« Je suis pessimiste pour tout le sport belge »

Notre Monsieur Athlétisme met la pédale douce.

Journaliste dans l’âme, dans le sang, amoureux de l’ambiance d’une rédaction, Wilfried Meert a fini, il y a quelques années, par choisir de ranger ses plumes au rayon des souvenirs. Au fil des années, il s’est constitué le plus gros carnet d’adresses athlétiques du Royaume. Le Mémorial Van Damme est à ce prix. A 55 ans, il a décidé de donner une nouvelle orientation à sa carrière. Il a tout donné, ces dernières années, à sa double casquette d’organisateur belge n°1 et de secrétaire général de la Ligue Royale Belge d’Athlétisme (LRBA), une fonction qu’il a décidé d’abandonner pour tout donner dorénavant à « son » Van Damme.

Comment êtes-vous arrivé à combiner la montée en puissance du Van Damme avec votre fonction à la fédération?

En consacrant énormément de temps à ces deux activités. C’est d’ailleurs la raison qui me pousse aujourd’hui à diminuer. A la fin, on finit par se rendre compte que l’on fait tout cela avec tellement de passion et tellement de coeur qu’on ne se rend même pas compte que les années passent. C’est presque un choc quand votre soeur aînée vous dit que son fils va rentrer à l’université. Je ne me plains pas, je suis simplement en train de faire une sorte de procès de ma vie. Je me dis que, malgré tous les bons moments que l’athlétisme m’a procurés jusqu’ici, j’ai raté des épisodes. Je me demande si je n’en fais pas trop. Le Van Damme est devenu tellement grand que c’est un boulot à part entière. Et continuer à combiner cela avec mon rôle à la LRBA est devenu vraiment trop. C’est ce qui m’a amené à me retirer de mes fonctions à la fédération.

Votre rôle à la fédération a pourtant été fondamental? C’est une fédération compliquée?

Tout à fait. La LRBA est une fédération compliquée avec tous nos problèmes linguistiques. Le secrétaire général doit être diplomate, psychologue. J’ai parfois dû être une sorte de prêtre pour écouter les confessions des athlètes, tout en me taisant. Ils arrivent tous chez moi pour le moindre problème, car j’ai la réputation d’être un confident. Mais à la fin, c’est devenu trop. Je ne vivais plus. Je me suis rendu compte que je n’avais plus été au cinéma depuis six mois, que je n’avais plus vu une pièce de théâtre depuis un an, que je n’avais plus le temps de lire un livre. J’ai raté trop de choses. J’ai aujourd’hui 55 ans et je trouve qu’il faut, à un moment donné, oser tourner une page, laisser la place à des plus jeunes, à de nouvelles idées. Je ne serai cependant pas remplacé par un plus jeune que moi puisque le futur directeur général de la LRBA, Léon Dewulf, est retraité de l’armée.

Vous n’êtes pas seul pour organiser le Van Damme.

Non, bien entendu! Mais, chaque année, l’organisation du meeting génère un stress incroyable. Vais-je trouver les sponsors suffisants, un contrat pour la télévision? Aurai-je les bons athlètes? Est-ce qu’il fera beau le soir du meeting ou la pluie va-t-elle gâcher la fête? Dans un job comme celui-là, il y a toujours quelqu’un qui prend la responsabilité finale et c’est moi qui encaisse presque autant de stress que tous les autres ensemble. Au fil des années, je commence à sentir que cela devient de plus en plus dur de récupérer. Me trouver un successeur pour la Ligue m’a semblé plus facile que pour le Van Damme.

Votre rôle en tant que secrétaire général a été déterminant.

Dans le contexte actuel, avec deux ligues qui bénéficient quand même d’une grande indépendance, je crois que j’ai quasiment donné le maximum pour la coupole, la LRBA. Si on a des bureaux dans le Stade Roi Baudouin, je m’excuse, c’est grâce à moi. C’est moi qui ai amené l’idée des Etats-Unis, qui ai convaincu l’Echevin des Sports de la Ville, qui ai fait passer le projet de changer les plans du stade et de creuser dans les gradins pour en faire les bureaux. Sans cela, nous serions toujours dans les locaux très vétustes de la rue Saint-Laurent. J’ai par ailleurs amené les championnats du monde de cross à Anvers, les championnats d’Europe à Monceau-sur-Sambre, les championnats du monde de semi-marathon à Bruxelles, les championnats du monde à Courtrai en 2002. Il nous manque les championnats du monde sur piste mais je pense qu’il ne faut pas rêver.

