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L’élégant flanc gauche vit-il ses dernières semaines au Canonnier ?

Hier, Christophe Grégoire a fêté son 24e anniversaire. Le tendre adolescent qui avait débarqué au Canonnier voici quatre ans (et auquel peu de gens croyaient) est devenu un footballeur accompli. Il semble avoir la cote sur le marché des transferts : après le Standard, c’est Genk qui est venu aux nouvelles. Il faut dire que le flanc gauche liégeois, s’il se rend parfois encore coupable d’absences pendant un match, est un régal pour les yeux lorsqu’il peut laisser libre cours à son inspiration. Un créatif, un technicien, un artiste dans l’art d’expédier des centres brossés du pied gauche. Bref, le genre de joueurs pour lesquels les gens se déplacent encore au stade. L’Excel, qui a besoin de liquidités, ne le retiendra pas. Et lui-même a envie de relever un nouveau défi. Mais pas à n’importe quelles conditions.

Vivez-vous vos dernières semaines au Canonnier ?

ChristopheGrégoire : Je l’ignore. Au risque de me répéter, j’affirme que je me sens très bien à Mouscron et que je ne cherche pas à tout prix à partir, mais si la possibilité d’évoluer dans un plus grand club s’offre à moi, je la saisirai. Mais il faut que cela arrange tout le monde, et moi en particulier, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent. En fait, dans les négociations qui ont été menées, le problème, c’était… moi. L’Excelsior et le Standard, eux, s’étaient déjà mis d’accord. Mais le contrat qu’on me proposait à Sclessin était dérisoire. A la limite, on m’a manqué de respect. Je ne suis plus un gamin qui débarque en D1. Les dirigeants liégeois étaient certainement au courant de ce que je gagne à Mouscron, mais ont feint de l’ignorer. Ils m’ont proposé des conditions inférieures à celles que je possède au Canonnier. Si le Standard me veut vraiment, comme il le prétend, il pourrait fournir un effort.

Genk, apparemment, serait davantage disposé à le faire…

Tant mieux si c’est le cas. Mais je ne peux pas encore répondre à cette question, étant donné que je n’ai pas encore discuté avec les dirigeants limbourgeois. Je crois savoir que le président de Genk, Jos Vaessen, se serait renseigné à mon sujet auprès de Jean-Pierre Detremmerie. Le prix de transfert ne devrait pas constituer un obstacle, d’autant que Mouscron semble prêt à faire des concessions. L’indemnité à payer équivaut au tiers ou au quart de ce qui avait été fixé en début de saison. Au départ, je ne pouvais partir que pour 1,5 million d’euros. Aujourd’hui, on serait prêt à me lâcher pour 400.000 ou 500.000 euros, alors qu’au vu de la bonne saison que je suis en train de livrer, ma valeur marchande devrait avoir augmenté. C’est le signe que le club a besoin de liquidités.

Compte tenu de la situation financière du club, et de toutes les rumeurs qui circulent, craignez-vous de revivre une saison pareille à celle de l’an passé si vous restez ?

J’y pense, effectivement, avec une certaine appréhension. L’an passé, j’ai vécu la pire saison de ma période mouscronnoise, et je n’ai pas envie de revivre les mêmes affres. Si l’Excel perd Mbo Mpenza et Luigi Pieroni, on peut déjà s’attendre à ce que la saison prochaine soit difficile. C’est un peu décourageant pour tout le monde. Georges Leekens aussi s’en inquiète. Et cela incite, forcément, à écouter les propositions venues d’ailleurs. Je suis encore sous contrat jusqu’en juin 2007. Un bon contrat, puisque dans ce domaine, je peux me considérer comme un privilégié : j’ai eu la chance de resigner pour une longue période à l’époque d’Hugo Broos, lorsque l’Excel proposait encore des conditions très avantageuses. Je sais ce que je dois à Mouscron. Pour un jeune, l’Excel est un excellent club où il peut progresser sans trop de pression. Mais, précisément pour cela, on risque peut-être de s’enfoncer dans un confort trop douillet et de stagner. Un sportif a besoin de se lancer de nouveaux défis. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai plus rien à apprendre à Mouscron, mais si je veux me forger un palmarès ou jouer une coupe européenne chaque année, ce n’est pas l’Excelsior qui m’en offrira la possibilité.

