» Je m’étonne « 

On ne se lassera jamais des propos d’un Gil’ en train de réaliser un travail pour le moins surprenant au KV Ostende.

Gilbert Bodart revient en force dans l’actualité. En tant que coach… et non pas, à nouveau, en tant que portier, comme les rumeurs le laissent entendre ! Mais qui aurait pu présager, mis à part son entraîneur évidemment, qu’Ostende occuperait le haut du classement de l’antichambre ?

 » Notre excellente préparation a été déterminante « , prétend Bodart.  » Je suis arrivé à Ostende avec un groupe déjà formé, la plupart des joueurs ayant été choisis par moi. Le courant est donc passé à une vitesse fulgurante entre eux et moi. Cependant, nous avons éprouvé quelques difficultés en début de saison. Ça m’a semblé être un passage obligé étant donné le nombre de joueurs venant de D3. Ces derniers n’étaient pas vraiment aptes à effectuer cinq ou six passes d’affilée et il a donc fallu perfectionner la circulation de balle. Ce qui a eu pour conséquence un jeu efficace et agréable pour les spectateurs. Mes joueurs effectuent beaucoup de mouvements et d’appels de balle et gardent le ballon un maximum de temps de manière à tenter la passe qui va faire mal. Pour sortir du lot en D2, il faut axer les entraînements sur la possession de balle et les phases arrêtées. Peu d’équipes de D2 essayent de jouer de la sorte et pratiquent communément un foot plus physique. Une équation saine des composantes technique et physique ne peut que déboucher sur des résultats. Tactiquement, il a fallu aussi trouver le bon compromis. En possession de balle, on joue en 3-5-2 et en perte, le 5-4-1 est de mise. Tout dépend évidemment du repositionnement de mes joueurs. A Ostende, ils se sont parfois retrouvés à quatre en attaque. Ça semble être risqué mais si la couverture de terrain suit derrière, il ne faut pas craindre d’être offensif !

Par contre, je suis tout à fait conscient que ce type de jeu n’est pas donné à toutes les équipes. J’ai un noyau d’une qualité rare pour la D2. Une quinzaine de joueurs sont capables, sans le moindre problème, d’évoluer chaque week-end à un échelon supérieur. Actuellement, notre carence en gardiens constitue le seul petit hic. Mon titulaire, Kris Willequet, et son remplaçant, Gilles Watty, sont blessés. Je suis donc obligé d’aligner mon troisième gardien : Stefaan Thieren. Pour l’instant, ça ne pose pas de problèmes mais s’il se blessait, la situation deviendrait inquiétante. C’est la raison pour laquelle j’ai obtenu, par dérogation et sur la demande de mes dirigeants, une licence de joueur. Mais il est hors de question que je m’aligne… sauf dans le cas cité. Récemment, j’ai dû rassurer mes joueurs car trop de bruits ont couru et cela m’a excédé. Mon seul souhait est de récupérer le plus vite possible Willequet car cela nous évitera d’investir au mercato « .

Les révélations ostendaises

 » J’ai de véritables révélations dans mon équipe : les défenseurs Anthony Portier et Van Herreweghe, et le milieu de terrain Jürgen Landuyt. Personne n’a parié sur eux au départ et pourtant, ces anciens joueurs de D3 apportent chaque semaine leur pierre à l’édifice ostendais. Mais c’est la charnière centrale de l’équipe qui est éminemment impressionnante. Le Français Bob Cousin, meneur de jeu, m’impressionne de jour en jour. Sa progression est exceptionnelle. Personne n’imaginait non plus qu’il atteindrait son niveau actuel. Je ne l’ai évidemment pas choisi pour rien ! Pour moi, c’est le nouveau Danny Boffin ! Edin Ramcic, travailleur incommensurable, a adopté une attitude de patron. Exactement, ce que j’attendais de lui ! Johan Van Rumst et David Crv réalisent aussi de très bonnes prestations. Mehdi Makhloufi – un autre Français arrivé en début de saison de Visé – est pour moi le joueur le plus sous-estimé du football belge ! Il est réellement bourré de talent et peut jouer à toutes les places, que ce soit en défense ou au milieu. Son pied gauche est phénoménal. A l’entraînement, il fait partie de ceux qui travaillent le plus et le mieux. Bref, je ne taris pas d’éloges à son égard mais attention, il est traité comme les autres. C’est un garçon assez caractériel et il s’est récemment un peu accroché avec Crv. Résultat : il a reçu une amende du club.

