un défenseur central qui a dépanné comme arrière droit dans le derby la semaine dernière, a encore vu son contrat revu à la hausse au début du mois : il restera à l’Atlético jusqu’en 2022, et sa clause libératoire a été fixée à 55 millions d’euros.  » Je suis fier d’avoir prolongé mon contrat, je n’ai pas hésité très longtemps « , a révélé le défenseur français.

Son frère Théo, de son côté, est plus hésitant. Les médias espagnols prétendent que cet arrière gauche de 19 ans aurait déjà un pré-accord avec le Real Madrid. De son côté, le président de l’Atlético, Enrique Cerezo, prétend qu’il n’a encore reçu aucune offre pour Théo, qui a été prêté cette saison au Deportivo Alavés, le finaliste de la Copa del Rey qui affrontera le FC Barcelone. Selon Marca, le Real verrait en Théo le successeur de Sergio Ramos. Il coûte 24 millions d’euros. Une chose est sûre : il risque d’y avoir de grosses discussions au sein de la famille Hernández, ces prochaines semaines.

5. Le prix de l’amour

28 mai 2016, Milan. Au terme d’une finale de Champions League très intense, avec prolongations et tirs au but, le Real Madrid bat son rival, l’Atlético, et remporte la coupe aux grandes oreilles pour la 11e fois. À Madrid, Sara Ezquerro saute de joie. Elle porte l’écharpe du Real Madrid et se trouve dans les environs du stade Bernabéu en compagnie d’une amie. Elles suivent le match dans un bar et se prennent en photo. Jusque-là, rien d’anormal pour une jeune fille de 17 ans qui adore le football.

Et pourtant… Sara Ezquerro est la gardienne de but de l’équipe féminine B de… l’Atlético.  » Dimanche, mon amie avait posté une photo de nous sur Twitter, mais je l’ignorais « , a expliqué Ezquerro plus tard à un journal madrilène.  » Lorsque je me suis levée le lendemain, mes comptes WhatsApp, Instagram et Twitter avaient explosé. Il y avait aussi un message de mon amie : ‘Désolée Sara, je pense que j’ai gaffé.’ Ce n’est qu’alors que j’ai découvert la photo sur Twitter.

Entre-temps, j’avais déjà reçu des messages du club, qui me conseillait de rester prudente. Ce jour-là, je devais passer un examen de mathématiques à l’école, mais je n’ai pas pu y aller. Le midi, ma tête apparaissait sur tous les sites internet sportifs. C’était surréaliste. Tout le monde m’a critiquée, personne ne m’a soutenue. Ce n’était que des menaces et des accusations.  » Quelques semaines plus tard, l’Atlético s’est vu obligé de rompre le contrat de Sara Ezquerro.

6. Le roi du derby

Le Real Madrid et l’Atlético Madrid se sont déjà affrontés trois fois, cette saison. On se souvient du 3-0 de la semaine dernière. Avant cela, en championnat, on a eu droit à un partage 1-1 à Bernabéu et à un 0-3 à Vicente Calderón. Sur les sept buts que l’Atlético a encaissés cette saison, six étaient signés CR7. Vous ne serez donc pas étonné d’apprendre que le Portugais est le meilleur buteur de tous les temps dans le derby, avec 21 réalisations. Dans ce classement particulier, il précède Santiago Bernabéu et Alfredo Di Stéfano, qui ont tous les deux scoré à 17 reprises. Le premier joueur de l’Atlético dans ce classement est Paco Campos qui occupe la sixième place avec 12 buts.

7.  » Repose en paix, Vicente  »

Le derby de ce soir sera le dernier match européen disputé à l’Estadio Vicente Calderón. Pendant plus de 50 ans, ce stade a hébergé l’Atlético Madrid, mais au terme de cette saison, il deviendra la proie des démolisseurs afin de laisser la place à un projet immobilier. Le 27 mai, la légendaire enceinte accueillera encore la finale de la Coupe du Roi entre le FC Barcelone et le Deportivo Alavés. Le lendemain, un mélange d’anciennes gloires et de joueurs actuels donnera la réplique à une sélection mondiale pour le match d’adieu. Celui-ci a d’ailleurs déjà reçu la bénédiction du pape François, afin que le stade puisse ensuite reposer  » en paix « .

À partir de la saison prochaine, l’Atlético jouera au Wanda Metropolitano, une nouvelle enceinte de 68.000 places, 14.000 de plus que Vicente Calderón. Le nom fait référence au Groupe Wanda, la multinationale chinoise qui détient 20 % des actions du club, et à l’ancien Estadio Metropolitano, où l’Atlético a joué de 1923 à 1966. Début avril, 48.500 supporters avaient déjà acheté un abonnement pour la prochaine saison, un record.

