» JE SAIS où je vais « 

En 15 matches, le coach a utilisé 44 joueurs. Est-ce trop ?

Mercredi passé, la Belgique s’est inclinée 2-3 à la 90e minute contre la Turquie. En soi, cette défaite n’a rien de grave, car ce n’était qu’un match amical. Mais, d’un point de vue psychologique, elle est regrettable car c’est la troisième d’affilée. AiméAnthuenis, forcément déçu par le résultat final, veut retenir les points positifs : essentiellement la manière affichée durant la première heure de jeu. Ce match l’a aussi conforté dans l’idée qu’il avait raison de maintenir sa confiance en certains joueurs qui ne sont pas toujours titulaires dans leur club. Il ne les a pas cités, mais songeait évidemment à WesleySonck et à JelleVanDamme. Enfin, sans fermer la porte à personne, il a admis qu’il poursuivra l’aventure avec le groupe qu’il a constitué.

Ce match contre la Turquie était le 15e d’Aimé Anthuenis à la tête de l’équipe nationale. Le coach fédéral a utilisé 44 joueurs depuis qu’il a succédé à RobertWaseige. Et il en a convoqué davantage, si l’on tient compte du fait qu’ YvesVanderStraeten (à Zagreb contre la Croatie), OlivierDoll (à Bruxelles contre la Croatie), SteinHuysegems (également à Bruxelles contre la Croatie) et tout récemment TristanPeersman (à Bruxelles contre la Turquie) sont restés 90 minutes sur le banc. On peut trouver le chiffre exagéré. Et pourtant, à y regarder de plus près, il existe bien une ossature, car les valeurs sûres qui ont disputé une majorité de matches sont nombreuses.

 » Je sais où je vais « , assure Aimé Anthuenis.

On veut bien le croire. Tant dans le choix des matches, pour lesquels il a délibérément demandé des adversaires de valeur afin de mieux mettre le doigt sur les lacunes avant le début des éliminatoires de la Coupe du Monde 2006, que dans le choix des joueurs, une ligne de conduite a été suivie. Autour d’une épine dorsale, il a multiplié les essais, ce qui est logique en période de préparation. Tous n’ont pas été concluants, mais cela aussi est logique. Et il est resté fidèle à sa politique, qui consiste à accorder une chance aux jeunes joueurs qui donnent un aperçu de leur talent.

C’est le 21 août 2002, à Szczecin en Pologne, qu’Anthuenis a coaché son premier match à la tête des Diables Rouges. Sa première composition était la suivante : DeVlieger ; Vreven, VanBuyten, Simons et Dheedene ; Englebert, Vanderhaeghe, Baseggio et Goor ; Sonck et E. Mpenza.

Ce jour-là, il a utilisé tous ses réservistes, comme il en a pris l’habitude dans les matches amicaux : Herpoel, Peter VanHoudt, Blondel, DeBoeck, Daerden, Valgaeren, VanderHeyden et J. Peeters.

Depuis lors, certains joueurs ont confirmé, d’autres ont disparu et des nouveaux sont arrivés. Revue des troupes et bilan.

Les valeurs sûres

GeertDeVlieger (13 fois titulaire sur 15) était le gardien n°1 au départ et il l’est resté. DanielVanBuyten (9 fois titulaire et 1 fois remplaçant), TimmySimons (13 fois titulaire), BartGoor (13 fois titulaire), WalterBaseggio (12 fois titulaire et 2 fois remplaçant) et WesleySonck (14 fois titulaire) étaient présents lors du premier match et ont, depuis lors, été repris chaque fois qu’ils étaient disponibles. On peut inclure ThomasBuffel (13 fois titulaire) dans le lot. Même s’il n’était pas présent à Szczecin, et s’il a disputé le premier match officiel contre la Bulgarie avec les Espoirs, il a toujours été titularisé depuis sa première apparition à Andorre, lors du troisième match de l’ère Aimé Anthuenis. Ces sept joueurs constituent l’ossature des Diables Rouges actuels.

Les appelés tardifs

Certains joueurs n’étaient pas présents au départ, mais sont devenus entre-temps des valeurs sûres.

