» Jans met fortement l’accent sur la possession et les détails. Ça me change de Majorque ! »

Le nouvel attaquant du Standard ne doute pas de ses qualités même après un exil difficile en Espagne. De retour au pays, il est prêt à rebondir.

Premier gros transfert du Standard, Marvin Ogunjimi a fait le point avec Sport/Foot Magazine, parlant de son échec à Majorque, de sa volonté d’aller à la Coupe du Monde 2014 et de son désir de réussir au Standard. Mais également de son rôle de père…

Quel effet ça te fait de revenir en Belgique, huit mois après avoir quitté Genk ?

Marvin Ogunjimi : Ça fait plaisir. J’ai passé de bonnes saisons en Belgique et je suis content que le Standard ait fait le nécessaire pour me transférer.

Pourquoi avoir préféré la Belgique à l’étranger ?

Si j’avais opté pour l’Angleterre ou l’Italie, j’aurais dû tout recommencer à zéro et prouver ma valeur. Ici, on connaît mes qualités et on sait ce dont je suis capable. Après une année difficile en Espagne, j’ai préféré privilégier une meilleure adaptation. Certains clubs étaient intéressés mais voulaient que j’attende encore trois ou quatre semaines. Or, je ne souhaitais pas retourner à Majorque et entrer de nouveau en conflit avec l’entraîneur. J’ai demandé à mes agents de privilégier la piste Standard où je connais presque tout le monde. C’était donc un choix facile.

Tu aurais pu revenir à Genk ?

Non, même si le club avait voulu parler avec moi, j’aurais refusé. Pour moi, c’est un dossier fermé. Je n’ai aucune rancune envers les dirigeants de Genk. Ce sont des choses qui se passent dans le milieu du foot mais Genk, c’est le passé ( NDLR : Les dirigeants limbourgeois l’avaient accusé de ne pas se donner à fond avant son départ et avaient fait pression sur l’entraîneur pour qu’il le mette sur le banc. Il avait en effet signé à Majorque en août mais n’avait rejoint le club espagnol qu’en novembre). Maintenant, je suis au Standard !

Lors de la conférence de presse de présentation, tu es venu avec ton fils. Ton retour en Belgique constitue-t-il aussi un choix familial ?

A Majorque, j’étais tout seul. Je me souviens que Fabien Camus m’avait prévenu en me disant qu’il fallait toujours prendre quelqu’un avec soi quand on partait à l’étranger. Il avait raison. Quand tu ne joues pas ou que tu as des problèmes avec l’entraîneur, c’est bien de se changer les idées en famille. Ma copine ne pouvait pas me suivre car elle avait toujours des cours. Mon fils me manquait beaucoup. Je l’ai pris lors de la présentation pour dire – C’est mon fils et c’est aussi pour lui que je suis revenu. Ma mère m’a élevé presque toute seule. Moi, je veux être là pour mon fils. Je voulais montrer que j’avais changé, que je n’étais plus le Marvin fou. Mon premier job, c’est d’être papa et puis seulement joueur de foot.

 » Je n’ai jamais trop apprécié les longues balles « 

Tu as l’impression d’avoir perdu un an dans ta marche en avant ?

Pas vraiment un an puisqu’en octobre, je faisais encore partie de la sélection nationale et que j’ai rejoint Majorque qu’en novembre. Puis, j’ai eu une blessure et des problèmes avec l’entraîneur.

Avec le recul, estimes-tu avoir fait le bon choix en partant en Espagne ?

Pour moi, oui. Pendant deux saisons, j’avais mis plein de buts avec Genk. Si j’étais resté une saison supplémentaire, j’aurais stagné. Partir constituait la bonne solution. J’ai choisi l’Espagne car j’aime le style de jeu espagnol, offensif et basé sur les combinaisons. Je n’ai jamais trop apprécié les longues balles. Malheureusement, l’entraîneur Michaël Laudrup, est parti juste après ma signature. Joaquin Caparros lui a succédé et entre lui et moi, cela n’a jamais fonctionné. D’autant plus qu’il misait beaucoup plus sur les longs ballons.

Comment expliques-tu que Caparros ne t’ait jamais vraiment fait confiance ?

Lors du match contre Betis, j’ai réagi à sa manière de jouer. On menait 1-0 mais on n’arrêtait pas de balancer de longs ballons. Or, comme ce n’est pas mon style de jeu, j’ai demandé qu’on joue un peu plus au sol. Il a alors dit qu’il n’alignerait pas ceux qui ne voulaient pas jouer à sa manière. Après ce match, je ne suis plus rentré dans ses plans. En résumé, on peut dire qu’il n’était pas mon meilleur ami et qu’il m’a jeté comme une m…

Tu as regretté ta réaction ?

Non, car sur le coup, j’étais énervé de voir tous les ballons me passer au-dessus. J’espérais les recevoir dans les pieds.

Est-ce que Majorque t’a laissé partir facilement ?

Je pense que le président m’apprécie toujours. D’autant plus qu’il avait misé gros sur moi mais je me suis heurté à un mur : l’entraîneur. Majorque n’a quand même pas voulu me vendre et a privilégié le prêt : cela montre que le club croit encore en moi. Caparros n’a plus qu’un an de contrat : on verra donc à ce moment-là ( il rit). Et puis, si je marque beaucoup de buts au Standard, le club pourrait récupérer une partie de sa mise de départ…

 » La jeunesse peut devenir la puissance d’une équipe « 

Comment réagis-tu quand tu entends que la presse espagnole te traite de plus gros flop de Majorque ?

Je comprends ! Financièrement, ils ont un pris un risque ( NDLR : Majorque avait déboursé 2,7 millions d’euros) et je n’ai jamais pu montrer mes qualités. Je n’ai pas eu le temps de jeu attendu. Ce n’est donc pas de ma faute.

Que retiens-tu de ton passage dans la Liga ?

Que le foot, ce n’est pas que le talent. Il y a parfois des man£uvres en coulisses. Ce n’est pas toujours le terrain qui parle et il faut savoir être très fort mentalement dans certaines circonstances.

Est-ce que tu as douté de tes qualités ?

Non, jamais. Je n’ai pas pu me mesurer avec les autres. Comment voulez-vous que je sache si j’ai le niveau ou pas ? Lors de mon premier match, on a gagné 6-1 et j’avais réalisé une bonne prestation. Mais après, je n’ai plus reçu ma chance.

Mais tu as touché le rêve espagnol…

Oui, j’ai joué au Real, j’ai senti la passion qui anime les joueurs, les entraîneurs et les supporters. Cependant, je n’ai pas vu de grosse différence de niveau et de professionnalisme entre le Standard et Majorque. Certes, il y avait des gens destinés à laver nos chaussures, ce qu’on n’a pas en Belgique, mais je pense que le Standard n’a rien à envier à Majorque si on regarde les installations.

Quelle est ton ambition en revenant au Standard ?

Terminer dans le top 3. Il y a beaucoup de qualités dans ce groupe. Même si on compte beaucoup de jeunes. La jeunesse, cela peut devenir la puissance d’une équipe. Avec l’enthousiasme.

 » Pour le moment, on peut viser le top 3 « 

Quel discours le Standard a tenu pour te convaincre ?

Ils n’ont pas eu besoin de me convaincre.

La dernière saison et le nombre de départs (Tchité, Cyriac, Felipe) n’ont pas mis un frein à ton envie de signer au Standard ?

A Genk, à l’arrivée de Vercauteren, le club n’allait pas trop bien. On a décidé de lancer des jeunes et l’année suivante, on était champion ! Hubert, Anele, Courtois, De Bruyne, Vossen et moi, on était tous jeunes. Il n’y avait, à l’époque, que Matoukou et Töszer comme joueurs expérimentés. Avoir un groupe jeune comporte toujours des avantages et des inconvénients. Moi, je vais essayer de guider ces jeunes le mieux possible. Je me dis que j’étais à leur place il y a quelques années…

Mais ne manque-t-il pas un peu d’expérience ?

On verra. Pour le moment, on peut viser le top 3. Avec un ou deux transferts supplémentaires, on pourra peut-être viser plus haut. Mais, ce n’est pas à moi de décider. Moi, je suis content d’être dans ce groupe.

Est-ce que le Standard est prêt pour la reprise ?

Laissez-nous encore trois semaines. Chaque jour, on comprend mieux ce que le coach désire. Je suis sûr qu’on sera prêt pour la reprise.

Ce groupe a-t-il autant de qualités que celui de Genk champion ?

Le temps nous le dira. A l’époque, personne ne pensait qu’on allait être sacré. Tout le mérite en revient à Vercauteren, qui nous a mis en confiance. Au Standard, les jeunes comme Batshuayi, Mujangi Bia ou Vainqueur ont beaucoup de qualités. Si l’entraîneur arrive à créer une équipe, on peut aller loin.

Comme tu as joué aux Pays-Bas, tu connaissais Jans…

Oui. Aux Pays-Bas, tout le monde respecte le travail qu’il a effectué avec Groningen. Il met fortement l’accent sur le football, la possession et les détails. Cela me change de Majorque ( Il rit). Tout le monde croit que le foot espagnol repose sur la technique. C’est vrai pour les huit meilleures équipes mais pas pour celles qui jouent le maintien.

 » A Majorque, il n’y avait pas de joueurs comme De Bruyne « 

Est-ce que Jans t’a dit ce qu’il attendait de toi ?

Il m’a dit qu’il me suivait depuis mon passage aux Pays-Bas. J’ai été surpris par tout ce qu’il savait sur moi et cela a fini par me convaincre de signer au Standard. Jans aime mon profil et il m’a dit que je devais être important pour l’équipe. Pas seulement sur le terrain mais également dans l’encadrement des jeunes. Il sait que je suis avant tout un attaquant central mais il ne m’a pas encore vraiment expliqué le rôle que je devrai occuper dans son dispositif.

Comment se sont déroulés les premiers entraînements ?

Dans la bonne ambiance. Mais il y a aussi beaucoup de sérieux. Tout le monde arrive à l’heure. On travaille beaucoup la possession et on peaufine la condition physique.

Comment expliques-tu la saison difficile de Genk ?

Le départ de Vercauteren explique beaucoup. C’est le meilleur coach que j’ai eu dans ma carrière. Son style était différent de celui de Mario Been. Il a fallu s’adapter et cela a pris quelques mois. Je ne crois pas que mon départ ait déstabilisé le club. Peut-être un peu au début mais après, Christian Benteke a parfaitement pris le relais.

Est-ce que le groupe s’est senti abandonné par Vercauteren ?

Je n’étais pas là quand Genk est parti affronter Maccabi Haïfa. J’étais blessé et j’étais resté au pays avec Kevin De Bruyne. J’ai appris par la suite qu’il avait pris ses valises et qu’il était parti. On peut comprendre son choix. Il est parti pour l’argent et le projet qu’on lui proposait là-bas. Au début, on était un peu sous le choc, surtout parce qu’il avait interdit aux joueurs de partir avant telle date et que lui-même ne respectait pas cela. Le groupe s’est demandé pourquoi il avait tenu de tels propos, puis, la déception est passée et tout le groupe a préféré retenir le formidable travail qu’il avait effectué pendant un an et demi.

Comment analyses-tu la saison de Courtois en Espagne ?

Ça me fait plaisir pour lui. Je suis certain que dans deux ans, il sera le meilleur gardien du monde. Et je pourrai être fier de dire que j’ai joué avec lui !

De l’équipe championne, Courtois et De Bruyne ont réalisé de gros transferts…

Ils représentent le haut niveau. Même à Majorque, il n’y avait pas de joueurs comme De Bruyne. Il sait jouer des deux pieds, a une frappe extraordinaire. Courtois et De Bruyne vont réaliser une grande carrière.

Et toi, où te situes-tu par rapport à ces deux-là ?

On ne peut pas me comparer à Courtois. Lui, il est trop loin par rapport aux autres joueurs belges. De Bruyne a signé à Chelsea, moi à Majorque. Ce n’est pas la même catégorie !

Le Standard, c’est un tremplin pour un retour à l’étranger ?

Je n’ai rien à prouver à quiconque. Je n’ai que 24 ans et j’appartiens encore à Majorque. On ne peut pas dire de quoi l’avenir sera fait. Mais, rester au Standard ne me déplairait pas.

A 24 ans, quel regard portes-tu sur ton parcours ?

Je pense que j’ai progressé. Avant, j’étais un peu trop fainéant. Le déclic s’est produit avec Vercauteren et Vanhaezebrouck. Ils m’ont donné la confiance nécessaire. J’ai besoin qu’un entraîneur soit derrière moi. Parfois, lorsque je ressentais une petite douleur, j’avais tendance à faire l’impasse sur les entraînements. Vercauteren m’a appris à m’entraîner différemment plutôt qu’à rester à la maison à ne rien faire.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

 » Le Standard n’a pas eu besoin de me convaincre. « 

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