» Je n’ai jamais rêvé des Diables « 

Vendredi dernier, sur le coup de minuit. Nous retrouvons Sinan Bolat dans l’hôtel de la délégation turque. Presque tous ses coéquipiers se préparent à monter dans un avion pour Istanbul, lui est resté à Lyon pour repartir directement sur Bruxelles le lendemain. Cela lui évite un vol supplémentaire. Côté aéroports, il a assez donné depuis une dizaine de jours : Bruxelles-Bodrum pour ses vacances, Bodrum-Bruxelles pour rapatrier sa fiancée au pays après avoir appris qu’il était retenu en équipe nationale, Bruxelles-Istanbul puis Istanbul-Kayseri pour rejoindre le noyau, Kayseri-Istanbul puis Istanbul-Lyon pour aller défier les Bleus.

Il n’a finalement pas joué mais est heureux.

Depuis quand savais-tu que tu avais une chance d’être appelé en équipe A ?

Sinan Bolat : Quand j’ai choisi la Turquie plutôt que la Belgique, je savais déjà qu’on pensait à moi. Les Espoirs, c’était un premier pas, une étape logique dans la progression vers l’équipe représentative.

Devoir choisir entre les deux pays, c’était un crève-c£ur ?

Non. Tout a toujours été très clair dans ma tête. J’ai donné la priorité à mes sentiments. Depuis que je suis gosse, je rêve de jouer en équipe de Turquie. Même quand j’étais dans les sélections belges de jeunes, ça restait un grand objectif pour moi. Les Diables Rouges, je n’y ai jamais vraiment pensé.

Comment as-tu été accueilli par tous ces gens qui n’avaient jamais entendu parler de toi ?

J’ai retrouvé deux joueurs que je connaissais, des anciens coéquipiers en Espoirs : Eren Güngör, de Kayserispor, et Nuri Sahin, de Dortmund. Les autres, c’étaient surtout des types qui étaient encore des idoles pour moi, il n’y a pas si longtemps. Se retrouver du jour au lendemain dans le même vestiaire que Volkan Demirel et Halil Altintop, ça fait quand même bizarre ! Je viens de vivre une semaine que je n’oublierai jamais.

Tu t’attendais à jouer, ne fût-ce que quelques minutes ?

J’espérais mais je ne me faisais pas trop d’illusions. Je me doutais bien qu’on m’avait appelé surtout pour me permettre de découvrir le noyau. Je suis resté deux fois une heure et demie sur le banc mais je ne suis pas déçu.

Ton prochain objectif, c’est de prendre la place de Volkan ?

Je me suis rapproché un peu de la place de gardien de l’équipe turque mais il me reste du chemin. Entre lui et moi, il n’y a pas photo au niveau de l’expérience et du niveau de jeu. Il vient encore de le prouver contre la France en sortant plusieurs ballons très chauds.

Tu ne serais pas ici si tu n’avais pas arrêté le penalty de Bryan Ruiz ?

Il ne faut pas retenir que cette phase-là. Mon championnat ne s’est pas limité à un penalty. A Zulte Waregem et contre Bruges, j’avais déjà prouvé que j’avais des qualités et que j’étais prêt pour un club du calibre du Standard.

Qu’est-ce que tu penses quand l’arbitre de Gand-Standard siffle ce penalty ? Tu te dis que c’est terminé pour le titre ?

Non, je reste très zen et très concentré. J’avais bien analysé la façon de tirer de Ruiz. C’était une fois à gauche, une fois à droite, une fois en force au milieu. Je me suis décidé au moment où je me suis placé devant ma ligne. Comme ça, sans véritable raison.

Tu coûtes 150.000 euros à ton club et tu lui rapportes 15 millions…

Il y a plus qu’un joueur qui a rapporté le titre et la qualif’ pour les poules de la Ligue des Champions au Standard. Je n’ai été qu’un maillon de la chaîne.

Jouer un jour dans le championnat de Turquie, c’est un but ?

Evidemment. N’importe quel joueur turc en rêve. Mais on verra plus tard. Avant cela, il y a une nouvelle saison avec le Standard. Et la Ligue des Champions.

Tu vas attaquer l’année de la confirmation, la plus compliquée. Alors que la saison dernière, tu n’avais rien à perdre ?

Comment ? Je me suis quand même retrouvé dans le but d’une équipe en pleine bagarre pour le titre. Il fallait gérer. J’ai su le faire. Je trouve au contraire que j’avais beaucoup à perdre. J’ai directement senti une pression énorme.

Il y a un an, tu étais troisième gardien à Genk. Aujourd’hui, tu es titulaire indiscutable au Standard et retenu en équipe turque. Tout peut aller très vite !

Oui, dans les deux sens. Je ne vais pas planer, ce n’est pas mon style…

Tu ne trouves pas que Genk a commis une des plus grosses erreurs de son histoire en te laissant partir pour une croûte de pain ?

C’est leur problème, plus le mien. Mais je resterai toujours reconnaissant vis-à-vis de ce club qui m’a formé.

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