EricDeflandre n’était pas titulaire à Lyon lorsque Aimé Anthuenis a pris le relais de Robert Waseige. PhilippeClement était blessé après la Coupe du Monde 2002. Depuis que le premier rejoue dans son club et que le second s’est rétabli, ils ont quasiment toujours fait partie de l’équipe. Cela vaut également pour MboMpenza qui, depuis son retour à l’Excelsior Mouscron, est devenu un habitué de l’équipe nationale. Sept, plus trois, cela fait donc dix joueurs qui constituent la véritable épine dorsale des Diables Rouges. Seul manque un véritable incontournable au poste d’arrière gauche.

SvenVermant est, lui, un appelé… très tardif. Titularisé pour la première fois mercredi passé sous la direction d’Aimé Anthuenis, il a marqué des points. Le coach fédéral reconnaît que sa prestation lui a plu : surtout au niveau de son jeu de position et de son entente avec Philippe Clement. Il devrait encore être appelé et, peut-être, être mis en concurrence avec Walter Baseggio.

Les dépanneurs

Certains joueurs reviennent épisodiquement, en fonction des circonstances et des indisponibilités mais ne sont pas repris à chaque occasion.

C’est le cas de DidierDheedene (6 fois titulaire, jamais remplaçant), de GaëtanEnglebert (4 fois titulaire, 1 fois remplaçant), de JoosValgaeren (4 fois titulaire, 2 fois remplaçant), de PeterVanderHeyden (5 fois titulaire, 3 fois remplaçant), d’ OlivierDeCock (6 fois titulaire, 3 fois remplaçant), de Jelle Van Damme (5 fois titulaire, 1 fois remplaçant) et de TomSoetaers (6 fois remplaçant, jamais titulaire). Ils constituent un réservoir fiable dans lequel Aimé Anthuenis peut puiser pour constituer son noyau élargi.

On doit placer EmileMpenza dans cette catégorie. Souvent blessé, il affiche un bilan d’à peine 4 titularisations et 4 montées au jeu sous l’ère Aimé Anthuenis. Et sa décision de renoncer temporairement à l’équipe nationale ne lui permet plus de revendiquer un statut de Diable Rouge à part entière.

Le cas des gardiens réservistes est particulier. FrédéricHerpoel peut être considéré comme une valeur sûre… au poste de gardien n°2. Mais, comme il n’y en a qu’un qui joue, son bilan est forcément maigre (1 fois titulaire et 3 fois remplaçant). ErwinLemmens (1 fois remplaçant) est devenu le gardien n°3. Tous deux se tiennent prêts à dépanner en cas de besoin.

Enfin, il y a les cas de RobertoBisconti (3 fois remplaçant) et de FilipDaems (1 fois remplaçant). Ils pourraient figurer parmi les appelés tardifs, mais éprouveront des difficultés à briguer un statut de titulaire.

Les météores

Beaucoup de joueurs ont eu droit à un essai. Certains ont dû se contenter d’une seule apparition. D’autres, de deux ou de trois. Sans les condamner définitivement, on peut affirmer qu’ils n’ont pas saisi leur chance.

Dans les aventures de Tintin, il y a les deux Dupon( d) t (avec d ou avec t). Chez les Diables Rouges, il y a eu les deux VanHou( d) t : PeterVanHoudt et JorisVanHout. Le premier a été deux fois titulaire et une fois réserviste, le second simplement une fois réserviste. Sauf revirement imprévu, leur carrière internationale devrait s’arrêter là. Il y a aussi les deux Peeters, qui n’ont pas eu beaucoup plus de chance : JackyPeeters était monté au jeu lors du premier match en Pologne, BobPeeters fut remplaçant lors du deuxième match contre la Bulgarie. Eux aussi devraient en rester là. GabyMudingayi a été titulaire à Bruxelles contre la Pologne, mais s’est enfoncé dans l’anonymat de la Série B italienne depuis lors et s’est blessé. BerndThijs, remplaçant à trois reprises au début de l’ère Anthuenis, n’a plus été repris depuis lors. Il pourrait encore revenir, mais son avenir en équipe nationale semble bouché pour l’instant. SandyMartens a été remplaçant à cinq reprises, mais compte tenu de la richesse offensive actuelle des Diables Rouges, il n’apparaît plus comme un prétendant très sérieux. Le cas de FranckyVandendriessche est malheureux. Troisième gardien à la Coupe du Monde 2002, sous l’ère Robert Waseige, il n’avait pas disputé le moindre match. Son unique cape, en Croatie, aurait dû constituer une apothéose mais restera l’un des plus mauvais souvenirs de sa carrière.