Est-ce le Wilfried Meert, organisateur du Van Damme, ou le Wilfried Meert de la LRBA qui a réussi à amener tous ces événements?

C’est grâce à mes contacts que j’ai réussi à attirer toutes ces organisations chez nous. Nous ne sommes pas une fédération riche. Nous n’avons par ailleurs jamais eu en Belgique cette culture de promotion de son pays, de vanter sa région, de mettre de l’argent de côté pour promouvoir sa ligue, comme c’est par exemple en France, dans la ligue Nord-Pas-de-Calais. Quand on voit que la région nordiste et Liévin – qui ne comporte que 20 ou 30.000 habitants – investissent un million de francs français pour le meeting indoor… Chez nous, quand vous demandez 500.000 francs belges, on vous regarde comme un voleur, comme quelqu’un qui part avec l’argent de la communauté. En Italie, en France, en Espagne, si une ville se porte candidate pour l’organisation d’un grand championnat avec la fédération concernée, ils vous font de belles brochures, ils paient des dîners, ils donnent des cadeaux relationnels. Chez nous, il n’y a pas de budget pour cela. Moi, j’ai toujours obtenu mes budgets en faisant du lobbying, en utilisant le réseau d’amis, de connaissances, de gens qui me respectent, que je respecte.

Le Mondial de cross, avant la décision de Dublin de ne pas organiser, était à l’état de projet pour la Belgique.

Un projet qui se concrétisait de plus en plus pour 2003 ou 2004. La décision est d’ailleurs tombée ; ce sera 2004. Il faudra cependant que la Région et la Ville mettent de l’argent pour y arriver. Si nous faisons une comparaison avec l’organisation de l’EURO 2000 chez nous et en Hollande, il a fallu à Alain Courtois une sérieuse dose de courage pour persuader les gens que c’était bien pour la Belgique.

Qu’est-ce que cela vous inspire? Vous êtes un peu dans la même position.

Je veux tout de suite dire que j’étais un des rares à avoir applaudi quand, à l’époque, Philippe Housiaux a lancé l’idée des Jeux Olympiques à Bruxelles. Pourquoi des villes comme Manchester ou Istanbul peuvent-elles être candidates? Pourquoi? Parce que nous sommes un pays avec trois communautés? En Suisse, il y en a trois également. Au Canada, il y en a deux. C’est vraiment une attitude typique à la Belgique. Ce qui me fait le plus râler, c’est qu’il y a chez nous une minorité -heureusement- qui empeste de temps en temps l’atmosphère générale et les sentiments. Si on disait, par exemple, que demain on embauche un entraîneur chinois pour les athlètes francophones, les Flamands applaudiraient. Si, par contre, il s’agissait d’un entraîneur francophone qui habite Namur et qui pourrait aider les Flamands à lancer le poids, on ferait directement des oppositions. Parce que c’est un Wallon. Et vice-versa. Il y a quand même des choses plus sérieuses à débattre dans un pays comme le nôtre qui est un véritable paradis sur terre. La minorité dont je vous parle aime envenimer les situations, par profit personnel parce que, plus on divise, plus on peut s’enrichir. Et, dans cette optique, je serai éternellement reconnaissant, au nom de l’athlétisme, au monde de notre football pour avoir osé poser la candidature pour organiser l’EURO 2000, sans laquelle on n’aurait jamais refait le Stade Roi Baudouin en si peu de temps. Si ça n’avait pas été pour le football, le Van Damme n’aurait pas eu lieu une année. Et qui sait si le meeting aurait gardé sa place dans la Golden League? Les réunions de Lausanne ou Stockholm auraient directement sauté sur l’occasion pour nous reléguer en division inférieure. C’est Jean-Luc Dehaene qui a sauvé la situation et qui a aidé à débloquer les budgets. A l’époque de Vanden Brande et de Spitaels, en effet, je pense qu’il était plus facile d’obtenir des subventions pour construire un nouveau stade à Namur ou à Gand qu’à Bruxelles. Heureusement, les choses ont évolué aujourd’hui au sein du gouvernement. Je pense qu’il y a à nouveau un dialogue entre les communautés, que le sentiment de nationalité et de fierté belge est revenu.

L’atmosphère entre la LBFA et la VAL est-elle redevenue une atmosphère sport?

