» JE NE SUIS QU’UN HOMME « 

Manuel Neuer défend le but de l’Allemagne depuis des années. Il a été couronné champion avec le Bayern la semaine passée mais il ne disputera pas la finale de la Ligue des Champions.

L’attaquant français de l’Atletico Madrid, Antoine Griezmann, a battu Manuel Neuer d’un tir tendu en demi-finale retour de la Ligue des Champions. Un but prépondérant à l’extérieur, synonyme de qualification sur l’ensemble des deux matches (1-0 à Vicente Calderon, 2-1 à l’Allianz Arena). Pas de finale de CE1, donc, pour le gardien du Bayern Munich, qui reporte ses espoirs sur la finale de l’EURO avec l’Allemagne.

Il y a quatre ans, l’Italie de Mario Balotelli lui avait barré la route. Par contre, la Mannschaft a disputé et gagné la finale de la Coupe du Monde 2014, après une mémorable victoire contre le Brésil en demi-finale. Un tournoi qui n’aura laissé que de bons souvenirs à notre homme, élu meilleur portier de la compétition.

La saison du Bayern touche à sa fin. Avant de rejoindre l’équipe nationale pour préparer l’EURO, Neuer revient en long et en large sur la campagne 2015-16. Il parle de la concurrence, des attentes et des équipiers qui confèrent un sentiment positif.

 » LE BORUSSIA DORTMUND A ÉTÉ UN SOLIDE RIVAL  »

Vous venez de fêter votre quatrième titre avec le Bayern. En quoi diffère-t-il des trois précédents ?

MANUEL NEUER : C’est difficile à dire. Chaque saison est différente. A plusieurs reprises, nous avons assuré le titre longtemps à l’avance alors que cette fois, Dortmund a été un fameux rival. Il a livré une excellente saison. Mais c’est plus passionnant comme ça pour le public.

Préférez-vous plus de concurrence ?

NEUER : Il est préférable d’avoir une certaine concurrence dans son championnat, pour être obligé de se livrer à fond. On en tire profit dans les matches internationaux, en Ligue des Champions et en équipe nationale. Je ne veux pas dire de mal du Paris Saint-Germain mais ça lui ferait du bien d’avoir un concurrent digne de ce nom en championnat. Le PSG est devenu champion très tôt. C’est peut-être bien pour lui mais c’est dommage pour la Ligue 1. Je trouve donc très bien que Dortmund nous ait tenu la dragée haute.

Ça vous oblige à aller au bout de vous-même ?

NEUER : Nous n’avons pas pu nous reposer sur nos lauriers. Il a fallu développer notre meilleur jeu à chaque match. Chaque rencontre était tendue, ce qui n’était pas le cas les années précédentes.

Etait-ce un handicap ?

NEUER : C’est une question difficile. Tout n’était pas non plus à 100 % les saisons passées car nous déplorions trop de blessés. Je ne peux donc pas dire si c’était un handicap d’être champion aussi vite. Personnellement, je veux bien que la lutte pour le titre soit passionnante, à condition que nous la gagnions.

 » JE SUIS DEVENU UN MEILLEUR GARDIEN AU BAYERN  »

Vous jouez au Bayern depuis cinq ans. Quand vous repensez aux attentes qui ont accompagné votre embauche, quelles conclusions tirez-vous ?

NEUER : Avant tout, j’éprouve beaucoup de reconnaissance à l’égard du club. Pour la manière dont il m’a accueilli en 2011 et dont il m’a géré. C’était très bien. Je suis également reconnaissant envers mes entraîneurs, qui m’ont fait progresser sur le plan sportif. Je suis devenu un meilleur gardien au Bayern. C’est un sentiment fantastique. Ce n’est pas pour rien que j’ai prolongé mon contrat jusqu’en 2021. Je me sens très bien ici. Comme chez moi, en compagnie de gens qui sont sur la même longueur d’ondes que moi. Continuer à travailler avec cette équipe, dans cet environnement, est merveilleux et je me réjouis déjà en pensant aux années à venir.

Votre transfert de Schalke 04 au Bayern a suscité un fameux émoi. Comment avez-vous géré toutes ces réactions négatives ?

NEUER : L’automne 2011 a été très pénible. Une expérience de vie incroyable. Partir de Schalke 04 et subir toutes ces réactions a été dur mais j’ai été très bien accueilli au Bayern, ce qui était d’autant plus important dans ces conditions. Mes coéquipiers en équipe nationale, Bastian Schweinsteiger, Philip Lahm, Mario Gomez et Miroslav Klose, m’ont aidé. Ils m’ont expliqué comment le club fonctionnait et m’ont soutenu. Le club m’a vraiment insufflé confiance, ce qui m’a aidé à oublier le reste. Enfin, en affrontant cette résistance, j’ai progressé sur le plan humain.

 » JE RESPECTERAI MON CONTRAT JUSQU’EN 2021  »

Devenir un monument au Bayern est tout sauf évident pour un homme issu de la Ruhr.

NEUER : Ça n’est évidemment pas arrivé du jour au lendemain. Les deux premières années, j’ai dû trouver mes marques, même si le club et l’équipe ont facilité mon intégration. Le sentiment qu’ils m’ont insufflé était crucial pour me développer puis devenir une figure-clef. C’est arrivé progressivement. Evidemment, succès et défaites rapprochent les joueurs. Nous avons écrit ensemble une partie de l’histoire récente du Bayern. La finale perdue, le triplé, ça nous a fait progresser. Un moment donné, le regard des gens a changé.

Aviez-vous imaginé tenir un jour ce rôle de leader ?

NEUER : Oui, je l’imaginais. Je savais que ça prendrait du temps à cause du négativisme qui avait entouré mon transfert. Peu de gens ont sans doute imaginé que je me développerais aussi bien ici mais pour moi, c’était clairement une question de temps.

Comme vous le dites, vous avez rempilé jusqu’en 2021. Vous aurez alors 35 ans. Le Bayern est-il votre dernier club ?

NEUER : Difficile à dire. Gianluigi Buffon a 38 ans et continue à jouer. Je pense qu’il est très important d’écouter son corps, de le soigner et d’éviter les blessures.

Mais avez-vous l’intention de jouer au Bayern jusqu’au terme de votre carrière ?

NEUER : Certainement. Sinon, jamais je n’aurais paraphé un contrat d’aussi longue durée. Mon premier objectif est d’ailleurs d’honorer ce contrat. Ensuite, nous verrons comment je me sens. Je suis incapable de dire comment je jouerai dans quatre ans. En tout cas, une chose est sûre : j’ai changé ces dernières années, comme gardien mais aussi sur le plan humain. Je préfère donc attendre de voir ce qu’il en ressortira. Je n’ai pas de boule de cristal.

 » JE NE ME LAISSE PAS DÉCONTENANCER PAR MES ERREURS  »

On exige toujours la perfection de vous. Comment gérez-vous ces attentes très élevées ?

NEUER : Oui, en effet, les gens s’attendent à ce que je sois parfait à chaque match. Toutes les passes doivent aboutir, tous les tirs doivent être interceptés. Ce sont de fameuses exigences. Je suis partiellement responsable car j’appréhende les choses de la même manière mais je ne suis qu’un homme, pas un robot. Je commettrai toujours des erreurs. Naturellement, je préférerais n’en commettre aucune dans mes matches et tout faire correctement, à 100 %.

Les erreurs ne semblent pourtant pas avoir d’impact sur vous.

NEUER : Mais elles arrivent. Je ne me laisse pas décontenancer, je tente de garder la tête froide et de repartir de zéro quand j’ai commis une faute. Je fais très attention à ne pas m’énerver. Après ce genre d’incidents, il est très important d’offrir à nouveau un sentiment de sécurité à l’équipe et donc de rayonner de calme. Mes coéquipiers doivent toujours être sûrs de pouvoir faire confiance à celui qui défend leur but, indépendamment de ce qui a pu se passer. Et je veux donner ce sentiment à mes partenaires.

PAR MOUNIR ZITOU (KICKER) – PHOTOS REUTERS

 » Je veux bien que la lutte pour le titre soit passionnante, pour autant que nous la gagnions.  » – MANUEL NEUER

 » J’ai changé en quelques années, comme gardien et comme homme.  » – MANUEL NEUER

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