« Je me verrais bien champion »

L’ancien Hurlu s’est adonné à une introspection :  » Pas question de louper une chance pareille « .

Lorsque nous demandons un rendez-vous à ChristopheLepoint, il nous fixe rendez-vous sur la Grand-Place de… Mouscron. Il a récemment acheté une maison dans la Cité des Hurlus, alors qu’il savait déjà qu’il jouerait à Gand au cours des quatre prochaines années.  » C’est plus calme que Bruxelles, d’où je suis originaire, et j’avais sans doute besoin de cette tranquillité. En outre, ma copine est Mouscronnoise et travaille toujours là-bas.  » Pour, se rendre aux entraînements des Buffalos, il fait donc la route avec AdnanCustovic, lui aussi résident frontalier, et ChristopheGrondin, qui n’habite pas très loin non plus.

Lepoint n’a joué qu’un an à l’Excelsior, mais comme d’autres avant lui, s’est rapidement attaché à ce club.  » Parce que c’est un club… attachant, tout simplement. L’ambiance y est très familiale et je m’y sentais bien. Comme à Tubize, d’ailleurs. Ce n’est pas compliqué : depuis la reprise à Gand, je n’ai bénéficié que d’un ou deux jours de congé. La première chose que j’ai faite, c’est aller suivre l’entraînement des Hurlus ! Mes anciens coéquipiers resteront, pour toujours, des amis. Je n’oublierai pas l’ambiance qui a régné dans le groupe tout au long de la saison dernière. Malgré tous les retards de paiement, elle ne s’est jamais détériorée. Je ne crois pas que l’on aurait vu cela dans beaucoup d’autres clubs. « 

Lepoint est pourtant très heureux d’avoir signé à Gand.  » C’est seulement aujourd’hui que je mesure pleinement le pas que je viens d’accomplir. Durant les six derniers mois de la saison dernière, j’étais encore trop focalisé sur Mouscron. J’avais à c£ur de bien terminer le championnat et d’aider les copains à se sortir de cette situation difficile. Désormais, je me rends compte que je fais partie d’un club du Top 5, appelé à viser le podium dans un proche avenir. C’est peut-être la chance de ma vie. J’ai beaucoup réfléchi pendant l’été, et je me suis dit que cette chance-là, je n’avais pas le droit de la laisser passer. « 

 » Je ne ferme pas la porte à Anderlecht, mais… « 

Lepoint sait que, précédemment, il avait bien failli tout gâcher.  » J’avais 17 ans et demi et je faisais partie des bons jeunes d’Anderlecht. Je demandais juste un tout petit contrat. Qui m’a été refusé. Avec l’équipe nationale, j’ai disputé un match contre l’Allemagne durant lequel je me suis particulièrement mis en évidence. Voilà comment, subitement, j’ai reçu des propositions de quatre clubs allemands. J’ai opté pour Munich 1860. Deux matches en D1, huit en D2. Puis, ce fut Willem II aux Pays-Bas. Où j’ai malheureusement commis cette erreur qui allait longtemps me poursuivre ( NDLR : il fut contrôlé positif au cannabis pour avoir fumé un joint avec des copains). Six mois sans club, avant que Gençlerbirligi ne me tende une perche. Un retour en Belgique ? Impossible ! Tous les clubs belges qui manifestaient un semblant d’intérêt finissaient toujours par renoncer pour la même raison : ce fameux accident de parcours à Tilburg. Jusqu’à ce que PhilippeSaintJean, qui fut mon coach en équipe nationale, ose prendre le risque de m’engager à Tubize. Je lui en serai éternellement reconnaissant. Tout comme à EnzoScifo, qui m’a également accueilli à un niveau plus élevé.  »

Lepoint a déjà occupé toutes les places sur le terrain, sauf celle de son frère Laurent, de quatre ans son aîné, qui a joué comme gardien de but jusqu’en Réserve à Anderlecht, mais qui a connu des problèmes au dos et n’a fait carrière qu’en Provinciale brabançonne par la suite (Alsemberg, La Rhodienne et actuellement Ruisbroek). Christophe, lui, était défenseur au Sporting mais attaquant en équipe nationale. Aujourd’hui, le voilà milieu de terrain… et définitivement, semble-t-il.  » Il m’est encore arrivé de dépanner en attaque à Tubize ou à l’arrière à Mouscron, lorsqu’il y avait des blessés ou des suspendus, mais c’est bien comme milieu de terrain que MichelPreud’homme m’a engagé à Gand. Il ne m’en a pas parlé ouvertement, mais c’est la place que j’occupe aux entraînements et lors des matches amicaux. Chacun connaît mes qualités : je récupère beaucoup de ballons et je constitue un danger pour l’adversaire par mes infiltrations depuis la deuxième ligne. C’est précisément ces qualités d’infiltreur qui ont, semble-t-il, séduit mon nouvel entraîneur. C’est un rôle très important dans le schéma qu’il applique et il tenait absolument à avoir un joueur de mon style dans son effectif.  »

