JE RESTE SUR MA FAIM : LE LOUP A MANGÉ LE CANARI

Comment avez-vous trouvé la finale de la Coupe de Belgique ?

Georges Heylens : Ce n’était pas une grande finale. Sans mauvaise jeu de mots, je suis un peu resté sur ma faim, car le Loup a mangé le Canari. Je n’ai rien contre La Louvière, au contraire, mais je suis un peu déçu par l’opposition offerte par les Trudonnaires. C’est une équipe qui, tout au long de la saison, a séduit par son engagement. Ses joueurs sont des battants. Je n’ai pas retrouvé cela sur la pelouse du Heysel. Ils ont laissé faire les attaquants louviérois.

Johan Verbist, l’arbitre, ne s’est pas fait que des amis du côté de la Hesbaye.

Invoquer l’arbitrage, c’est l’excuse du faible. Sur 90 minutes, l’arbitre peut se tromper une ou deux fois, mais il n’a certainement pas décidé de l’issue du match. Les Trudonnaires ont hérité de deux ou trois occasions. Le gardien fait partie du jeu également. Jan Van Steenberghe a sorti quelques arrêts décisifs. Son vis-à-vis, Dusan Belic, ne m’est pas apparu aussi convaincant qu’en d’autres moments. Il n’a pas commis de grosses bourdes, mais il aurait pu arrêter deux des trois buts. La Louvière en voulait plus. Cela confirme une fois de plus qu’une finale de coupe se décide sur la volonté et la forme d’un jour. Beaucoup de Trudonnaires ont cru que la coupe était dans la poche avant de l’avoir jouée. La ville était en effervescence depuis plusieurs semaines. Les étalages des magasins étaient décorés en jaune et bleu. C’était à qui allait pouvoir exposer la véritable coupe pendant huit jours dans sa vitrine. Les deux victoires conquises contre la Louvière en championnat confortaient encore les Hesbignons dans leur optimisme.. N’en déplaise à certains, la victoire des Loups est le plus beau cadeau que l’on pouvait offrir aux amoureux de la Coupe de Belgique. C’est cela, l’esprit de la coupe : offrir à un petit club l’opportunité de se mettre en évidence, grâce à son apparition en finale, puis en Coupe d’Europe. Le mérite en revient au président Filippo Gaone û et je suis d’autant plus à l’aise pour le dire que je l’ai parfois critiqué û et à tout son staff technique. Aux joueurs aussi, bien entendu.

Votre homme du match ?

Je pourrais citer Jan Van Steenberghe, qui a réalisé trois parades décisives. C’est une belle revanche sur le sort pour ce garçon qui a connu des moments difficiles ces dernières années. Je pourrais aussi citer Manaseh Ishiaku, auteur de deux buts. Voilà un joueur qui ne figurait même pas parmi les nominés du Soulier d’Ebène. Il est méconnu, il a eu des sautes d’humeur et des sautes de forme, mais il a répondu présent au bon moment. Je voudrais aussi citer un garçon que j’ai eu sous mes ordres à Seraing : Domenico Olivieri. Voilà un joueur qui, avec des moyens limités, a remporté un titre de champion et trois Coupes de Belgique. Il peut se retirer avec la satisfaction d’avoir brillamment réussi sa carrière.. Mais, en réalité, il n’y a pas d’homme du match. Le mérite de la victoire revient à toute l’équipe.

Le vote pour l’Entraîneur de l’Année est intervenu trop tôt : Ariel Jacobs ne figurait pas parmi les nominés, lui non plus.

C’est vrai. Voilà un entraîneur compétent qui est récompensé. Il s’est longtemps confiné dans un certain anonymat. Il a fait l’école du Heysel, mais n’avait pas la grosse cote au départ car il n’avait pas eu une grande carrière de joueur. Il a longtemps travaillé au service de l’Union Belge, avec les équipes nationales de jeunes, mais réaliser de bons résultats avec les Espoirs n’a pas, pour moi, valeur de référence. Il disposait des meilleurs joueurs de leur catégorie, et on sait que l’on a souvent eu des bons jeunes en Belgique. Par contre, ce qu’il vient de réaliser, c’est vraiment conquérir ses lettres de noblesse. Remporter la Coupe de Belgique avec un club modeste et après avoir constitué son effectif avec des bouts de ficelle : chapeau ! D’autant qu’il n’a pas éliminé que des sans-grade : Genk, le Standard et St-Trond, ce sont de belles équipes.

Avez-vous été surpris par certaines trouvailles tactiques ?

La Louvière a évolué avec quatre défenseurs mais un entrejeu fourni, puisqu’il n’y avait qu’un attaquant au lieu des deux annoncés. Cela a fonctionné : St-Trond, lui, sort d’une très belle saison mais se retrouve à la plus mauvaise place : la quatrième, avec la perspective de devoir reprendre le chemin de l’entraînement très tôt pour disputer l’Intertoto.

Daniel Devos

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