Tout à fait. Le courant passe entre les deux présidents, Philippe Housiaux et Guy Van Diest, ainsi qu’entre les deux directeurs techniques, Christian Maigret et Paul Thijs. Cela étant, cette réflexion n’a pas joué dans ma décision, même si, quelque part, je me satisfais qu’il y ait une bonne entente entre les deux ligues, que l’on y parle à nouveau de sport, que les querelles linguistiques soient oubliées. C’est plus gai, en effet, de se retirer dans de telles circonstances. Les bureaux sont là. Les finances sont saines. Toutefois, je regrette le manque d’athlètes de haut niveau. Nous payons aujourd’hui le manque total de vision des deux ligues. Pendant des années, on a oublié de former, de moderniser le sport, d’attirer les jeunes. Je pense qu’on a touché le fond durant l’époque de Camille Javaux, qui rêvait de faire exploser la coupole, qui croyait que, tôt ou tard, la fédération internationale allait accepter les deux ligues comme partenaires. Heureusement, cela n’a pas duré longtemps. Et puis, il y a toujours eu des tensions entre les deux ailes, entre leurs présidents. Souvent, dans ces fédérations sportives, on finit par avoir les mêmes attitudes qu’en politique: on ne dialogue pas quand il n’y a pas de dialogue entre les communautés. Il m’a très souvent fallu être diplomate dans ces circonstances. En ce qui me concerne, je dirai que j’ai toujours gardé autant d’amis en pays francophone qu’en pays flamand. Je n’ai jamais favorisé les athlètes flamands par rapport aux athlètes francophones. J’ai aidé Vincent Rousseau au début de sa carrière jusqu’au moment où René Devos l’a repris en main. J’ai autant aidé Didier Falise que Jonathan Nsenga, autant William Van Dijck qu’Eddy Anys.

Vous parlez d’un manque de vision dans le passé. Cela veut-il dire que les choses ont changé?

Ce que je vais dire n’engage que moi. Je constate une chose, c’est que les goûts des jeunes évoluent, c’est normal. A mon époque, on jouait tous les jours dans le rue, on tapait dans un ballon, on faisait nos courses cyclistes sur notre petit vélo. Aujourd’hui, tout cela est exclu. Le trafic s’infiltre jusque dans les plus petits culs-de-sac. Nos jeunes n’ont plus les mêmes possibilités que jadis. Ils n’ont plus le goût de courir spontanément. C’est la génération zapping, in-line skating. Je trouve qu’il faut donc arriver à changer la façon d’aborder le sport. Et si la base est devenue plus étroite que par le passé, forcément, l’élite est plus étroite.

Vous pensez à des actions concrètes?

Je trouve, par exemple, qu’envoyer trente soi-disant élites au cross de Margate (G-B) en leur donnant un t-shirt, d’en envoyer le mois suivant cinquante en stage en Algarve, des Seniors, des Minimes et des Cadets, n’a pas beaucoup de sens. Cela coûte beaucoup d’argent et le rendement est nul. Tout devient tellement spécialisé qu’une fédération doit oser investir dans un nombre limité de gens parce qu’on sait que ce n’est plus qu’un nombre restreint qui aura du courage, de la force physique, un bon mental, pour pouvoir percer au niveau international. Je pense qu’il faut limiter les moyens et investir dans moins de personnes en sachant qu’il y aura quand même du déchet. Mais au moins, on aura fait ce qu’il fallait pour des athlètes prometteurs, on leur aura donné un cadre professionnel. Il faut rester conscient que nous sommes le sport le plus compliqué qui soit. Jean-Marie De Decker peut casser du sucre sur notre dos. Il a raison sur certains aspects mais il oublie une chose : ses judokas s’entraînent de la même façon, dans la même salle, avec le même outil. C’est trop facile de dire que les athlètes doivent partir en stage ensemble. Mais où? Où est l’endroit idéal pour satisfaire un marathonien, un sprinter, un sauteur en hauteur et un discobole?

Vous prônez donc l’approche individualisée?

Tout à fait. Il faut se poser la question de savoir si nous avons, par exemple, un perchiste motivé et capable de s’entraîner avec Thibaut Duval. Si ce n’est pas le cas, il faut envoyer Thibaut six mois par an avec les perchistes français. C’est ce que font Stevens, Nsenga, Van Daele et Kloeck aujourd’hui. Cela rappelle nos coureurs de longues distances de la grande époque. Certains étaient à Liège, d’autres à Louvain. Les Schots, Lismont, Hagelsteens, Puttemans et Polleunis étaient les meilleurs amis du monde, mais ils étaient des concurrents farouches sur la piste. Ils s’entraînaient parfois trois semaines ensemble, ils s’espionnaient même. Mais au moins il y avait une émulation. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi, dans son coin. Et à la fin, on s’étonne qu’il y ait un manque de motivation.