S’il y a un joueur auquel pourrait s’appliquer l’expression boxtobox, rendue célèbre lors de l’arrivée de JanPolak à Anderlecht, c’est bien lui.  » Ah ! Anderlecht… Aurais-je pu m’imposer là-bas ? Je ne le saurai sans doute jamais. Nul n’est prophète en son pays, et c’est encore plus vrai là-bas qu’ailleurs. A part VincentKompany et AnthonyVandenBorre, quel est le produit du cru qui a réellement reçu sa chance en équipe Première ? Il m’arrive pourtant de me dire qu’un bon Lepoint ne déparerait pas dans l’entrejeu du Sporting. J’ai appris, par une indiscrétion, que l’on aurait songé à moi en cours de saison dernière, lorsque je pétais des flammes avec Mouscron. Une partie du staff était favorable à ma venue, l’autre partie était contre. Enfin, c’est ce qu’on m’a dit. Je n’y suis finalement pas allé, il est donc inutile d’épiloguer là-dessus. Mais je ne ferme pas la porte à un retour au Parc Astrid, même si mon rêve ultime reste l’Angleterre. C’est un style de jeu qui, à priori, me conviendrait parfaitement. L’engagement physique, les duels, les contacts, le jeu de tête : c’est tout ce que j’apprécie… Lorsque je vois ce que MarouaneFellaini est en train de réaliser à Everton, je me dis que je pourrais en faire autant.  »

 » Par rapport à Gand, Mouscron c’était de la rigolade « 

En attendant d’éventuellement réaliser son rêve, Gand occupera toutes ses pensées. Un Gand très ambitieux.  » L’objectif est très clair : faire mieux que la saison dernière. Donc, terminer parmi les deux ou trois premiers. A terme, je me verrais bien champion avec Gand. Trop tôt en 2010 ? Je ne sais pas, on verra. Si l’occasion se présente, on essaiera de ne pas la laisser passer. En tout cas, on s’efforce de mettre tous les atouts dans notre jeu. L’équipe est déjà bien en place. ElimaneCoulibaly et moi-même sommes les seuls nouveaux. Au niveau des automatismes, il n’y a pas trop de soucis à se faire. La préparation, c’est du sérieux. Le travail physique que l’on a accompli au cours des premières semaines est éprouvant. En comparaison, la préparation physique de Mouscron la saison dernière, c’était de la rigolade. Avec l’Excel, j’avais suivi sans problèmes alors que j’arrivais de D2. A Gand, j’ai souffert. Ma copine peut en témoigner. Certains jours, lorsque je rentrais à la maison, je n’ai qu’une envie : dormir. Ce qui me pose le plus de problèmes actuellement, c’est… la barrière de la langue. Je parle français, néerlandais et allemand, mais comme l’effectif gantois est très cosmopolite, les entraînements se déroulent en anglais. Une langue que je ne maîtrise pas. Les adjoints sont souvent requis pour me traduire les propos de Preud’homme. Parfois, Michel prend lui-même le temps de m’expliquer certaines options tactiques. Je vais me mettre à l’apprentissage de l’anglais. J’ai toujours voulu apprendre cette langue, c’est l’occasion ou jamais de m’y mettre.  »

Et puis place aussi à la coupe d’Europe.  » Ce déplacement en Biélorussie semble plus compliqué au niveau administratif que sportif. Certes, il faut se méfier du FC Naftan, mais à priori, cette équipe ne devrait pas représenter un obstacle infranchissable. L’objectif est d’atteindre les poules, puis d’aller le plus loin possible. « 

Avec ou sans BryanRuiz ?  » Il ne joue pas les matches amicaux, cela me semble être un élément de réponse. J’ignore les accords qui ont été conclus avec la direction. On aimerait pouvoir compter sur le Costaricien, mais même sans lui, l’équipe me semble suffisamment costaude. En tout cas, face au FC Naftan…  »

par daniel devos – photos: reporters

Lorsque je vois Fellaini à Everton, je me dis que je pourrais en faire autant.

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