« Je regrette notre laxisme »

Après le linge sale, les bonnes nouvelles. L’UB est en bonus, malgré l’arrivée de Dick Advocaat et de Marc Wilmots.

François De Keersmaecker s’excuse pour le désordre : des dossiers sont entassés partout, sur le bureau, les chaises, à terre. L’avocat malinois répond à c£ur ouvert.

Quelle est l’image du football belge ?

François De Keersmaecker : Il faut opérer la différence entre l’image de l’équipe nationale, de notre football et de la fédération. L’engagement de Dick Advocaat fait souffler un vent nouveau. Nous avons aussi réalisé d’autres choses. Ainsi les suspensions vont-elles être prononcées plus rapidement. Hélas, je ne vois pas de compliments à la une des journaux.

Suite aux récentes affaires, n’est-il pas clair que les prestations des Diables ont aussi souffert du mauvais fonctionnement de l’UB ?

Un mauvais fonctionnement ? C’est excessif. La décision de Stijnen est due à des malentendus entre différentes personnes, à des relations humaines. Le système n’est pas remis en cause, même si nous voulons l’améliorer. Avec mon soutien, Advocaat a une grande influence sur les structures et les méthodes de travail. Le scouting, les relations avec la presse, l’influence de la commission technique ont été modifiés en peu de temps. Nous nous remettrons à table dès jeudi.

Depuis le départ de Michel Preud’homme, joueurs et entraîneurs n’ont guère eu de contacts avec la direction…

C’est faux. La commission technique rassemble dirigeants et staff technique et lors des déplacements, le président de cette commission, Philippe Collin, et le directeur technique, Michel Sablon, logent à l’hôtel des joueurs. Certains entraîneurs limitent ces contacts ou n’en veulent pas.

Place à la sévérité ?

Collin affirme que le sélectionneur et le staff médical sont ses choix et qu’il en assume désormais la responsabilité. Pourquoi ?

Il veut dire qu’il est plus agréable de travailler avec Advocaat qu’avec Vandereycken et Vercauteren. Je le comprends sans renier les décisions antérieures.

Même quand les résultats étaient positifs, les problèmes de discipline étaient apparus.

Vandereycken a défendu ses joueurs jusqu’à l’absurde. Jamais je n’ai reçu de signal. Je ne l’ai pas vu ? Je ne suis pas la belle-mère du staff. Quand j’engage quelqu’un, je lui laisse une certaine latitude. C’est délicat, je sais, mais chez nous, c’est l’entraîneur qui veille au respect de la discipline.

Il paraît que les accompagnateurs seraient également sortis ?

C’est nouveau. Est-ce le team-manager qui est sorti ou un autre ? Le team-manager a le devoir de nous signaler ce qu’il constate. Ce n’est pas arrivé.

Le fait que vous n’ayez pas été au courant n’est-il pas la preuve que votre organisation a failli ?

Si. Il s’est passé des choses graves en Arménie et en Espagne. Collin a passé son temps à faire la navette entre l’hôtel des joueurs et le nôtre mais je regrette notre laxisme. Nous aurions dû appliquer la règle qui interdit à un joueur ayant refusé de jouer pour l’équipe nationale de produire pour son club les cinq jours suivants. Nous aurions dû être plus sévères. Certains joueurs ont simulé des blessures. Désormais, nous appliquerons la règle des cinq jours, par exemple.

Jean-Marie Philips, votre CEO, n’est pas votre meilleur ami…

Qui dit ça ? Nous travaillons bien. Il a d’énormes qualités. Il aurait pu faire d’autres choses différemment mais ça vaut pour moi aussi.

Philips et de Sart ne s’entendent pas, ce dernier étant le chouchou de Collin, qui est votre complice tandis que Sablon ne s’occupe guère que de la catastrophe Tubize. L’UB semble plutôt divisée. Etes-vous surpris que les internationaux se cabrent ?

Le monde extérieur cultive cette image. Nous discutons tout lors du comité directeur, tous les mois. De fait, Collin et moi avons souvent été ensemble, notamment dans le cadre de la candidature pour le Mondial 2018.

