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 » Je me demandais où j’avais bien pu attraper le virus « 

Après des débuts difficiles, l’avant nigérian Paul Onuachu semblait bien parti à Genk. Avant que le virus anéantisse son été.

Parfois, sans l’avoir prévu, on est d’emblée plongé dans l’ambiance d’un reportage. Cinq minutes avant l’arrivée de Paul Onuachu, qui va nous raconter son été agité, durant lequel il a été testé positif au Covid-19, le KRC Genk annonce qu’un deuxième joueur est contaminé. Peu après l’interview de l’avant nigérian, le gardien Maarten Vandevoordt (18 ans) doit quitter le chic hôtel Ter Duin de Burgh Haamstede, situé sur la côte zélandaise, pour retourner en Belgique et s’y placer en quarantaine.

C’est ce qui est arrivé à Paul Onuachu peu après la reprise des entraînements, alors que l’avant, transféré il y a un an du club danois FC Midtjylland, était déjà rentré en retard du Nigeria à cause des mesures prises dans le cadre de la pandémie.

Accro à CNN

Malgré toutes ces émotions, l’attaquant semble décontracté. Il a repris les séances depuis quelques jours et la veille de notre entretien, il a trouvé le chemin des filets contre Utrecht, après avoir joué une demi-heure contre l’Excelsior Rotterdam. Il n’avait plus joué depuis le dernier match de championnat, sur le terrain d’Ostende. C’était en mars dernier. Comme les autres footballeurs étrangers, Onuachu est resté à Genk, en attendant une éventuelle reprise de la compétition. Il a passé près de deux mois, jusqu’en avril, dans son appartement, en compagnie de son amie. Il a repoussé l’offre du club, qui avait proposé de lui apporter des repas à domicile.  » Je sais cuisiner et mon amie est encore meilleure aux fourneaux.  » Il dit avoir vécu des mois bizarres.  » Nous recevions notre programme d’entraînement chaque semaine et tous les jours, je me levais, j’allais courir dans les bois, je revenais, je passais un moment au balcon, je mangeais, puis je retournais courir, je mangeais, je regardais la télévision, puis j’allais me coucher. Quand j’allais courir, c’était étrange de ne rencontrer personne.  »

Je ne ressentais rien, pas de fièvre, pas de mal de tête, rien.  » Paul Onuachu

Pendant un temps, il est devenu un peu accro à la télé, lui qui ne la regardait jamais.  » Avant, c’est tout juste si je regardais le journal, mais je suis resté collé à CNN pour comprendre ce qui se passait. Au bout d’un mois, j’ai cessé de regarder la télévision. Ça m’a aidé à oublier tout ça. Bien sûr, je me tracassais pour ma famille au Nigeria, mais elle se faisait bien plus de souci pour moi, car la situation était pire en Europe.  »

De retour au Nigeria, il est parvenu à se détendre. Les mesures étaient globalement similaires aux nôtres.  » Là aussi, il faut porter un masque et se laver fréquemment les mains. Mon entourage direct n’a pas été confronté à la maladie.  » Les problèmes ont commencé quand il a voulu revenir en Belgique.  » L’aéroport national était fermé à cause de la pandémie. Il l’est toujours, d’ailleurs.  » Genk a cherché une solution pour rapatrier l’avant depuis un petit aéroport privé, ce qui était autorisé, puisqu’il avait un permis de séjour et de travail en Belgique. D’autres clubs ont eu recours à la même mesure pour les joueurs non-européens. Onuachu est finalement revenu en Belgique avec dix jours de retard. Son premier test a été négatif et il a repris l’entraînement individuellement, sans se douter de quoi que ce soit. Après quelques jours, juste avant de rejoindre le groupe, il a été testé positif.  » La nouvelle m’a terrassé pendant une journée. Je ne sentais rien et je me demandais où j’avais bien pu attraper le virus : à l’aéroport lors de mon retour, via mon meilleur ami, qui est souvent chez moi ? Par mon amie ? Je ne comprenais absolument pas où j’avais pu être contaminé. J’ai immédiatement téléphoné à mes parents pour le leur annoncer et les tranquilliser. Je ne ressentais rien, pas de fièvre, pas de mal de tête, rien.

Après ce premier jour, j’ai tourné la page, après avoir eu une longue conversation avec les médecins. Mon état n’avait pas du tout changé. Par prudence, mon amie n’est pas restée en ma compagnie. Une semaine plus tard, mon test était négatif, sans que je sente que quelque chose ait changé dans mon corps. Je suis sûr que si j’étais resté deux semaines de plus en Afrique, je n’aurais probablement rien remarqué.  »

Courir seul

Il a passé une semaine en quarantaine.  » Les médecins m’ont autorisé à m’entraîner, en plein air et seul. Je leur ai demandé comment expliquer la situation aux autres habitants de l’immeuble. Je vis en appartement et ils pouvaient se demander pourquoi ils me voyaient dans l’ascenseur ou les couloirs alors qu’ils savaient que j’étais contaminé. Genk a envoyé un mot aux habitants de l’immeuble pour leur expliquer que j’avais la permission d’aller courir seul et que je ne représentais aucun danger pour eux. Dès que je mettais un pied hors de l’appartement, j’enfilais des gants et je portais un masque. Le test suivant, une semaine plus tard, a été négatif et j’ai pu m’entraîner avec les autres.  » Ses coéquipiers ne l’ont pas évité, pas plus qu’ils n’ont refusé de jouer dans son équipe ou de partager leur chambre avec lui.  » J’ai continué à partager la chambre avec mon compatriote, Stephen Odey.  »

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