» Je ne serai jamais chirurgien « 

Après deux dernières expériences malheureuses à Charleroi et Alost en tant qu’entraîneur, il est directeur technique au FC Courtrai.

M anu Ferrera :  » Ce métier de directeur technique n’est pas tout neuf pour moi. J’avais déjà la double casquette de coach et DT dans mes deux précédents clubs. Actuellement, mon objectif est de faire mon trou et une fois n’est pas coutume, j’aurai un peu plus de temps pour mettre en évidence mes qualités. En effet, un DT n’est pas sur la sellette chaque semaine. On va dorénavant pouvoir évaluer mon travail à long terme. J’agis dans l’ombre en ce qui concerne les jeunes en visionnant leurs rencontres et en donnant quelques directives tactiques aux entraîneurs. Et je suis beaucoup moins stressé. Attention, je ne veux en aucun cas insinuer que la pression n’est pas importante pour un entraîneur. Elle est en fait légitime. Je trouve normal qu’en entraîneur soit licencié pour manque de performances. Elle est indispensable pour l’obtention de résultats. Une chose est sûre : ce sont deux boulots distincts. Entraîner est vraiment ingrat. On n’est que très rarement jugé sur le travail quotidien car seuls les résultats sont visibles. Et si ces derniers ne suivent pas, l’entraîneur a mis en évidence son incompétence. Etre professionnel va de pair avec responsabilités « .

 » Je suis persuadé que le directeur technique est quelqu’un d’indispensable au sein d’un club « , continue le Bruxellois.  » On ne peut pas donner toutes les responsabilités à un coach qui est inéluctablement de passage. Chez nous, l’entraîneur ne peut par exemple pas balancer un joueur dans le noyau B sans que je n’aie émis un avis favorable. C’est ma responsabilité ! En fait, mes obligations sont assez vagues et changeantes. Je m’occupe de la politique des jeunes et j’annonce en gros les objectifs à atteindre. Par exemple, j’ai souhaité que toutes nos équipes évoluent avec deux avants et non trois comme il l’est recommandé par l’Union Belge. Presque plus personne ne joue avec des ailiers et c’est ce que l’on forme. Il n’y a plus que Bruges qui évolue en 4-3-3. Et puis après, on s’étonne que la Belgique ne possède pas de véritables joueurs de haut niveau. Je me sens vraiment concerné par la formation des jeunes car beaucoup en parlent mais personne ne l’applique. L’intégration de jeunes en équipe Première est un de mes objectifs principaux « .

Choisir des joueurs techniques

L’objectif annoncé de Courtrai cette saison est bien évidemment la montée en D2 :  » C’est plus vite dit que fait bien sûr. Mais on a toutes les cartes en main pour accomplir ce que nous nous sommes fixés. On a un budget deux à trois fois supérieur par rapport à l’année précédente et on a transféré de très bons joueurs. Sur papier, notre équipe constituerait un bon représentant de D2 et beaucoup d’observateurs vont exactement dans le même sens. Maintenant, il reste juste à réaliser nos ambitions sur le terrain. Et ne vous inquiétez pas, je vais être très vigilant par rapport à notre entraîneur, Angelo Nijskens ! On dit souvent que les divisions inférieures jouent plus physiquement que l’élite. C’est vrai mais il faut en analyser la cause. C’est plus physique car il y a une moins grande maîtrise technique. Possédant dans son noyau de nombreux joueurs aptes à faire la différence, Courtrai peut dès lors beaucoup espérer de cette saison. De plus, les infrastructures sont encore dignes d’un club de D1. Nos business seats sont très plaisants et les terrains d’entraînement d’excellente qualité. Les joueurs reçoivent leurs équipements en arrivant au club. Tout a été professionnalisé et ce professionnalisme naissant a été un argument pour attirer de nombreux joueurs de talent « .

Dans le noyau courtraisien, les francophones sont majoritaires. Beaucoup se diront que des polémiques naîtront mais Manu Ferrara se veut, lui, beaucoup plus rassurant :  » Il n’y a heureusement pas un seul homme politique ici et de ce fait, il n’y a pas de tensions entre néerlandophones et francophones. On ne parle qu’une langue à Courtrai : celle du foot bien évidemment. Je ne dis pas que si les victoires ne s’enchaînent pas, il n’y aura aucun conflit linguistique. J’exprime juste la sérénité actuelle du groupe. Si des heurts devaient se manifester, ils seront à mon avis dus à la concurrence car on a d’excellents éléments et il y aura des mécontents chaque semaine. Pour ce qui est des choix tactiques, l’entraîneur est totalement libre. J’évite vraiment de donner mon avis. Il doit être pleinement responsable. Ce que j’ai fait pour Angelo Nijskens, c’est lui composer son noyau en transférant les joueurs de mon choix. Un grand avantage en tant que directeur technique est que j’ai déjà entraîné en D1 et je suis donc conscient que, pour obtenir des résultats, je dois lui laisser carte blanche « .

Charleroi n’a rien compris

Charleroi est un sujet qui continue à irriter Ferrera avec les raisons que l’on connaît :  » La situation du Sporting ne me fait pas rire du tout. La personne qui y officie a brisé ma carrière et il continue à creuser la tombe de son club. Ce dernier se trouve dans une situation identique à celle de l’année passée et ce sont toujours les mêmes excuses qui sont trouvées : tous les arbitres sont contre Charleroi et le club joue chaque semaine de malchance ! La gestion financière et sportive est risible et ce sont tout le temps les mêmes échecs auxquels le club est confronté. Ils n’ont vraiment pas su tirer des conclusions de leurs erreurs du passé. Ils n’ont rien appris ! Tout comme Charleroi, de nombreux clubs oublient qu’entraîner est un autre métier. Ce n’est pas parce que je me fais opérer huit fois du c£ur que je suis chirurgien quand même…  »

Tim Baete

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