» Je dors dans le luxe avec un coeur de clochard « 

 » Ma mère m’a toujours dit : tu as tout connu à Verviers, il faut que tu laisses une empreinte.  »

Le 4 juillet dernier, Paul-José Mpoku, entouré d’édiles communaux et de jeunes du quartier, annonce la création d’un espace multisports sur la plaine du Verger, en Pré-Javais, le quartier où il a grandi. Le nouveau transfuge du Standard cofinance le projet et va également mettre sur pied une académie pour les jeunes des environs.

Il y a quelques années, nous nous étions rendus avec lui au  » Verger « . Le terrain est quasiment à l’abandon. Mais on continue d’y taper la balle.  » Ma technique : le petit coup de rein, la feinte de frappe, ça vient de là, ça ne s’apprend pas dans un club. Quand tu joues dans la rue, tu penses plus vite.  »

La famille a, jusqu’il y a peu, toujours habité Verviers, à quelques centaines de mètres du  » Verger « , rue des hospices, où s’accolent les habitations sociales dont les premières furent construites au début du XIXe siècle.

 » Ma mère a fait beaucoup de sacrifices pour ses enfants. J’ai eu cette chance- là. À l’inverse, j’ai pas mal d’amis qui ont fini… autre part, en prison notamment. Quand tu n’as pas un suivi derrière, tu peux vite tomber dans la délinquance à Verviers…  »

Polo est un ado turbulent, il multiplie les petits écarts, sans gravité.

 » On va dire qu’il avait son caractère, c’était un enfant de Verviers, quoi « , explique son  » gars « , Joao, qui a grandi à Hodimont, à un peu plus d’un kilomètre du Pré-Javais.

 » Pour beaucoup, à l’adolescence, le parcours c’est l’école, la rue, la maison. Pour, lui, c’était l’école, l’académie, et la maison. Ça lui a permis d’éviter de faire des conneries. Le foot l’a beaucoup aidé à une période qui n’était pas facile pour des jeunes du quartier. Et vers 18 ans, la religion a vraiment été déterminante dans sa trajectoire.  »

Joao fait sa rencontre via son petit frère qui jouait avec lui à Cornesse, le premier club de Mpoku.  » Polo, c’est mon petit (ils ont trois ans de différence, ndlr) ! De nos 8 à 14 ans, c’était la plus belle époque. On traînait ensemble, on jouait tout le temps au foot.  »

Le petit Mpoku, qui ne quitte que très rarement son maillot du Real (dont il est resté supporter), montre rapidement un talent hors-norme.  » Papa, plus tard, je serai une star ! Il avait 10 ans quand il m’a dit ça. Il était sûr de lui. « , se rappelle son paternel, Désiré.

Joao, qui travaille aujourd’hui comme agent pour la société de management PMK40 :  » Ici, à Verviers, il y a un grand respect pour lui, que ce soit le bourgmestre, l’échevin, ou les habitants même s’il y a toujours des jaloux, c’est inévitable. Polo n’a jamais lâché Verviers, il met toujours sa ville en avant, dès qu’il le peut.  »

 » J’ai grandi à Verviers…. Je dis toujours que je viens du rez-de-chaussée « , poursuit Mpoku.  » Il y a une phrase d’un rappeur qui dit Je dors dans le luxe avec un coeur de clochard. J’essaie tout le temps de me rappeler cette phrase.

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