Si on prend le cas de nos sprinters, Nsenga, Stevens, Wijmeersch, Bongelo, Ferro, serait-il réellement impossible d’arriver à les rassembler tous autour d’un ou de deux entraîneurs?

Je pense que nous pourrions y arriver. Mais le problème est que la Belgique est un petit pays où certaines mentalités sont très ancrées. Si, par exemple, la France décide de rassembler ses meilleurs coureurs de haies à Toulouse, il y aura là-bas des gens de Lille et de Strasbourg qui trouveront cela normal. Chez nous, essayez d’inventer un stage à Namur et donnez-y rendez-vous à tout le monde. La plupart refuseront de dormir sur place en prétextant qu’en une demi-heure, ils sont de retour chez eux. C’est très difficile d’organiser de telles choses chez nous. Je vous avouerai que du côté flamand, j’ai des doutes que cela fonctionne. Côté francophone, l’ex-directeur technique Marc Claeys avait essayé de travailler de cette manière. Il voulait construire un cadre complet autour de l’athlète, avec un entraîneur, un kiné, un médecin et éventuellement un manager. Je pense que ce système est le bon à condition que l’on crée des cellules par spécialité.

Mais avons-nous aujourd’hui les moyens, surtout financiers, pour se permettre une telle politique?

Nous parlons de combien d’athlètes aujourd’hui? Je dirai simplement que l’on jette de l’argent par la fenêtre en matière des stages. Pourquoi un jeune de 16 ans doit-il partir en stage à Vittel ou en Espagne? Que les jeunes restent en stage chez nous. Je trouve qu’il faut être beaucoup plus sévère au départ. Il suffit de se pencher sur les statistiques de ces dix dernières années et de voir tous ces jeunes que l’on a envoyés aux championnats d’Europe ou du monde juniors, sur piste ou en cross. Qu’en reste-t-il? Comment se fait-il qu’un jeune obtienne une place dans les huit ou dix meilleurs de tout le continent et que, deux ans après, on n’en parle plus? Est-ce que, tout d’un coup, il ne sait plus courir? Je sais que c’est un âge difficile et c’est la raison pour laquelle il faut un accompagnement presque personnalisé pour aider ce jeune à franchir ce cap, lui qui a tout gagné dans les catégories d’âges et qui se retrouve confronté dorénavant avec les meilleurs. Je lance l’idée à la fédération qu’elle mette une somme d’argent de côté, cet argent qui sert actuellement à payer des stages aux jeunes et qui pourrait servir à payer le déplacement de nos athlètes confirmés ou en passe de le devenir dans des meetings de bon niveau. Il est facile de placer Mourhit, Stevens, Nsenga dans un meeting, mais quand on parle d’un Joeri Jansen ou d’un Matthieu Van Diest, c’est tout autre chose. Si nous pouvions déjà payer le voyage, il deviendrait négociable de demander à l’organisateur du meeting de prendre en charge la chambre d’hôtel.

Vous semblez assez pessimiste quant à l’avenir de notre athlétisme.

Je suis pessimiste, pas uniquement pour l’athlétisme, mais pour le sport en général. L’athlétisme, c’est finalement un des seuls sports qu’on ne joue pas, mais que l’on pratique. C’est une grande nuance. On ne joue pas à l’athlétisme dans les cours de récréation, mais au foot, au basket, au volley. L’athlétisme, donc, n’attire pas spécifiquement les jeunes, sauf si le père court et qu’il emmène son gamin au stade pendant qu’il va faire son jogging.

Le jogging ne deviendra-t-il pas un passage presque obligé vers l’athlétisme?

Si, bien sûr. Jusqu’il y a peu, l’affiliation dans un club venait des clubs d’athlétisme eux-mêmes. Je crois qu’à l’avenir, le grand nombre d’affiliés ne passera plus directement par les clubs traditionnels mais par les clubs de jogging. C’est finalement l’aspect de l’athlétisme qui attire encore la foule.

La fédération a raté un virage quand même, quand le jogging est devenu un véritable phénomène de société.

Très juste! Je me souviens que les présidents de la LBFA et de la VAL étaient farouchement contre le jogging. On a perdu beaucoup de potentiel d’affiliés, beaucoup de courses qui auraient pu être organisées ou du moins cautionnées par la fédération et qui tournent aujourd’hui très bien en autonomie.

Que proposeriez-vous pour faire bouger les choses?

