« Je me sens invincible »

Demain, le Racing Genk dispute le match aller des seizièmes de finale de l’Europa League au VfB Sttugart.

A nouveau titulaire, le gardien Laszlo Köteles se dit prêt :  » J’ai mûri. A présent, plus rien ne peut m’effrayer « , dit-il.

Lors du premier match du championnat, LaszloKöteles commit deux bourdes et le club transféra KristofVanHout. Un mois et demi plus tard, à l’entraînement, le Hongrois se déchirait les ligaments de la cheville droite. A son retour, il reprit place sur le banc mais pendant la trêve, il retrouva la confiance de l’entraîneur et lors du match aller des demi-finales de Coupe de Belgique à Anderlecht, il arrêta un penalty de GuillaumeGillet. Ce n’était d’ailleurs pas son premier de la saison puisque, en championnat, il avait aussi stoppé celui de MilanJovanovic. L’an dernier, il en avait arrêté deux contre Maccabi Haifa et un face à Chelsea.

Vous aimez les penalties ?

Non car le gardien et le tireur ne partent pas à égalité de chances. Un penalty bien tiré est inarrêtable.

Comment faites-vous, alors ?

Je choisis un côté.

Sur quelles bases ?

Certains gardiens regardent des vidéos mais moi pas, ça me déconcentre. Je me base sur les signaux que je reçois au moment même, quand le joueur pose le ballon sur le point de penalty.

Vous observez son corps ? Ses yeux ?

C’est un tout mais permettez-moi de garder mon secret. Dans 75 % des cas, je fais le bon choix mais il faut encore l’arrêter. En coupe, Gillet a attendu que je plonge d’un côté mais je suis resté debout et cela l’a perturbé. Je suis rapide et j’ai de bons réflexes mais c’est avant tout une guerre des nerfs.

Rituels

A quels rituels vous livrez-vous avant les matches ?

Je fais le signe de croix, j’embrasse mes mains et mon alliance. Cela ne m’empêche pas de commettre des erreurs mais quand je ne le fais pas, je ne me sens pas bien.

Votre femme joue un rôle important dans votre vie ?

A la maison, elle fait tout pour moi. Grâce à elle, la maison est un havre de paix et c’est important pour moi. Les footballeurs ne sont pas des robots, ce sont des êtres humains qui ont besoin de chaleur. Sans Maja, je n’aurais pas une vie aussi stable.

Quel genre de célibataire étiez-vous ?

J’étais moins calme que maintenant mais nous vivons ensemble depuis 10 ans. J’ai été célibataire de 15 à 18 ans, lorsque j’ai quitté mon village de sept, huit cents habitants pour Belgrade. Là, j’ai beaucoup travaillé mais j’ai aussi très bien vécu. Ce fut la meilleure période de ma vie mais ça ne me manque pas. Aujourd’hui, je me contente de mes hobbies.

Quels sont-ils ?

J’aime jouer les DJ’s et faire de la musique. J’ai mon propre studio dans ma cave.

Et Maja danse ?

Non, au contraire. Parfois elle m’envoie un SMS en me demandant de baisser le volume parce qu’elle veut dormir ou parce que des amis arrivent. Nous ne restons jamais seuls plus de trois jours. Ici, les gens vont dormir tôt parce qu’ils bossent le lendemain mais en Serbie, les gens n’ont pas de boulot et l’amitié est la seule chose qui leur reste.

Si j’ai bien compris, à 15 ans, vous viviez seul dans un appartement à Belgrade ?

Oui mais je suis très sociable et après trois semaines, j’étais déjà ami avec la moitié de l’équipe. On apprend beaucoup de choses quand on est livré à soi-même mais je pouvais aussi compter sur les gens du club. Je n’ai manqué de rien, les Serbes sont des gens formidables. Tout le monde pense que c’est un pays dangereux mais je ne m’y suis jamais senti en danger. On m’avait dit qu’ils n’aimaient pas les Hongrois parce que la Hongrie avait ouvert son espace aérien aux avions de l’OTAN qui avaient bombardé le pays un an plus tôt mais on ne m’a jamais embêté avec cela. Je suis marié à une Serbe, son frère est mon meilleur ami et j’y retourne toujours avec énormément de plaisir.

Qu’est-ce que ça vous fait de retrouver votre place de numéro 1 ?

Je me sens super bien.

Comment avez-vous vécu ces moments sur le banc ?

Au début ce fut difficile parce que je m’attendais à retrouver ma place très rapidement, d’autant que tout le monde me disait que j’étais le meilleur. Quand j’ai compris que Kristof Van Hout conserverait sa place, j’ai lâché prise et moi, je ne sais pas cacher mes sentiments. Or, dans ce monde, il faut parfois savoir jouer la comédie. Mais je progresse dans ce domaine.

Emotions

Que vous êtes-vous dit ?

Dans ma tête, c’était la confusion. Je me posais plein de questions et ce n’est que plus tard que j’ai compris que j’étais trop négatif.

Qu’est-ce qui a provoqué le déclic ?

Après un très mauvais match avec les Espoirs, GuyMartens, l’entraîneur des gardiens, m’a dit que j’avais l’air d’un pensionné et que je ne reprendrais jamais ma place en jouant aussi mal. J’étais totalement déconcentré, lourd. Je paniquais, je me disais que ma carrière était terminée. Ma femme était au match. Quand nous sommes rentrés, elle m’a demandé ce qui se passait. Alors, j’ai explosé.

De colère ou de chagrin ?

Tout y est passé. Ma femme m’a dit : -Je ne reconnais plus mon mari. Et elle a pleuré. Mais après je me suis senti plus léger et j’ai dit : – Dès demain, je m’y remets. Et ce fut le cas. Chaque jour, je bosse à fond pour montrer que je mérite ma place. StijnQuanten, notre coach mental, m’a dit que j’avais franchi un cap. C’est une expérience intéressante et la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma carrière.

Tout est donc une question d’état d’esprit ?

Oui et j’ai changé parce que je risquais de tout perdre. C’était cela ou mourir. Soudain, tout est devenu plus clair. Je me suis remis au boulot et je dois remercier tous ceux qui m’ont aidé, surtout notre coach mental.

Quel rôle a-t-il joué ?

Il a beaucoup parlé mais il ne pouvait pas changer les choses à ma place. Il ne m’a pas dit ce que je devais faire. Il a apporté des solutions qui m’ont aidé à y voir plus clair.

Comment vous sentez-vous à présent ?

Beaucoup plus fort et plus mûr qu’avant. Je me sens invincible car je sais que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. J’aurais pu tout lâcher mais je me suis battu.

Est-ce la porte ouverte vers un plus bel avenir ?

Elle a toujours été ouverte mais j’ai failli la refermer. En changeant d’attitude, je m’en suis rapproché. J’aurais pu dire que le destin s’acharnait sur moi mais j’ai compris que la vie me donnait une leçon importante et je suis heureux d’être passé par là.

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE

 » Sans l’entraîneur des gardiens,

Guy Martens, et le coach mental,

Stijn Quanten, j’aurais été perdu pour

le football aujourd’hui.  »

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