Les préretraités

Certains joueurs présents dans l’équipe de départ ont disparu. On risque de ne plus les revoir. D’autres joueurs, plus jeunes, ont pris leur succession.

GlenDeBoeck a eu droit à une montée au jeu, lors du premier match en Pologne. Depuis lors, il n’a plus été repris. Sa carrière internationale s’est probablement arrêtée à Szczecin, d’autant qu’il n’est plus titulaire à Anderlecht non plus. YvesVanderhaeghe fut un fidèle de la première heure : titulaire lors des cinq premiers matches d’Aimé Anthuenis, il n’est plus réapparu ensuite. Compte tenu de son âge, la page est sans doute tournée, pour lui aussi. Les deux Anderlechtois ont évidemment été gravement blessés aussi.

StijnVreven avait profité de la mise hors course d’Eric Deflandre pour être titularisé à l’arrière droit lors des deux premiers matches. Comme tenu de la concurrence qui s’annonce, il ne doit probablement plus se faire d’illusions.

Les jeunes qui montent

Certains jeunes joueurs appelés récemment semblent être déjà devenus, si pas encore des valeurs sûres, du moins de réelles promesses.

VincentKompany est sans doute le plus prometteur d’entre eux. A 18 ans, il est titulaire à Anderlecht et deviendra, à très court terme, une pièce maîtresse de l’équipe nationale. OlivierDeschacht, lui aussi titulaire à Anderlecht, est encore en concurrence avec Van Damme pour le poste d’arrière gauche chez les Diables Rouges, mais Anthuenis continuera sans doute à lui faire confiance. Il comptera aussi sur JonathanBlondel à l’avenir. Il lui avait offert une première cape dès le premier match en Pologne, et l’a re-convoqué dès qu’il était devenu titulaire à Bruges. LuigiPieroni est l’un des derniers appelés. Depuis sa montée au jeu en fin de match contre la France, il n’a plus quitté le giron des Diables Rouges. GrégoryDufer a signé deux belles montées au jeu, en Allemagne et contre la Turquie, et a sans doute marqué des points pour le poste de doublure de Mbo Mpenza sur le flanc droit.

A suivre

D’autres jeunes joueurs ont reçu leur chance. Même si certains ont dû se contenter d’une seule apparition, leur âge leur permet d’encore entretenir de beaux espoirs.

AnthonyVandenBorre est sans doute celui dont l’avenir s’annonce le plus rose. Il est devenu, mercredi passé, le 600e Diable Rouge de l’histoire et le deuxième plus jeune, mais il se souviendra longtemps de son baptême du feu : en une minute sur la pelouse, il a vu son équipe encaisser un but alors qu’il venait de passer le ballon dans l’axe.

ThomasChatelle (1 fois remplaçant) et JonathanWalasiak (1 fois titulaire et 1 fois remplaçant) ont goûté au bonheur d’une sélection et continueront à être suivis.

Le cas de KoenDaerden est plus problématique. Il était monté au jeu lors du tout premier match en Pologne, mais n’a plus été repris depuis lors ayant aussi été blessé. Difficile, pourtant, de le cataloguer à 23 ans parmi les météores. Il pourrait encore recevoir une chance à plus ou moins brève échéance. A suivre aussi, donc.

CédricRoussel (2 fois remplaçant) fait les frais de la mauvaise saison de Genk et de l’éclosion de Pieroni, mais il n’a pas dit son dernier mot.

D’autres joueurs pourraient être encore essayés. On songe à OnderTuraci ou à ChristopheGrégoire, dont Aimé Anthuenis a cité les noms. Il reste un match, le 29 mai à Eindhoven contre les Pays-Bas, pour effectuer les derniers essais cette saison. Car, le 18 août à Oslo contre la Norvège, ce sera l’ultime répétition générale. On devrait donc y voir, à peu de choses près, l’équipe qui entamera les éliminatoires de la Coupe du Monde 2006, le 4 septembre à Charleroi contre la Lituanie.

Daniel Devos

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