Pourquoi ne pas organiser des initiations de saut en hauteur, de lancer du poids sur la place du village pendant un jogging? C’est ce que René Devos avait voulu faire dans le cadre de sa Wall’Cup, mais il n’a pas été suivi. C’était une très belle manière d’attirer les enfants pendant que papa courait son jogging. Malheureusement, on a sapé le moral de Devos comme on a voulu saper celui du Van Damme, par jalousie. Le Mémorial n’a, en effet, pas toujours été applaudi par tous les membres de la fédération, certainement parce qu’ils ne l’avaient pas inventé eux-mêmes et parce que le succès était là.

Jean-Paul Bruwier propose une sorte d’INSEP en Wallonie, un endroit où toutes les forces vives, entraîneurs, médecins, kinés, etc, seraient regroupées.

Je ne suis pas contre une telle idée dans son principe, mais comme nous sommes dans un tout petit pays, nous devrons nous concentrer sur une ou deux disciplines. Il ne sert effectivement à rien de dire que l’on crée un institut pour tout l’athlétisme belge où on ne retrouverait qu’un seul discobole, un triple sauteur, deux sauteurs en hauteur capables de percer au niveau international. Il vaudrait mieux travailler sur base d’un système d’écoles, de centres de formation spécialisés. Et tout le monde saurait que c’est là que se trouveraient les meilleurs préparateurs de la discipline. L’idée de Bruwier est excellente mais il ne faut pas voir trop grand. Tout devient spécialisation. Et puis, il faut avoir les moyens. Bruwier parle de plusieurs centaines de millions. Nous sommes en Belgique, il ne faut pas l’oublier! Si on arrive à mettre quelque chose sur pied en Wallonie, il est possible que quelqu’un en demande autant en Flandre. On arriverait alors à la situation incroyable, mais tellement vraie, de voir les deux hurdlers francophones chez Bruwier et les deux flamands dans le centre flamand. Je pense qu’il vaudrait mieux travailler en cellules nationales spécifiques avec, par exemple, le sprint à Gand, le demi-fond à Namur, les lancers à Liège, les sauts à Ninove.

La révision du statut de l’entraîneur n’est-elle pas fondamentale dans cette logique?

J’avais proposé, au lendemain des championnats d’Europe d’Helsinki en 94, où Rousseau, Stevens et Van Dijck avaient décroché une médaille, de profiter de notre belle image de marque pour demander au BLOSO, à l’ADEPS et au COIB de débloquer un budget et de profiter de l’écroulement du bloc de l’Est pour embaucher quelques entraîneurs soviétiques ou autres pour les épreuves techniques, ne fût-ce que pour deux ou trois ans, et pas seulement pour entraîner mais aussi pour aller dans les clubs et former des coaches. Ça m’a procuré une série de lettres de haine par des entraîneurs belges qui sentaient leurs compétences mises en cause. Comment donc se fait-il qu’un Jo Van Daele va s’entraîner avec Shultz et que ce dernier dit que si Van Daele était venu cinq ans plus tôt, il aurait pu corriger des défauts de base? Même chose pour Johan Kloeck qui a des problèmes de dos à cause d’erreurs d’entraînement. Nous avons des entraîneurs qui étudient leurs cours par coeur mais qui, côté pratique, sont nuls. Voilà pourquoi j’avais été attaqué à l’époque. Je veux préciser qu’il y a des entraîneurs belges qui font du bon boulot, mais il y a quand même des disciplines où nous sommes ridicules, avec des entraîneurs qui font toujours les mêmes erreurs.

Vous quittez la fédération et on vous retrouve sur les listes des candidats au COIB.

C’est Philippe Housiaux qui m’a demandé de me porter candidat au COIB. Il ne voulait plus en faire partie mais trouvait qu’il fallait quelqu’un qui représente l’athlétisme au sein du conseil d’administration. J’ai été un peu surpris par cette demande. Je me suis posé la question pratique de l’investissement en temps. Mais cela tournerait autour d’une dizaine de réunions par an, ce que je trouve gérable. Cela dit, avec sept élus du côté flamand et sept du côté francophone, il a fallu faire campagne. Il y a peut-être des fédérations qui n’aiment pas voir arriver quelqu’un de trop populaire. Il y a certainement des gens qui jalousent le Van Damme et donc aussi Wilfried Meert. Réflexion faite, je pense que je peux apporter quelque chose au COIB, ne fût-ce que par mes relations, mes contacts avec les athlètes qui sont excellents. Mais cela ne peut se faire que s’il y a une volonté d’écouter de l’autre côté.

Eric Cornu

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