« Je n’ai pas envie de devenir un punching-ball »

L’ex-capitaine du Club parle de ses responsabilités comme pro. Il sait que son caractère n’excuse pas tout…

Quel regard portez-vous sur les premiers mois ? Stijn Stijnen : Nous avons pris trop peu de points lors des premiers matches et ne sommes certainement pas contents, même si nous avons atteint notre premier objectif de la saison : les poules de l’Europa League. Notre football n’était pas mauvais mais nous avons manqué d’efficacité. Le déclic ne s’est pas encore produit. Quand on n’est pas efficace, on s’expose aux critiques. C’est normal.

Vous avez eu pas mal de travail.

Oui. Quand on joue offensivement, que l’entraîneur prend des risques, on doit s’attendre à encaisser. La défense s’est cherchée. Camozzato, un gars génial, qui convient bien au Club, est nouveau. Après Klukowski et Van der Heyden, Díaz est notre troisième arrière gauche, nous devons chaque fois nous habituer. C’est la première saison que Donk joue vraiment dans l’axe et il a besoin de temps mais tout va s’arranger. Parfois, on ne prend pas de but pendant cinq ou six semaines puis vient une période où on en encaisse chaque fois. C’est cyclique.

Etes-vous satisfait de votre niveau ?

Jamais. A certains moments, il faut se distinguer mais je n’en ai pas eu souvent l’occasion. Tant qu’on ne commet pas d’erreur pendant une telle période, il n’y a pas de problème. Or, je n’ai pas gaffé à mon avis…

Comment va votre doigt ?

Il reste sensible après la fracture. La première semaine, il m’a fait terriblement mal mais la fracture s’est résorbée. J’ai joué avec un tape car je n’avais pas envie de rater cinq semaines ! Techniquement, j’ai joué avec un doigt cassé.

Avez-vous le sentiment que le Club stagne ou qu’il progresse ?

Si des jeunes comme Perisic et Odjidja progressent à grands pas, cela ne suffit parfois pas pour gagner un match.

Votre regard sur Ronald Vargas ?

Vargas est un garçon très calme. Il n’a jamais posé le moindre problème. Il s’exprime essentiellement en espagnol, même s’il fait de son mieux pour communiquer en anglais. Je trouve logique qu’il parle espagnol avec d’autres mais il n’a jamais été négatif. D’ailleurs, il n’y a pas de véritables éléments négatifs dans ce groupe, seulement des hommes dotés d’une autre mentalité. Dirar a son caractère. On ne peut le changer mais c’est un brave garçon.

Il éprouve juste du mal à se plier aux règles et se sent agressé à la moindre remarque ?

C’est exact. Il croit vite qu’on est contre lui, ce qui n’est absolument pas le cas et il s’énerve alors. Nabil a commis des erreurs en-dehors du terrain mais il travaille dur à l’entraînement et en match. Regardez-le attentivement : on ne peut jamais prétendre qu’il baisse les bras. Il nous dit parfois que nous sommes tous trop sérieux. C’est sa vision de la vie. Quand nous estimons qu’il devrait être plus sérieux, il y a des frictions mais ce n’est pas un problème, c’est parce que nos caractères sont différents. Evidemment, quand les résultats sont décevants, tout se retrouve dans les journaux car le Club est très ouvert.

Trouvez-vous qu’il faudrait plus d’entraînements à huis-clos ? Le Standard le fait.

Le club veut offrir un maximum aux supporters. Et rien n’est plus agréable pour les gens que de passer ici quand ils en ont le temps. Il y a des frictions six ou sept fois par jour dans tous les clubs de foot du monde, croyez-moi. Mais après l’entraînement, ceux qui s’étaient dit leurs quatre vérités sur le terrain rigolent ensemble. Hélas, les gens ne le voient pas. De tels incidents se produisent quand on fait des choix. Ils sont davantage dus aux ambitions personnelles qu’à des dissensions. Certains sont aussi plus stressés que d’autres. Je suis au Club depuis onze ans et je n’ai jamais rien connu d’autre.

 » On a sous-estimé le départ de certains joueurs « 

Les critiques de Wesley Sonck à l’encontre d’Adrie Koster ont laissé des traces ?

Wesley est extrêmement ambitieux, il veut jouer tous les matches. Il réagit quand il a le sentiment qu’on a été injuste à son égard. Nous le connaissons. Wesley a eu une valeur pour le Club, il a marqué. Il est normal qu’il soit déçu que ce chapitre s’achève. Tout sportif réagirait de cette façon. Je pense que c’est de cette manière qu’il faut comprendre ses propos.

