» Je reviendrai à Anderlecht « 

 » Je veux marquer au moins 15 buts cette saison « , clame la tour de Courtrai. Les Rouches sont prévenus…

Il y a un an, l’ancien buteur du FC Brussels fait le buzz en figurant au centre de la bagarre qui oppose Anderlecht, le Club Bruges et le Standard. Les trois ténors belges espèrent recruter cette longue perche qui secoue les défenses de D2. Le citoyen de Novi Sad opte finalement pour les Mauves et passe brutalement d’un petit atelier où l’on coud sa saison point par point au célèbre catwalk bruxellois : grand écart assuré. On voit alors défiler Dalibor Veselinovic de temps en temps en championnat, surtout en play-offs 1.

 » Je découvrais évidemment un autre monde « , souligne-t-il.  » Le Brussels restera à jamais important pour moi mais rien n’est comparable. L’accueil a été très sympathique et je me suis vite senti chez moi au stade Constant Vanden Stock. A l’entraînement, tout va 100 fois plus vite, on ne peut pas relâcher son attention une seconde et la concurrence est très forte. Il faut du temps pour s’installer dans ce rythme de travail mais je ne suis pas mécontent du chemin que j’ai parcouru en quelques mois entre la D2 et les affiches de l’élite, surtout les PO1 où tout est observé avec la plus grande attention. Il ne faut pas oublier qu’Anderlecht allait aborder l’après- MbarkBoussoufa. Il m’a manqué quelques buts pour que mon bilan soit excellent. C’était une affaire d’automatismes. Je n’ai jamais été paralysé par le stress et j’ai forcément progressé durant ces six mois à Anderlecht. C’était un plaisir de bosser avec autant de bons joueurs.  »

 » J’ai évolué aux côtes de Romelu Lukaku et cela m’a beaucoup apporté : Romelu est un phénomène « , continue-t-il.  » Nous nous croisions et il adorait plonger en profondeur. Quand on a des Lucas Biglia, Sacha Kljestan ou Guillaume Gillet dans son dos, on est forcément bien soutenu. Mais je ne peux pas l’oublier, je me suis frotté tous les jours aux deux meilleurs arrières centraux de Belgique : Roland Juhasz et Cheikhou Kouyaté. Juhasz a du métier à revendre et un formidable jeu de tête. Aucun arrière ne marque autant : c’est un atout important. Kouyaté va devenir un très grand défenseur. Je suis impressionné par ses montées car il est capable de percer toutes les lignes adverses. C’est un monstre sur le plan physique. A mon avis, seuls Kanu et Ryan Donk sont capables de rivaliser avec eux. On dit que les attaquants de mon style éprouvent généralement des difficultés avec des arrières adverses plus petits et très mobiles mais je ne ressens pas ça comme cela. J’ai moins de problèmes avec les défenseurs de taille moyenne. Juhasz, Kouyaté et Kanu se retournent vite aussi et sont capables de signer des retours vertigineux.  »

En début de saison, Anderlecht change son fusil d’épaule, vend Lukaku à Chelsea, recrute Milan Jovanovic et Dieumerci Mbokani. La jeunesse cède sa place au métier et des clubs de D1 contactent la direction mauve avec l’intention de louer Veselinovic : Mons, Courtrai et Louvain principalement.

Interdit de jouer contre Anderlecht

 » J’ai eu une très bonne conversation avec Herman Van Holsbeeck « , souligne l’attaquant.  » Personne ne m’a forcé la main mais un prêt est une option intéressante. Le choix d’un club me convenant était forcément délicat. Besnik Hasi et mon manager, Dejan Veljkovic, m’ont rappelé que Courtrai a l’habitude de construire rapidement de bonnes équipes. J’ai constaté aussi que ce club recrute régulièrement des joueurs de grande taille. C’est pour cela, entre autres, que j’ai accepté cette location pour une saison. J’avais un acquis (découverte de la D1, habitude de travailler à ce niveau, etc.) et ce n’était pas le moment de le perdre, mais bien de le faire fructifier. Or, à Anderlecht, je risquais quand même, vu les arrivées, de me retrouver longtemps sur le banc. Cela aurait pu constituer un temps d’arrêt et c’est ce que je voulais éviter à tout prix. Après seulement six mois de D1, j’avais évidemment besoin de temps de jeu. En fin de saison, je reviendrai à Anderlecht pour la reprise et on verra alors ce qui se passera. Moi, j’y crois. Beaucoup de joueurs tirent un grand profit d’un prêt. Je n’avais pas de grandes références en janvier 2011 et en un an, j’ai avancé à tous points de vue. Ce sera encore le cas lors des six prochains mois et il me restera alors un contrat de trois ans à Anderlecht.  »

David Steegen, l’attaché de presse des Mauves, précise à propos de Veselinovic et de la politique des prêts de son club :  » Anderlecht prête des joueurs dans trois cas. Un : afin qu’ils puissent convaincre un nouvel employeur si leur contrat se termine en fin de saison et qu’il est clair que nous ne les garderons pas. Deux : il y a ces jeunes qui peuvent mûrir plus facilement en D2 qu’en U21. Trois : il y a des joueurs comme Veselinovic dont le cas est assez comparable à celui de Kouyaté. Anderlecht mise sur Dalibor. La saison passée, il a eu des hauts et des bas et, en raison de blessures, c’est toute l’équipe qui s’est éteinte. Certains ont besoin d’un peu de temps pour s’adapter. Venu lui aussi du Brussels, Kouyaté a éclaté lors de son prêt à… Courtrai. On espère qu’il en sera de même pour Dalibor et c’est bien parti. Au terme de la saison, le staff technique décidera s’il a besoin d’un joueur de ce type dans son effectif.  »

