« JE ME SUIS ENDORMI PENDANT ANDERLECHT-REAL… »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Georges Heylens est notre consultant pour les coupes d’Europe.

La dernière journée du deuxième tour de la Ligue des Champions a donné lieu à l’une ou l’autre surprise, comme l’élimination de l’AC Milan ou encore la victoire d’Anderlecht sur le Real Madrid.

Georges Heylens : C’est une bonne chose que le Sporting ait pu quitter cette compétition comme un grand et qu’il ait profité de ce match sans enjeu pour améliorer encore un peu le coefficient de la Belgique pour les prochaines campagnes européennes. Je pense toutefois qu’il faut relativiser la portée de cette victoire. A-t-on vraiment assisté à un match de foot? Raymond Goethals a parlé de partie amicale; pour moi, c’était pire que cela encore. C’est d’ailleurs en faisant cette réflexion au micro de la télé flamande que Raymond m’a… réveillé à la mi-temps. Oui, je m’étais assoupi (il rit). Le Real au complet et motivé, c’est autre chose que ce qu’on a vu la semaine dernière. Quoi qu’en pensent et en disent certains.

Il n’y avait pas davantage d’enjeu dans l’autre match de ce groupe, entre Leeds et la Lazio. Mais quel spectacle par rapport à ce qu’on a vu à Bruxelles! Ce fut une des plus belles rencontres européennes de la saison, avec deux équipes libérées qui alignaient leurs meilleurs joueurs et qui avaient clairement décidé de jouer au football. Cela n’avait rien à voir avec le jeu calculateur du Real.

Quelles retombées prévoyez-vous pour Anderlecht?

La période la plus difficile va peut-être commencer pour les dirigeants. Je sais qu’il est difficile de résister quand on propose 800 millions pour un joueur, mais la direction doit aussi tenir certains engagements vis-à-vis de son public. Espérons que la famille Vanden Stock saura bien réfléchir aux conséquences de départs éventuels de ses meilleurs joueurs. Anderlecht doit investir sur l’avenir et surtout ne pas prendre le risque de repartir à zéro en cédant ses stars.

Manchester s’est finalement qualifié pour les quarts de finale: comme prévu!

Même avec plusieurs réservistes, United était bien trop fort pour le Sturm Graz qu’on a vu la semaine passée. Quand on voit le niveau de Manchester avec plusieurs remplaçants dans l’équipe, on a une meilleure idée de la richesse en profondeur de son noyau. Il n’y a pas eu de match et la qualification des Anglais est logique.

A Milan, par contre, la déception est terrible!

Le président est certainement le plus déçu puisqu’il n’a pas tardé à limoger son entraîneur. Contre La Corogne, j’ai vu un Milan incapable de renverser les événements. Ce Milan-là ne méritait certainement pas d’aller en quarts. Le comportement antisportif d’Albertini, tout au long du match, m’a déçu. Il a commis tellement de fautes qu’il n’était plus plaisant du tout à regarder. De l’autre côté, j’ai vu un tout grand Emerson. A lui seul, il a ébloui le milieu de terrain de son équipe et a fait de l’ombre à tout l’entrejeu italien.

L’autre rencontre n’avait aucune signification et Galatasaray s’est offert une balade à Paris. On a constaté une fois de plus que Galatasaray sans Hagi n’est plus du tout la même équipe. C’est véritablement le phare et le chef d’orchestre. Il faut espérer qu’on ne l’obligera pas à mettre fin à sa carrière pour avoir pété les plombs. Galatasaray pourrait compenser son absence en championnat de Turquie, mais pas au plus haut niveau européen.

Lyon est le grand perdant de la dernière journée dans le Groupe C.

Les Français risquent de regretter encore longtemps l’occasion ratée de Govou dans les dernières minutes. Je souhaiterais les revoir en Ligue des Champions dès la saison prochaine car ils ont montré des choses intéressantes. Tout comme le Spartak Moscou, qui a été grandiose par moments contre Lyon. Les Russes sont malheureusement confrontés à un handicap insurmontable : leur longue trêve hivernale les empêche de rester vraiment compétitifs en coupe d’Europe. Dans l’autre rencontre, le Bayern m’a bien plu contre Arsenal. Le coup de gueule de Beckenbauer, qui avait très mal pris la défaite 3-0 à Lyon, a porté ses fruits. On n’a pas encore revu le Bayern des grands soirs, mais c’était déjà nettement mieux que lors de la sortie précédente.

Quelles conclusions tirez-vous de cette deuxième phase de la Ligue des Champions?

L’Angleterre et l’Espagne ont prouvé qu’elles se portaient à merveille. Ces deux pays ont fait les bons investissements sur les bons joueurs étrangers et cela leur permet de faire la différence aujourd’hui par rapport à l’Italie et l’Allemagne par exemple. Tout le monde veut aujourd’hui aller en Espagne; pas seulement Radzinski (il rit)… Les championnats anglais et espagnol étaient déjà d’un très haut niveau, mais ils ont encore progressé par rapport à la concurrence au cours des dernières années. On pourrait avoir trois équipes anglaises ou trois clubs espagnols en demi-finales de la Ligue des Champions: c’est phénoménal et fabuleux. Et ces nations cumulent encore trois représentants en Coupe de l’UEFA.

Que vous inspire le tirage au sort?

Que ce soit en Ligue des Champions ou en Coupe de l’UEFA, on aura droit à deux finales avant la lettre: un Manchester-Bayern qui nous rappellera les matches Angleterre-Allemagne de la grande époque, et un Barcelone-Liverpool de feu. Le fait que les deux favoris se retrouvent dès les demi-finales ne doit pas faire plaisir à l’UEFA, qui avait essayé de tout programmer pour que cela n’arrive pas. A ce niveau, tous les matches sont en tout cas intéressants: Leeds-La Corogne devrait être très ouvert, avec deux bonnes défenses et deux équipes qui manient bien l’arme du contre. Valence est en pleine euphorie au moment d’affronter un Arsenal en proie au doute. Il faudra que les Anglais retrouvent toutes leurs sensations d’ici le début du mois d’avril pour contrarier les Espagnols.

Pierre Danvoye

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