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« Je n’ose pas jouer à onze »

Depuis sa fondation, l’Antwerp a vu défiler une volée d’entraîneurs. Peu d’entre eux ont apporté une plus-value.

B rian Priske va-t-il parvenir à imprimer sa patte sur l’Antwerp? Ces vingt dernières années, le Great Old a changé d’entraîneur à 27 reprises, sans avoir jamais trouvé la perle rare. Au contraire. Parmi tous ces coaches, on retrouve pas mal de cas… Comme par exemple le chauffeur de taxi Doy Perazic, qui avait affirmé en 2003, avant un match contre Anderlecht, qu’ Aruna ne jouerait pas. Mais Dindane – le nom de famille d’Aruna – était bel et bien sur le terrain côté mauve. Difficile de se planter plus…

Il faut remonter assez loin en arrière pour trouver trace d’entraîneurs qui ont fait impression. Comme par exemple Guy Thys, en poste au Bosuil de 1973 à 1976. Il travaillait à sa façon. À l’époque, Eddy Wauters était le président de l’Antwerp et tous les samedis matins, il téléphonait à son T1 pour connaître la composition de l’équipe. Wauters n’appréciait pas du tout le médian Jos Heyligen et quand Thys l’avait une fois de plus repris, Wauters n’avait pu se maîtriser. Il avait demandé à Thys combien de temps il allait continuer à sélectionner Heyligen, car selon le président, l’équipe jouait à dix. Thys avait sereinement répondu: « Nous sommes deuxièmes depuis deux ans à dix. Je n’oserais vraiment pas jouer à onze. » Du Guy Thys pur jus. Plus tard aussi, devenu sélectionneur, il avait l’art d’écouter et de n’en faire qu’à sa tête, mais il ne s’y prenait pas brutalement. Non, il agissait avec tact, il plaisantait, accompagnait ses propos d’un clin d’oeil. Une leçon apprise à l’Antwerp. Même quand Eddy Wauters le tenait chaque semaine au téléphone pendant une heure, voulant savoir tout ce qu’il s’était passé en semaine.

Toutefois, c’est sans conteste George Kessler qui a été la plus forte personnalité du Bosuil, où il a entraîné à deux reprises (1986-1989 et 1996-1998). Durant son second mandat, il a présenté un ambitieux projet de nouveau stade, qui ne s’est jamais concrétisé, à sa grande déception. Kessler avait participé à l’élaboration des plans. C’était une arène calquée sur l’Amsterdam Arena, mais avec une capacité de 32.000 places. Il appelait les joueurs qui passaient dans le couloir. Pas pour parler de la tactique du prochain match, mais pour leur montrer la maquette de l’édifice. Il considérait ce stade comme un projet-pilote pour le monde entier. Plusieurs organismes avaient déjà demandé à le louer quelques fois par an. Eddy Wauters n’avait pas osé prendre ce risque. Plus tard, Kessler avait déclaré que l’Antwerp avait alors raté l’occasion d’intégrer l’élite belge absolue.

George Kessler regrettait l’absence d’anticipation du Great Old. En 1971, il avait déjà présenté un projet de loges à Anderlecht. Constant Vanden Stock présidait alors à la destinée des Mauves et s’était empourpré, furieux. Douze ans plus tard pourtant, Anderlecht possédait bel et bien cette tribune et des loges.

George Kessler convenait à la grandeur d’une ville comme Anvers, de même qu’ Arie Haan, qui avait entamé sa carrière d’entraîneur à l’Antwerp durant l’été 1984. Eddy Wauters n’aurait pas été lui-même s’il n’avait posé des conditions spéciales. Haan n’allait pas obtenir de contrat, mais allait attendre le 1er novembre puis décider le 1er janvier de prolonger la collaboration ou non. Au bout de trois semaines, il avait changé d’avis et voulait que Haan signe un contrat. Payé uniquement en primes de victoire. Haan n’était pas d’accord. Les deux hommes se mirent d’accord sur un autre montage: Haan allait obtenir un salaire, mais devait promettre de ne pas partir, sauf s’il recevait une offre d’Anderlecht, du Club Bruges ou du Standard. L’Antwerp acheva sa première saison à la septième place, bien plus haut que ne l’avait espéré le président. Il proposa donc un contrat de cinq ans à son coach. Mais Haan ne le signa pas. En décembre 1986, il rejoignit Anderlecht, où il succéda à Paul Van Himst.

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