Veselinovic est arrivé au stade des Eperons d’or après le début de la compétition. Une clause précise figure dans son contrat : à la demande des joueurs d’Anderlecht (dit-on !), il ne pourra pas jouer contre eux. Si les Flandriens se qualifient pour les PO1, Veselinovic fera donc l’impasse sur quatre matches importants, très suivis par les médias et les scouts des autres clubs. C’est énorme. Cette habitude bien belge vise-t-elle à éviter tout problème de confusion d’intérêts d’un joueur à cheval entre deux clubs (un qui le loue, le prêteur qui paye la plus grosse partie de son salaire) ou à déforcer un éventuel concurrent ? Chacun se fera sa religion. Et, étrangement, les autres joueurs mis en location par les Bruxellois ne sont pas bloqués par une telle clause. Est-ce frustrant ? Ou Veselinovic y voit-il une preuve de respect de ses anciens équipiers ?

 » On peut le comprendre ainsi « , analyse-t-il.  » Moi, j’aurais bien aimé me mesurer à mes amis anderlechtois. Mais l’essentiel se situe ailleurs : je suis à Courtrai pour avancer. Je veux marquer au moins 15 buts cette saison. Ce serait un bon bilan.  » Une telle collection constituerait-elle une revanche à l’égard de ceux qui doutent de son capital technique ?  » Je ne dois pas faire de mise au point « , explique-t-il.  » Anderlecht ne m’a pas acheté les yeux fermés. Ses scouts m’ont suivi au Brussels. J’ai des atouts spécifiques qui conviennent à la D1. Je ne doute pas de ma technique et ne suis pas parti sur un sentiment d’échec. D’ailleurs, si j’ai un appartement à Courtrai je n’ai pas renoncé à mon logement à Bruxelles. Je passe régulièrement au Sporting où je suis chez moi. On y compte encore sur moi. On me l’a dit. Mais je sais que cela passe par une saison intéressante à Courtrai. J’ai 24 ans et on ne doit plus me faire de dessin. « 

Avant le dernier match de championnat, le grand Veselinovic était le meilleur buteur de Courtrai avec 5 goals) et son meilleur passeur, à égalité avec Peter Czvitkovics (3 assists).

Un commando parachuté au c£ur des lignes ennemies

Quelle est la recette de Hein Vanhaezebrouck ?  » A mon avis, la discrétion « , commente Veselinovic.  » Personne ne se prend la tête dans ce club et cela me convient. C’est une très bonne équipe où il y a de la jeunesse mais aussi pas mal de métier. Courtrai présente un solide bloc défensif. La récupération est bien réglée et cela passe par un gros pressing sur le porteur du ballon. C’est un domaine où mon équipe brille ; pour y arriver, il faut que chacun accomplisse sa part de travail et ça exige une excellente organisation. Courtrai est difficile à bouger et Nebojsa Pavlovic tire bien le filet défensif dans la ligne médiane. L’axe défensif Rami GershonErvin Zukanovic est solide aussi.  »

L’attaquant est généralement associé à Ernest Nfor ou Pablo Chavarria dans le compartiment offensif. Il lui arrive aussi d’agir plus en solo, comme un commando parachuté au c£ur des lignes ennemies. Ce n’est pas simple. Malin comme un singe, Vanhaezebrouck rebat de temps en temps ses cartes tactiques pour surprendre ses opposants. Il jongle avec le 3-4-3, le 4-2-3-1, le 4-3-3, le 4-5-1.

 » C’est un coach qui aime dialoguer avec son effectif « , souligne Veselinovic.  » Il cache bien ses stratégies tactiques et cette variété surprend régulièrement nos adversaires. Moi, je préfère jouer seul en pointe. Là, je peux émerger de la tête sur les phases arrêtées. C’est ma spécialité mais je peux aussi reculer et être un point d’appui pour les médians. Je ne connaissais pas Chavarria qui vient aussi d’Anderlecht. Sa vitesse constitue un atout. Les automatismes s’améliorent avec Nfor qui joue le plus souvent derrière moi. Il y a aussi Joseph-Monrose et un joueur dont on ne parle peut-être pas assez : Cvitkovics. Notre médian hongrois a un coup de patte ravageur et il me trouve très facilement. Gertjan De Mets abat aussi un gros boulot dans la ligne médiane. Tout cela forme un bloc soudé et c’est le secret de notre bon classement. Et en ce qui me concerne, les automatismes ne peuvent que s’améliorer.  »

Mais la vraie vedette de Courtrai, c’est sans doute le coach Vanhaezebrouck, plus présent que ses joueurs dans les médias et sur les plateaux de télévision. L’homme est drôle et sympathique mais à quoi s’attend Courtrai contre le Standard ?

 » Je suis étonné par la vitesse à laquelle l’équipe liégeoise a retrouvé son statut « , explique Veselinovic.  » A mon avis, elle n’égale pas encore le spectacle produit la saison passée. Il lui faudra deux ou trois ans pour renaître de ses cendres. Mais José Riga me connaît bien : j’avais posé pas mal de problèmes à son ancien club, Visé. On peut trouver de bons joueurs et entraîneurs en D2 ( rires).  »

Le Serbe se frotte les mains en songeant à son programme. En plus de ses rendez-vous en championnat et avant de se mesurer au Standard, Courtrai dispute chez lui ce mercredi son match aller (retour le 18 janvier 2012) des quarts de finale de la Coupe contre le Beerschot.  » Il y a un coup à jouer : je rêve d’une finale « , confie Veselinovic.

PAR PIERRE BILIC – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Courtrai présente un solide bloc défensif. « 

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