Je l’avais rencontré à Beveren et il m’a ensuite suivi à Visé. Il était dans une situation délicate. En effet, il devait logiquement être transféré en Italie mais ça a capoté. Dès lors, il a dû retourner à contre c£ur dans un club sans véritable objectif et qui, en plus, semblait vouloir alléger quelque peu sa masse salariale. Il était donc en train de végéter là-bas et j’ai tout fait pour qu’il signe chez nous. La chance tourne vite en football et Mehdi en est la preuve. Ce qui est génial pour lui, c’est qu’Ostende est située tout près de sa ville : Lille.

En attaque, j’ai transféré Alexandre Lecomte. Beaucoup ont prétendu ne pas comprendre ce choix et ont aussi critiqué ce transfuge. D’après certains, Lecomte est censé être fou et alcoolique mais il n’en est rien. J’ai découvert un véritable professionnel, qui s’est vite révélé être indispensable à notre système de jeu. Comme type de joueur, je le comparerais même volontiers à Jan Koller. Notre secteur offensif est complété par Christophe Lauwers, que l’on ne présente plus. En plus, il habite juste à côté d’Ostende, à Oudenburg.

A Visé, je n’étais pas particulièrement proche de Christophe ou de Mehdi mais je suis vraiment heureux de les retrouver. Attention, je ne considère pas d’avoir fait du social en les rapprochant de leur domicile. En fait, j’essaye toujours d’instaurer un climat fraternel avec mes joueurs mais je reste le patron. Le respect mutuel est une valeur au sein de mon groupe. Mes anciens joueurs appréciaient ma façon de penser et ils me l’ont démontré lorsque je me suis fait virer de Visé. D’ailleurs, ils me téléphonent encore. Ah quelle histoire quand même ! Jeter un entraîneur alors que son équipe vient de réaliser un 27 sur 33, c’est pitoyable. J’aimerais oublier cet épisode mais je suis toujours en procès. Je veux récupérer mon dû. Il existe des entraîneurs qui se prostituent et ce n’est sûrement pas mon cas. Il faut que les dirigeants visétois admettent qu’il n’y a qu’un gagnant dans l’affaire, c’est moi !  »

 » Ostende peut devenir un nouveau St-Trond  »

 » Pour ce qui est de la saison, le maintien reste l’objectif principal. C’est ce qui se trouve dans mon contrat. Mais il est évident que si l’on continue à engranger des résultats, on pourrait viser plus haut. Beaucoup nous voient déjà jouer la tête ! En fait, nous allons être fixés en cours de saison sur notre capacité à aller chercher le titre. Je discute beaucoup avec le conseil d’administration et il semble satisfait de mon travail. J’ai en effet de très bons rapports avec ce dernier. Tout ce que je souhaite pour Ostende, c’est que les dirigeants assumeront le long terme. Il y a réellement quelque chose qui est en train de renaître ici. Les supporters et même les sponsors affluent. Je pense qu’Ostende pourrait devenir un club comme St-Trond. J’y ai signé pour un an et j’espère pouvoir continuer l’aventure en renouvelant mon contrat. Pour cela, je serai jugé en fin de saison. Si je pouvais réussir à la côte, ce serait magnifique. Un déménagement serait dès lors envisageable. Pour le moment, je prends trop de risques en parcourant 2.500 bornes par semaine. Je fais cinq fois l’aller-retour Verlaine-Ostende. J’aspire aussi à la stabilité pour ma famille. Je ne la vois plus beaucoup et elle ne comprend pas toujours mon choix. Mais ce n’est pas un sacrifice tel que celui consenti pour Beveren. A l’époque, en allant au club, je me demandais ce que je foutais dans ma voiture. Maintenant, tout a changé. Plus motivé que moi, c’est impossible !

Si ma profession s’est transformée en passion, c’est grâce à mes joueurs. Je n’ai jamais l’impression qu’ils jouent pour l’argent et ils ne cessent de progresser. Avec eux, j’apprends mon métier et j’essaye de les conseiller au mieux. Mais je ne vais pas me targuer de leur apporter toute mon expérience et mon savoir ! Ce sont les joueurs qui gagnent tactiquement et qui construisent la carrière d’un coach. Je sais que je dois constamment m’améliorer et je suis les cours accélérés, seulement accessibles aux joueurs comptant 40 sélections nationales et 400 rencontres en D1, pour obtenir la licence pro UEFA. Marc Wilmots, Gert Verheyen et Danny Boffin sont mes compagnons de classe et les cours sont donnés en néerlandais. Je m’étonne vraiment. En quelques temps, j’ai presque réussi à devenir parfait bilingue. Je ne parle plus que néerlandais aux entraînements. Je veux faire vraiment réaliser quelque chose dans le métier car ma carrière de joueur m’a laissé un goût de trop peu « .

 » J’ai un noyau d’une qualité rare pour la D2 «  » Ce sont les joueurs qui gagnent tactiquement et qui construisent la carrière d’un coach « 

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