D’aucuns trouvent que vous prenez trop de décisions entre vous.

Les membres du comité exécutif, sans doute ? Quand j’y siégeais, je pensais la même chose. C’est humain mais on peut difficilement convoquer 25 personnes pour chaque décision, comme le cas Vandendriessche. Nous avons résolu le problème en créant un comité directeur restreint, qui fonctionne mieux. Donc, oui, nous prenons des décisions en petit comité, mais sans nourrir l’intention de placer d’autres hors-jeu. On nous reproche d’être trop lents. Je ne dois donc pas convoquer un comité exécutif pour chaque décision ?

Ce n’est donc pas une affaire d’egos ?

Non. Dans mon cas, ce serait raté (il rit). Je n’ai d’ailleurs pas commenté l’affaire Vandendriessche.

Collin comme successeur ?

Collin se montre de plus en plus et se faufile dans le sillage d’Advocaat. Or, contrairement à ce qu’il prétend, ni Advocaat ni Wilmots ni le staff technique ne sont ses choix.

D’où tirez-vous ça (Il hésite). J’ai dit qu’il fallait un nom. Via Paul Courant, Herman Wijnants a obtenu le numéro d’Advocaat et je lui ai téléphoné.

Seriez-vous surpris si Collin vous succédait dans deux ans ?

Nous en avons parlé avant les élections du printemps dernier, quand d’autres l’ont encouragé à se présenter. Notre entretien a été très franc. Il m’a dit n’avoir pas de temps, puisqu’il dirige les travaux de rénovation de Neerpede. Certains jugent qu’un président doit avoir été un grand footballeur mais ils ont une image fausse du poste. En dehors des matches, il faut prendre énormément de décisions juridiques.

Collin ne voulait pas de votre poste dans un climat négatif. Cela a changé.

C’est vous qui le dites. Tôt ou tard, j’arrêterai ou je serai écarté. Ce ne sera pas amusant mais il y a d’autres choses dans la vie.

Quelqu’un a déclaré que vous étiez un homme de bonne volonté et pas le pantin qu’on veut faire de vous.

Je suis en poste depuis trois ans. J’ai encaissé beaucoup de coups mais je peux regarder tout le monde droit dans les yeux. Je n’ai jamais fait de favoritisme, je ne dépends d’aucun club, je suis ma route. La Fédération est une institution. J’y ai débuté comme arbitre en 1980 et depuis, comme mon beau-père, j’y ai investi beaucoup d’énergie. Je fais de mon mieux.

Vous avez été contesté deux fois, quand vous avez voulu enrôler Advocaat juste après son renvoi du Zenit et quand vous avez accepté trop vite les conditions financières de Wilmots ?

Non. A la demande d’Advocaat, j’ai rapidement rencontré Wilmots. Je ne voulais pas reporter l’entrevue après les matches contre la Turquie et l’Estonie. Wilmots et sa femme nous ont soumis une proposition trop élevée. Moi aussi, j’estimais qu’il ne fallait pas une trop grande différence de salaire entre les deux adjoints. Marc demandait plus que Bert van Lingen. Le conseil d’administration s’est énervé, estimant que nous devions effectuer une offre. C’était à prendre ou à laisser et je l’ai dit à Marc, qui a accepté au terme du week-end. Je n’ai donc pas été contesté. Certains veulent plus d’anciens joueurs à la Fédération mais cela a un prix. On peut faire le sacrifice pour un adjoint, pas pour dix ou quinze membres de comité.

L’élargissement du staff technique constitue-t-il un risque financier ?

Non, même si cela coûte 50 % de plus que prévu. Un million constitue un chiffre réaliste, tout compris, car Advocaat a aussi des exigences, dans le cadre de la professionnalisation, comme le niveau de l’hôtel. Advocaat gagne 600.000 euros alors que René en touchait 400.000. Les adjoints sont aux alentours de 150.000 euros, comme avant. En plus, nous sommes bénéficiaires cette année alors que les deux précédentes étaient déficitaires. l

par jan hauspie – photo: belga

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