» Je n’ai jamais voulu devenir pro « 

Le back gauche des Dragons a fêté ses 30 ans le 1er janvier. Avec plus de 350 matchs en D1 à son actif, le Montois fait partie des routiniers de notre élite du football. Souvenirs.

Pieterjan Monteyne est un des quatre joueurs de champ qui ont joué tous les matches cette saison. Pas plus que Killian Overmeire de Lokeren, Karel D’Haene et Davy De Fauw de Zulte Waregem, il n’a raté une seconde de jeu. Ce n’est pas à proprement parler un hasard, pour lui.

 » Je dois disputer une trentaine de matches par saison. Je n’ai encore jamais réussi à jouer une saison complète car je prends de temps en temps la carte jaune de trop. D’un côté, j’ai la chance d’évoluer à l’arrière gauche, un poste auquel on n’est pas rapidement remplacé. De l’autre, je mérite ma place.

J’essaie d’être un joueur sur lequel on peut toujours compter. Être prêt, jour après jour, est une qualité non négligeable à mes yeux. J’ai sans doute la chance d’être rarement blessé. Je dois avoir souffert d’une déchirure musculaire tous les deux ans, en moyenne.

Je ne sais pas à quoi c’est dû. Je ne redoute jamais les duels. Les années m’ont appris l’importance du repos. Le mardi et le samedi après un match, je reste dormir au club pour m’épargner un long chemin de retour à Anvers. Ce n’est pas toujours évident avec une femme et deux enfants en bas âge mais un professionnel doit être en mesure de consentir ce genre de sacrifices.  »

Après dix ans au service du Beerschot, Monteyne a quitté Anvers pour Mons, de l’autre côté de la Belgique.

 » C’était un pas dans l’inconnu mais il s’est très bien déroulé. Je ne pouvais pas le savoir, évidemment. On peut signer dans un Cercle Bruges qui tourne bien et se retrouver mêlé à la lutte pour le maintien. Mons me plaît beaucoup. Après quelques coups d’éclat la saison dernière, nous vivons la saison de la confirmation. Il nous arrive de déraper mais nous nous ressaisissons rapidement.

C’est un de nos points forts et le mérite en revient à Enzo Scifo, qui me plaît beaucoup comme entraîneur. Il s’est forgé un palmarès impressionnant comme joueur et son aura naturelle a évidemment un impact énorme sur le groupe, sans qu’il doive faire de grands discours. Il place des accents dans sa tactique tout en nous accordant beaucoup de latitude. Il nous traite en adultes et de notre côté, nous essayons de le remercier pour sa confiance.

Esprit d’équipe

L’équipe compte quatre Flamands : Tim Matthys, DaanVan Gijseghem, KristofVan Imschoot et moi. C’est à peu près comme à Courtrai. Je pense que cet apport flamand confère du caractère à Mons. Malgré leurs qualités, les joueurs français ont une autre mentalité.

Ils sont sans doute plus vite contents et ils ont souvent un caractère difficile. D’ailleurs, lorsque Mons a été rétrogradé, il y a quelques années, il ne manquait pas de qualités mais d’esprit d’équipe. Je pense que c’est aussi pour cela que Dimitri Mbuyu, le conseiller sportif, nous a enrôlés : nous devons équilibrer le noyau.

Globalement, le club m’a agréablement surpris. Mons n’a pas une image très positive en Flandre mais il est un club très stable, avec des dirigeants très corrects et une saine ambition. Les infrastructures sont excellentes. Il ne manque plus qu’un stade. La jovialité et la chaleur des habitants m’ont énormément surpris.

Le président DomenicoLeone laisse travailler les gens en paix. C’est un soulagement. La ville est en plein boom. En 2015, Mons sera la capitale culturelle de l’Europe. L’ensemble me convient et je n’ai donc pas hésité à prolonger mon contrat de deux ans.  »

Le Beerschot reste un beau chapitre de ma carrière. Au milieu des années 2000, nous avions énormément de possibilités. En déplacement, ça ne marchait pas toujours comme nous le voulions mais à domicile, nous avions l’impression d’être invincibles, par moments. Tous les footballeurs qui ne jouaient pas pour un grand club ne demandaient qu’à nous rejoindre.