On sait que le club ne vous retiendra pas…

Si le club a besoin d’argent, ce n’est pas tous les jours que des offres concrètes lui parviennent. On fait beaucoup de bruit autour d’un départ éventuel de Mbo Mpenza et Luigi Pieroni, mais même si des propositions risquent d’arriver pour eux, il n’y a encore rien de concret pour l’instant. En me lâchant, Mouscron se libérerait peut-être d’un gros contrat, et de mon côté, je me sens prêt à relever un nouveau défi. Mais Jean-Pierre Detremmerie m’a bien précisé, aussi, qu’il ne me chassait pas. Il s’est montré très correct envers moi.

 » On recule trop en déplacement  »

Comment vivez-vous toute cette agitation autour de votre personne ?

Cela ne me perturbe pas. J’ai continué à donner le maximum pour Mouscron, je crois que l’Excel ne peut rien me reprocher à ce sujet.

Si vous loupez l’Europe, après une aussi belle saison, quel est le sentiment qui prévaudrait : la déception, ou malgré tout la satisfaction d’avoir vécu de bons moments ?

Je crois qu’il faut rester positif. Si l’on nous avait dit, en début de saison, qu’à quatre matches de la fin on serait toujours en course pour une qualification européenne, on ne l’aurait pas cru. Mais il est clair aussi que, dans la situation où nous nous trouvons, nous y pensons, à une qualification européenne. Louper l’Europe ne serait pas la fin du monde, mais tout de même une déception. Surtout si l’on songe à tous les points que l’on a laissés échapper en fin de match et qui, au bout du compte, feront peut-être la différence.

Comment expliquez-vous cette différence énorme entre l’Excel à domicile et en déplacement ?

On a tendance à trop reculer, lorsqu’on joue sur un terrain adverse. Souvent, pourtant, on parvient à ouvrir la marque, mais au lieu de se libérer, on se crispe. Il faut remédier à ce problème et essayer de jouer de la même manière à l’extérieur qu’à domicile, mais ce n’est pas facile. La fin du championnat s’annonce ardue. On doit encore se déplacer chez des équipes qui ne sont pas assurées de leur maintien : après Heusden-Zolder dimanche passé, ce sera Charleroi et Lokeren.

Dans quel domaine avez-vous le plus progressé en quatre saisons à Mouscron ?

J’ai progressé à tous les niveaux. J’ai appris à défendre, c’est un fait. La récupération ne sera jamais mon point fort, mais si on me demande de défendre, je m’exécute pour le bien de l’équipe. Je suis aussi moins vite satisfait de moi. C’était l’un de mes problèmes, au départ : après un bon match, j’étais content. J’ai appris à me remettre en question. Je crois aussi que je suis devenu beaucoup plus régulier. Il m’arrive encore de livrer, de temps en temps, une prestation en demi-teinte, mais je me maintiens dans l’ensemble à un bon niveau. Le manque de travail défensif et de régularité étaient les principaux reproches que l’on m’adressait au départ. Aujourd’hui, je ne les entends plus trop. C’est bon signe.

Que vous a apporté Georges Leekens, par rapport à Hugo Broos et à Lorenzo Staelens ?