Sonck avait notamment fait remarquer qu’un peu plus de discipline ne ferait pas de tort au Club. Vous êtes-vous senti visé ?

Wesley a raison au sujet de la discipline, certains points laissaient à désirer. Nous ne devons pas pour autant porter un regard négatif sur la saison passée. Nous l’avons mal terminée et ça a été décisif mais sur l’ensemble, nous avons vécu de bons moments. Nous avons terminé deuxièmes du championnat régulier, nous avons accompli un superbe parcours européen et à la 89′, nous pouvions porter un coup fatal à Valence. Seulement, nous avons terminé les playoffs 1 sur un 6-2. Et on a oublié tout le reste.

Ce 6-2 a-t-il été humiliant ?

Très décevant. Ces 90 minutes ont ruiné notre saison. Toutefois, je ne pense pas que ce match nous trotte encore en tête. Nous en avons discuté, ce n’était qu’un moment parmi beaucoup d’autres.

Avez-vous le sentiment que le Club a progressé depuis que vous êtes là ? Le dernier titre remonte déjà à 2005…

Il faut être réaliste. Après le départ de Sollied, il nous a fallu des années pour reprendre le bon cap. Et on a sous-estimé le départ de certains joueurs.

N’a-t-on pas prêté trop d’attention à des talents qui pouvaient ensuite être monnayés ?

C’est le football actuel, non ? On est vieux à 26 ans et à 30 ans, c’est presque fini. Camozzato, Hoefkens, Van der Heyden… nous avons de l’expérience. Díaz a 27 ans, comme Kouemaha. Nous avons donc un bon mélange. Les jeunes doivent jouer s’ils apportent une plus-value, ce qui est le cas de Perisic, d’Odjidja,… Perisic vit en fonction du football. Il visionne toutes sortes de championnats dans le monde entier. Donk et Odjidja ne connaissent pas le stress. Ils sont heureux, c’est visible, mais ils ne prennent pas une défaite ou un mauvais match par-dessus la jambe. Ils débordent de qualités, laissons-les les exprimer à leur façon. Avant un match, je dis toujours à Vadis : -Fais comme d’habitude. Pouvoir dire ça à un jeune de 21 ans… Je sens parfois qu’il apporte un vrai plus. Souvent, je me dis : – Heureusement que Vadis est là !

Mais le Club n’a-t-il pas besoin d’un patron dans l’entrejeu ?

Un patron ? Allez nous en chercher un…

Pourquoi ne voulezvous plus être capitaine ?

Je dois tout au Club, qui m’a offert ma chance quand j’étais en Provinciale. J’ai toujours pris mes responsabilités, mais je n’ai pas envie de devenir un punching-ball. La saison passée, après les incidents contre La Gantoise, j’ai fait la une du sport et de l’info générale pendant trois jours. La ministre de l’Intérieur a même demandé une enquête. Evidemment, je sais que j’ai mal réagi avec Ivan De Witte. Mon vocabulaire était déplacé. Cela passe à la télévision, des enfants l’entendent. J’ai commis une erreur. Il faut l’attribuer à mon tempérament et à l’adrénaline. ( NDLR : Stijnen a parlé avec Ivan de Witte la semaine dernière, et les deux ont fait la paix). Mais je voulais faire le point avec tout le monde : le président, Luc Devroe, Dany Verlinden, le responsable du matériel, ma famille… Il valait mieux abandonner le brassard. Les intérêts du club priment. J’ai réfléchi à ça pendant cinq semaines. Sur le terrain, je suis impulsif, à cause de l’adrénaline, mais je réfléchis toujours, comme je l’ai fait pour l’équipe nationale.

Qu’est-ce que cela change pour vous ?

Je porte le brassard ou pas, mon comportement est le même : je ne suis pas facile, je ne tiens pas toujours les bons propos et n’agis pas nécessairement bien mais à chacun son caractère. Cela dit, quand j’étais enfant, les joueurs de D1 étaient des dieux, même s’ils se produisaient pour Lommel ou pour Saint-Trond. On oublie ça une fois qu’on fait partie du milieu. La magie disparaît alors que les enfants observent tout dans les moindres détails. J’assiste parfois à des matches de jeunes et je les vois reproduire ce que les footballeurs pros font. Nous devons en être conscients.

par peter t’kint – photos: belga

« Je n’avais pas envie de rater cinq semaines. J’ai donc joué avec un doigt cassé. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire