Jardinage et bambins

Comment passez-vous vos vacances ?

Dominique D’Onofrio (50 ans) : A déménager ! Nous pensions que ce serait déjà terminé mais les travaux ont pris du retard au printemps. Notre nouvelle maison est à un kilomètre d’ici, toujours à Ans. Je suis arrivé dans cette région à l’âge de quatre ans. Je ne me voyais pas habiter ailleurs. Nous vivons dans une cité très recherchée car elle est calme. On n’entend que les oiseaux ! Nous cumulons les avantages de la ville et de la campagne, et nous ne sommes pas en zone A pour Bierset ! Malheureusement, de superbes quartiers résidentiels sont expropriés. Nous habitons cette maison depuis huit ans. A l’époque, nous avons cherché pendant neuf mois. Ma mère habite à 800 mètres d’ici, l’école de ma femme est à 150 mètres, la grand-route est juste à côté, comme l’autoroute.

Pourquoi déménagez-vous ?

La maison devient trop petite. Nos enfants, Vanessa (16 ans) et François (13 ans), ont besoin de plus d’espace, pour l’ordinateur, la TV…

Vous êtes né en Italie ?

Oui, comme mon frère et mes deux s£urs. Seul mon frère cadet, malheureusement décédé entre-temps, est né en Belgique. Mon père est venu travailler dans les mines. Il n’a pu nous faire venir qu’au bout de huit ans. Lucien avait deux ans. Le respect mutuel est une notion très importante pour nous. Malheureusement, ce genre de valeurs se perd.

Le football n’a pas toujours été votre profession. Que faisiez-vous avant ?

J’ai obtenu mon diplôme A3 de peintre et tôlier en carrosserie. J’ai travaillé dans ce secteur pendant 20 ans, en cumulant avec le football. J’ai joué 17 ans à Ans puis j’ai entraîné à tous les niveaux, en Seniors et en jeunes. Je suis diplômé de l’école des entraîneurs depuis 20 ans. Ma situation actuelle est un aboutissement que je n’ai jamais recherché. Je n’avais pas de plan de carrière.

Que pensez-vous de la vie des footballeurs ?

Franchement, c’est le plus beau métier du monde. J’ai toujours travaillé huit à dix heures par jour. Arriver à huit heures du matin au Standard ne me dérange pas et je m’attarde deux heures après le dernier entraînement. C’est normal. De même, nous avons le devoir de nous intéresser aux supporters et de véhiculer une bonne image du club. Je me remets en question tous les jours. Je suis rigoureux avec moi et donc avec les autres. Dans la vie, il faut veiller à n’avoir jamais rien à se reprocher. C’est peut-être ma force. Robert Budzinski, le directeur de Nantes, a dit : -Celuiqui renonce à êtrele meilleur cesse d’être bon. J’aime cette citation. (Une pause). J’admire beaucoup les sportifs individuels. J’ai vu le sprinter italien Pietro Mennea à l’£uvre…

Avez-vous des hobbies ?

Le jardin. Je fais tout. Quand je commence quelque chose, j’aime le terminer. Je suis souvent interrompu mais ce n’est pas grave. Il m’arrive d’y travailler quatre ou cinq heures. Ça me détend, même si je continue à penser au football. J’ai toujours été manuel. Je sais tout faire. Et j’achète même les fleurs. Je fais aussi les commissions. Angela me dit que j’achète trop.

Vos enfants sont-ils sportifs ?

Pas ma fille, malheureusement. Mon fils est en Minimes deuxième année au Standard. Il a été transféré d’Ans à six ans, donc avant moi. C’est plus difficile pour lui maintenant. Comme ça l’est pour moi à cause de mon frère Luciano. François est un passionné : quand je suis au vert, il m’envoie les résultats par sms. Pour l’instant, il s’amuse. Il s’entraîne trois fois par semaine, plus le match. Je sais qu’il est difficile d’émerger, qu’il peut stagner, et j’essaie de l’y préparer pour qu’il continue à jouer, à un niveau inférieur, le cas échéant, sans être trop déçu. Le sport est une école de vie.