La victoire en Coupe, en 2005, reste notre haut fait. À cette époque, j’ai caressé en secret le rêve d’être transféré à l’étranger ou dans un grand club belge mais quand j’ai compris que cela ne se ferait pas, j’ai prolongé mon contrat de cinq ans sans rechigner. En plus, j’ai joué quatre saisons de concert avec mon frère Martijn.

Nous effectuions les trajets ensemble, ce qui était bien agréable. Nos liens familiaux avaient aussi leur revers : les gens nous classaient dans la même catégorie. Quand l’un de nous avait mal joué, nous étions mauvais tous les deux.

La bonne moyenne

Les deux dernières années au Beerschot ont été difficiles, surtout à cause des problèmes extra sportifs du club. Patrick Vanoppen avait repris le Beerschot et l’incertitude régnait en tout. À la fin, il n’était plus possible de travailler normalement, comme les résultats l’ont démontré.

J’arrivais justement en fin de contrat et Vanoppen m’a dit qu’il comptait discuter avec moi mais il a été assailli par tellement de problèmes que je n’étais pas une priorité. J’ai compris que le moment d’entamer un nouveau chapitre était venu et Mons s’est présenté.

Je ne renie pas ma période au Beerschot. Pendant dix ans, j’ai participé à quasiment tous les matches. Je n’ai été écarté de l’équipe, un moment, que sous la direction de Glen De Boeck. Ce n’est pas marrant mais a posteriori, c’est peut-être de cette période que je suis le plus satisfait parce que je me suis battu pour revenir et que De Boeck a eu la correction de me rendre ma place.  »

Parfois, un nom reste associé au vôtre. Dans le cas de Monteyne, c’est celui de Jelle Van Damme, également né en 1983 et son coéquipier au Beerschot, à l’époque où l’Ajax embauchait régulièrement les jeunes pousses anversoises.

L’Ajax n’a pas jeté son dévolu sur Monteyne mais sur Van Damme, sa doublure. C’est donc ce dernier qui s’est retrouvé dans la dernière grande équipe de l’Ajax, avec Zlatan Ibrahimovic, Wesley Sneijder et Rafael van der Vaart.

Monteyne :  » Il a été question d’un transfert mais il n’en est rien ressorti. Je ne considère pas que ce soit un échec car je ne sais pas si la mentalité amstellodamoise m’aurait plu. Ça doit être Anvers fois dix ! Chapeau à Jelle, qui a dû faire une fameuse impression sur l’Ajax. Je suis plus que satisfait de ma carrière. Je n’ai jamais eu pour objectif de devenir footballeur pro.

Je me plaisais bien à Roulers, au sein d’une équipe de copains. Même quand je suis devenu titulaire en Division Deux, le football est resté un hobby. Lorsque j’ai été transféré au Beerschot, je ne savais pas trop bien à quoi m’attendre mais j’ai fait mes preuves, au fil des années.

Je ne suis pas de ces joueurs qui font la différence chaque semaine. D’ailleurs, il suffit de regarder les cotes des quotidiens pour s’en rendre compte. Quand un arrière latéral délivre trois bonnes passes, il a des bons points, même s’il a laissé filer son homme à deux reprises.

Pour m’exprimer en chiffres, je n’obtiendrai jamais un 9 ni un 3. Je suis plutôt un joueur convenable, un 6. Je m’en contente. Si vous me demandez si je suis fier de mes statistiques, je vous répondrai que je ne le suis pas des chiffres eux-mêmes mais bien du fait que j’ai toujours été prêt, pour tous les entraîneurs qui m’ont dirigé. « ?

PAR JENS D’HONDT – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Les Flamands confèrent du caractère à Mons.  »

 » Être prêt, jour après jour, est une qualité aussi. « 

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