8. Un Eto’o blanc

De nombreux footballeurs renommés ont disputé le derby madrilène, mais le nom de Samuel Eto’o n’est pas celui qui viendrait le plus rapidement à l’esprit. L’attaquant camerounais s’est fait un nom au FC Barcelone, mais il a commencé sa carrière européenne à l’âge de 16 ans, au Real Madrid. En trois saisons, de 1997 à 2000, il a pu monter au jeu à trois reprises dans le championnat d’Espagne. Et l’un de ces matches était le derby contre l’Atlético, qu’il a perdu sur le score de 1-3. Eto’o a joué 20 minutes.

Aujourd’hui âgé de 36 ans, le Camerounais joue toujours à Antalyaspor, en Turquie. Récemment, il est revenu sur sa période au Real et n’en a pas dit que du bien :  » Dans la cantera, au centre de formation, personne ne me respectait. Mes coéquipiers ne me disaient même pas bonjour. Deux hommes, cependant, n’ont jamais cessé de croire en moi : Fabio Capello et Italo Galbiati. Ils m’ont permis de m’entraîner avec la Première. Je ne voulais pas quitter le Real. Mais, à mon avis, on n’apprécie pas trop les joueurs de couleur dans ce club.  »

Santos Márquez, l’agent espagnol d’Eto’o, a un jour déclaré au quotidien sportif AS :  » J’étais en discussion permanente avec Florentino Pérez à propos d’Eto’o. J’estimais qu’il méritait autant le titre de galáctico que Luis Figo. Pérez n’est pas raciste, mais il n’aime pas les Noirs. « 

9. Harcèlement au Real

Vous savez certainement que l’icône du Real Madrid, Raúl González Blanco, a défendu les couleurs de l’Atlético durant sa jeunesse, mais les équipes actuelles comptent-elles également des joueurs qui ont connu les deux camps ? Au Real Madrid, seul Alvaro Morata, qui doit se contenter d’un rôle de remplaçant la plupart du temps, a joué pour le rival : il a passé deux ans au centre de formation des Rojiblancos. Dans les rangs de l’Atlético, trois footballeurs ont défendu les couleurs de l’ennemi durant leur jeunesse : l’arrière droit Juanfran Torres, l’arrière gauche Filipe Luis et le milieu de terrain Saúl Ñíguez.

L’histoire de ce dernier est très particulière. De 11 à 14 ans, il a joué dans les équipes de jeunes du Real Madrid, mais il n’était guère apprécié et a été harcelé :  » Sur le plan sportif, tout allait bien, mais on a volé mes chaussures, mes repas,… Pendant quelques semaines, l’accès au centre d’entraînement de Valdebebas m’a été interdit, pour un fait que je n’avais pas commis. Quelqu’un avait envoyé une lettre signée de mon nom à l’entraîneur. Une lettre que je n’avais pas écrite…  » Toutes ces attaques l’ont rendu plus fort mentalement, a-t-il expliqué au journal El Mundo Deportivo.  » Heureusement, déjà tout petit, j’avais une grande confiance en moi. Lorsque j’ai quitté le Real, je savais que ce n’était pas la fin du monde et que je trouverais facilement de l’embauche ailleurs. « 

10. Le vendeur de chaussures et l’attaquant

Parfois, la vie donne lieu à des situations étranges. Ainsi, Santiago Bernabéu, qui a donné son nom au stade du Real Madrid, a joué une saison à l’Atlético, et Vicente Calderón, qui a donné son nom au stade de l’Atlético, a été socio du Real. On n’a jamais su exactement pourquoi Bernabéu, l’attaquant qui est ensuite devenu l’entraîneur et le président, a décidé en 1920 de quitter le Real Madrid pour aller jouer chez l’ennemi voisin, mais on sait qu’après une saison, il est retourné à la MaisonBlanche, la queue entre les jambes.

En ce qui concerne Vicente Calderón : c’était un homme d’affaires qui vendait des chaussures à Madrid dans les années 30 et qui s’est retrouvé à la tête d’un empire de 37 sociétés. À l’époque, il n’était pas inhabituel de voir des hommes d’affaires devenir socios du Real et de l’Atlético Madrid. Cela leur permettait de tisser un réseau de relations dans les deux clubs.

En 1964, Calderón est devenu le président de l’Atlético, qui connaissait de grosses difficultés financières. Il a investi dans le club et a permis la construction du nouvel Estadio del Manzanares. En guise de reconnaissance, le stade a été baptisé à son nom quelques années plus tard. Il est décédé d’une crise cardiaque en mars 1987.

par Steve Van Herpe – photos Belgaimage

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