DOMINIQUE D’ONOFRIO ET ANGELA DI CICCIO

Dominique et vous vivez une belle histoire d’amour. Racontez-la…

Angela Di Ciccio (40 ans) : Je viens du même village que Dominique, Castelforte. Il y retournait chaque année en vacances et c’est ainsi que nous nous sommes connus. Nous avons été fiancés trois ans. J’avais 19 ans, il en avait 29 quand nous nous sommes mariés. J’étais secrétaire dans une entreprise. J’ai tout abandonné pour lui. Ici, j’ai dû apprendre le français, sur le tas. Heureusement, Dominique a toujours eu un large réseau de relations grâce au football. J’ai été plongée dans le bain. Mes parents m’ont beaucoup manqué, au début. La naissance des enfants a toutefois atténué ce sentiment.

Votre mariage lui-même a été spécial !

Nous nous sommes mariés le jour de la finale de la Coupe du Monde 82. L’Italie la disputait… Nous nous sommes mariés l’après-midi, en plus. Nous avons dû louer cinq TV pour la salle du restaurant. Nous avions 200 invités. Nous avons mangé devant le poste et comme l’Italie a gagné, nous avons vraiment fait la java !

Aimez-vous le football ?

Oui. Je suis supporter de l’Inter. Dominique pencherait plutôt pour la Juve et la Lazio.

Quelle est la nature de votre travail ?

Je m’occupe de la garderie des enfants de maternelle depuis trois ans. Je les prends en charge en dehors des cours : le matin, durant le temps de midi et après les cours. Ils ont trois ou quatre ans. Certains ont déjà un sacré caractère ! J’ai failli arrêter car certains ont des problèmes d’éducation et moi, je m’en occupe comme si c’étaient les miens. Mais ils sont si affectueux ! L’un d’eux vient de me dire : -Madame, l’année prochaine, je ne serai plus avec vous mais quand je vous verrai, je viendrai vous donner un bisou. En fait, j’ai toujours adoré les enfants et j’aurais voulu être enseignante, mais mon père a refusé : l’école était à 30 km du village et Dieu sait ce qui pouvait arriver, n’est-ce pas ? (Elle rit). Il était sévère mais j’en suis heureuse : on nous a inculqué le respect de nos parents. (Dominique :  » A 16 ans, elle était déjà très mûre. Comme ses parents travaillaient tous les deux, elle commençait la préparation du souper et elle aidait sa mère dans le ménage « .)

Etes-vous sportive ?

Avant la naissance des enfants, j’étais une adepte de la gym-tonic. Depuis, je n’ai plus le temps. Peut-être en referai-je avec Vanessa. Elle est cinéphile mais elle aime le football aussi. Elle supporte l’équipe d’Italie et elle adore Maldini. C’est son frère qui nous l’a dit, pas elle ! Elle a découpé la page de votre magazine avec sa photo. Mais elle n’a assisté à un match du Standard que récemment, pour les 50 ans de son père. Peut-être sera-t-elle plus assidue l’année prochaine…

Prenez-vous des vacances ?

Dominique ne nous a plus accompagnés depuis quatre ans. Ça tombe mal car les enfants sont en examens. Je retourne dans notre famille avec les enfants. Dans quelques années, quand les enfants seront plus grands, nous pourrons partir en couple. Nous n’avons pas eu de week-end depuis deux ans. Et je ne me fais pas d’illusions : à 80 ans, Dominique vivra encore pour le foot ! (L’intéressé :  » J’ai une chance exceptionnelle d’avoir une femme qui me comprend et s’adapte à moi, sinon, notre couple aurait sans doute suivi le même chemin que ceux de nos amis : nous sommes les seuls à être encore unis sur une dizaine de couples  » !)

Quels sont vos loisirs ?

J’aime me promener en ville, faire les magasins. Dominique m’accompagne. Par contre, je ne suis pas resto : quand nous avons du temps libre, nous le passons en famille. Les enfants préfèrent une ambiance plus intime. Je suis aussi une accro des informations. Je regarde la RAI et je lis les journaux.

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