© photo koen bauters

 » Je revendique le droit d’être con « 

Exposé au grand jour dans Le Revenant, film grâce auquel il se présente désormais comme  » le mec qui se fait couper les couilles par Di Caprio « , Fabrice Adde dévoile hors des planches un amour très particulier, parfois surjoué, pour le Standard de Liège, où l’acteur français est installé depuis plus de quinze ans.

FABRICE ADDE :  » Quand j’étais gamin, j’étais gardien de but. On m’appelait « la rainette » – comme la grenouille, pas comme la pomme – parce que j’étais très fort sous la pluie. Je suis de Basse-Normandie, donc je suis aussi supporter de Caen. Mais on est très mauvais. D’ailleurs, il y a eu quelques échanges entre le Standard et le Stade Malherbe. À l’époque, on avait pris beaucoup d’argent pour Frédéric Bulot, alors qu’il était nul. Enfin, il était sûrement meilleur que moi, mais je crois qu’il est passé à côté d’un truc : ça s’appelle une carrière.  »

UNE PIÈCE AVEC LES ULTRAS

 » Je suis arrivé à Liège parce que le conservatoire était le seul qui voulait bien de moi. Dans les écoles françaises, on me disait trop sensible ou tout simplement : Il nous fait peur. Maintenant, à Liège, on sait pourquoi ( rires). Ma mentalité a davantage matché avec Liège qu’avec d’autres villes. Ça doit être mon côté années 80, un peu punk. Je suis un peu démodé.

Et, sans vouloir manquer de respect à qui que ce soit, le Standard, c’est aussi un peu démodé. C’est vintage, c’est la finale de Coupe des Coupes perdue contre le Barça en 82. Même le théâtre, si on va par-là, c’est ringard. Ça, j’aime bien. Je n’aime pas trop hurler avec les loups.

Mon premier match à Sclessin, c’était contre le Cercle. Ça s’était terminé en 7-1 ( en février 2006, ndlr)… En 2008 et 2009, je ne mesurais pas encore bien que ça faisait 25 ans sans titre. Mais ce qui m’a vraiment permis de rentrer dans le club des supporters rouches, c’est d’avoir dirigé une pièce dans le cadre du projet Supporter, pas dupe, avec mon pote PierreÉtienne, dit Pavé ( membre du groupe de rap liégeois, Starflam, ndlr). C’était en 2017 et c’était organisé par l’ASBL D’Une Certaine Gaieté.

Parmi les acteurs, il y avait notamment des ultras. J’étais comme un coach pour eux. Leurs textes étaient beaux, je me retrouvais dedans : l’identité, l’amour du maillot, celui que les joueurs embrassent avant de se barrer ailleurs, pour plus d’argent. Dans le lot, il y en avait un qui bossait à Colruyt et il disait qu’il n’allait pas non plus embrasser le blason de son employeur au travail… C’était drôle. Toute cette ambiguïté m’intrigue.

En fait, pour le moi, le football, c’est de la géopolitique. C’est un oeil de boeuf, une loupe pour parler de plein de choses, de l’argent, du racisme, de tout ce que tu veux. Mais ce n’est pas parce qu’on fait une pièce de théâtre qu’on devient intelligent. Personnellement, je revendique le droit d’être con. Ma femme m’aime parce que je suis bête. Le problème, c’est que beaucoup de personnes pensent que les supporters le sont tous. »

LE GIMMICK  » TONTEUX  »

 » Lors du dernier Clasico ( le 12 avril dernier, ndlr), j’ai amené mon petit neveu, Timothée. On était en T3 et il y avait des pétards qui partaient de partout. Le match a été arrêté après 25 minutes… Mon petit neveu, il sort de la campagne normande, c’était l’une de ses premières expériences au stade. Je me suis demandé pourquoi je l’avais emmené là… Mais il est devenu un fan inconditionnel du Standard. Il ne veut même plus quitter le maillot, ni se laver, d’ailleurs.

Tout ça, c’est du folklore et il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles, encore moins les enfants. Le meilleur exemple, c’est Tonteux. C’est devenu un gimmick pour pas mal de monde, au même titre qu’ Okay de Jacquouille. Sauf que ça a été repris un peu partout pour montrer combien les supporters sont bêtes et plus largement les Belges, chez Cyril Hanouna ( dans » Touche pas à mon poste « , ndlr)…

Entre les répets du spectacle Supporter, pas dupe, on avait été voir Standard-Bruges avec Pierre-Étienne et ma copine, Valentine. On était bien chargés. Quand t’arrives à 10h30 du matin, le match est pas le même. Le Standard a pris 3-0. Le gardien, c’était GuillaumeHubert, alias Saint-Hubert. Ça passait comme dans du beurre.

Il restait cinq minutes quand je dis à Pierre-Étienne : Viens, on se casse ! Puis, je regarde la tribune et je crie : Tout le monde se casse ! Un steward m’a demandé de me calmer… On finit par sortir avant la fin et là je vois un mec avec une caméra. Je rentre dans le cadre et je lui répète : C’est tonteux, tonteux, tonteux !

Pierre-Étienne ajoute : Je suis zoutré ! On voulait souligner les liaisons dangereuses. Ça vient de ma belle-mère, qui est avocate. Quand elle te dit que c’est honteux, tu sens que c’est puissant, tu sais que t’as merdé. Sur le moment, on ne savait pas que c’était RTL-TVI… Puis, c’est passé au JT. Finalement, ce qui est tonteux, c’est que j’ai été invité chez BenjaminMaréchal ensuite ( dans  » Ah, c’est vous  » sur la RTBF, ndlr). Je n’avais rien à dire, j’avais juste fait une connerie. C’était un attentat comique.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire