© KOEN BAUTERS

 » Je ne suis pas une chasseuse « 

Le foot, c’est de la passion. Pour les femmes aussi. À intervalles réguliers, nous donnons la parole à l’une d’entre elles, passionnée par le sport. Cette semaine : Renée Goyvaerts-Vandermeersch (65 ans), agent de joueurs depuis plus de trente ans.

« J’ai ouvert une agence de management en 1979 avec mon mari, Fernand ( Goyvaerts, ex-joueur du Club Bruges, du FC Barcelone et du Real Madrid, décédé en 2004, ndlr). Jusqu’en 2014, je ne travaillais qu’avec des clubs de D1 et de D2. Désormais, je consacre plutôt mes activités aux joueurs de divisions inférieures qui ne pourront peut-être pas évoluer en D1A mais qui veulent tout de même être professionnels. L’introduction de la D1B – où les clubs demandent surtout des joueurs expérimentés – sert souvent de filet de secours à ces joueurs jadis prometteurs.

Si j’avais des problèmes financiers, je pourrais toujours m’adresser au FC Barcelone.  » Renée Goyvaerts-Vandermeersch

Je ne joue pas des coudes. Je ne suis pas constamment le long de la ligne de touche et je n’assiste pas à tous les entraînements pour donner ma carte de visite à tout le monde. Évidemment, je vais voir mes joueurs. Je ne passe pas non plus mon temps à essayer de convaincre des joueurs, à leur dire que je vais réaliser leur rêve. Parce que ce n’est pas vrai. Je ne suis pas une chasseuse… (elle grimace). Peut-être parce que je suis une femme.  »

 » Fernand et moi étions des pionniers  »

 » Le métier a beaucoup changé. Lorsque nous avons commencé, Fernand et moi, nous étions un peu des pionniers. Il n’y avait pas internet, pas de GSM, nous étions sans cesse sur la route et nous faisions le tour du monde. Une super époque ! L’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Europe… Nous allions partout. Il ne suffisait pas de jeter un oeil sur Wyscout, il fallait éplucher les journaux et tisser des réseaux sur place.

Avant de connaître Fernand, le football ne m’intéressait pas. C’est lui qui m’a appris à regarder un match. Tout commence par l’échauffement : dès ce moment, on voit souvent comment un joueur va jouer. S’il n’est pas concentré à ce moment-là, il ne le sera jamais. Lorsqu’il jouait, Fernand imaginait tous les scénarios dans sa tête avant de monter sur le terrain. Quand on visualise des choses positives, elles finissent par se produire. Il comptait aussi le nombre de gauchers sur le terrain. Parce que ce sont des joueurs spéciaux. Ils réfléchissent et se déplacent autrement que les droitiers.  »

 » J’ai un faible pour les gardiens  »

 » Ensuite, il faut trouver les joueurs qui ont du potentiel. Je peux dire que j’arrive assez facilement à déterminer le niveau auquel un joueur peut évoluer. Car ce n’est pas parce qu’on a une très bonne technique qu’on peut jouer au plus haut niveau. Je suis aussi toujours attentivement les gardiens, j’ai un faible pour eux. Ils sont seuls face au danger, ils sont souvent spectateurs et ne sont pas avec les autres. Pour toutes ces raisons, un agent doit toujours mettre davantage d’énergie dans l’accompagnement d’un gardien.

Lorsque je suis des matches d’espoirs, je considère que je travaille mais le football me procure toujours du plaisir, comme lors du match de Ligue des Champions entre l’Atlético Madrid et le Club Bruges. J’adore le football espagnol, parce que Fernand y a joué mais aussi pour la façon dont les équipes évoluent et pour la ferveur qu’il dégage. Quand on a joué à Barcelone, on reste membre à vie du club. Les épouses et les veuves également. Si j’avais des problèmes financiers, je pourrais prendre contact avec le Barça. Il y a deux ans, j’ai été invitée à un match et j’ai été chaleureusement accueillie par les anciens collègues de Fernand, comme si je les voyais chaque jour. C’était très spécial.  »

 » L’ambiance est fantastique en Argentine  »

 » J’ai aussi un faible pour le football argentin. L’ambiance dans les stades y est fantastique. Ça chante et ça saute pendant 90 minutes, les supporters sont toujours derrière leur équipe. On retrouve un peu cela à l’Atlético Madrid avec Diego Simeone.

On fait souvent référence à Fernand ces derniers temps et cela me fait quelque chose. Ce fut le cas lorsque Thomas Vermaelen a signé Barcelone et cet été, lorsque Thibaut Courtois a débarqué au Real Madrid. Mais Fernand restera toujours le premier Belge du Barça et du Real, c’est quelque chose qu’on ne lui reprendra pas. D’autant qu’il a joué pour les deux clubs. Thibaut et Thomas sont encore loin du compte…  » (elle rit).

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