Il a toujours été derrière moi et m’a redonné confiance, après la saison très difficile que j’avais vécue l’an passé. Avec Lorenzo Staelens, j’avais un peu perdu les pédales. Je ne savais plus trop où j’en étais et je n’osais plus rien entreprendre. J’avais peur de mal faire et je me bloquais. Lorsque je voyais un équipier s’échauffer après une heure de jeu, je me disais systématiquement : – Celavaencoreêtrepourmapomme ! Dans les mêmes conditions, Georges Leekens me laisse au jeu. Les entraîneurs doivent être un peu psychologues avec leurs joueurs et il a compris comment il fallait me prendre. Au départ, beaucoup de joueurs m’avaient dit que j’allais souffrir sous sa direction, mais finalement, tout s’est très bien passé. Personnellement, je n’en avais jamais douté. Depuis que je joue au football, j’ai toujours écouté les conseils de mes différents entraîneurs et je savais que, si je me comportais de la même manière avec Georges Leekens, cela allait bien se passer également. Ce fut le cas. Il a parfois été dur avec moi aux entraînements, mais c’était pour mon bien. Il peut encore m’apporter beaucoup, si j’ai la chance de poursuivre la collaboration avec lui.

En concurrence avec Koen Daerden

Vous jouez souvent bien dans une équipe qui tourne, mais avez tendance à sombrer avec le navire lorsqu’il y a des avaries…

C’est peut-être mon caractère qui veut cela. Je ne suis pas un meneur naturel et je n’ai pas l’habitude de secouer le cocotier. Avec le temps, cela viendra peut-être, mais pour l’instant je me fonds plutôt dans le collectif.

Aujourd’hui, vous êtes aux portes de l’équipe nationale…

On a parlé de moi, lors des deux derniers matches, et forcément j’y ai pensé aussi. L’équipe nationale fait aussi partie de mes objectifs, et j’ai été un peu déçu de ne pas avoir été convoqué, d’autant qu’Aimé Anthuenis n’avait pas appelé de véritable flanc gauche, et j’ai été un peu déçu de ne pas être convoqué, mais c’est à moi à continuer à travailler pour mériter une sélection.

C’était dur, aussi, de rester en rade pendant que Luigi Pieroni devenait international après une demi-saison en D1 ?

Non, Lou avait mérité sa sélection. Il est le meilleur buteur du championnat, il marque quasiment à chaque match, c’était logique qu’il soit appelé. J’étais content pour lui. Mon cas est différent. Et puis, la concurrence est là.

En Espoirs, vous étiez barré par Koen Daerden, que vous pourriez éventuellement retrouver à Genk… à moins qu’il ne prenne la place qui vous était réservée au Standard ?

La concurrence de Koen Daerden m’a, effectivement, valu de n’être sélectionné qu’une seule fois en Espoirs : face à la France, lors de l’EURO en Suisse. Il avait pris un peu d’avance sur moi, car il avait suivi toute la filière des catégories d’âge depuis le début, et était titulaire dans une équipe de Genk qui fut championne de Belgique. Personnellement, j’avais déjà été sélectionné en Cadets et en Scolaires, mais vers 16 ans j’ai souffert de problèmes de croissance et je n’ai plus été repris. Pour en revenir à Koen Daerden : lors de ce match contre la France, nous avions évolué ensemble. Lui avait une position plus axiale. Nous pouvons donc évoluer dans la même équipe.

Cette saison, à Mouscron, c’est vous qui avez parfois évolué de façon axiale…

Georges Leekens cherchait la bonne combinaison pour intégrer à la fois Mbo Mpenza, Luigi Pieroni et Marcin Zewlakow dans l’équipe. Il m’a confié un autre rôle et je l’ai accepté pour le besoin de l’équipe. Je me suis pas trop mal débrouillé dans l’axe. D’ailleurs, j’ai été confirmé lors de plusieurs matches consécutifs à ce poste. Cela m’a aussi appris beaucoup, d’évoluer dans un autre rôle. Mais je me sens toujours plus à l’aise sur le flanc gauche.

Daniel Devos

 » Si le Standard me veut vraiment, il pourrait FOURNIR UN EFFORT  »

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