Jan Polak

« Je ne puis imaginer de vie sans football. Je n’ai aucune idée de ce que je serais devenu sans le foot. Gamin déjà, je rêvais de devenir footballeur professionnel et j’ai tout mis en £uvre pour réussir. C’est mon travail, ma vie et je l’aime. Je suis très heureux, je ne cultive aucun regret. J’ai connu une jeunesse heureuse. Mon frère a quatre ans de moins, nous jouions dehors avec les autres enfants de l’appartement que nous habitions. J’étais un bon élève à l’école. Je tiens ça de ma mère. D’ailleurs, je lui ressemble. Elle ne s’intéressait guère au football mais était très attentive à mes résultats scolaires. Elle était, entre guillemets, plus maligne que mon père. Il est manuel. Et perfectionniste. Il a été un excellent footballeur de D2 tchèque. Au début, il a même été mon entraîneur.

J’aime mon confort. Cool, en famille, avec mes amis. Je n’ai pas de besoins particuliers. J’essaie d’être toujours positif, même quand j’ai des problèmes. Quand c’est possible, j’aide les autres. Par contre, j’ai tendance à tout reporter au lendemain. Depuis que je suis marié, je me suis toutefois bonifié. Je veux mettre de l’ordre dans ma vie, trouver une place pour tout. Ma famille et le football, je n’ai rien d’autre.

Ceux qui me connaissent affirment que je suis resté le même. Je joue au football. Pourquoi devrais-je changer ? Je reste en contact avec quelques amis de l’école. D’autre part, comme je suis sous les feux de la rampe, des gens aiment être vus en ma compagnie. Ils m’ont délaissé quand j’étais blessé. C’est une expérience de vie : on voit en qui on peut faire confiance. Ma famille et trois ou quatre vrais amis : ça me suffit.

Mes parents n’étaient pas croyants. Moi non plus. Je ne crois pas en dieu mais en un dieu du football. C’est pour ça que je fais un signe avant les matches : je crois que cela m’aidera. Je ne peux l’expliquer en d’autres mots. Le football est ma vie et dans cette existence-là, je crois en un dieu du football. Il n’y en a pas dans ma vie privée.

On dit que l’argent change les gens. D’accord, les footballeurs en ont mais qu’est-ce que cela représente ? L’essentiel est d’être en bonne santé. Sinon, on n’est rien. Certainement pas dans ma branche, d’ailleurs. Et non, je ne trouve pas que je dois renvoyer l’ascenseur à quelqu’un. Pourquoi le devrais-je ? Chacun peut choisir ce métier. Tout le monde ne naît pas avec le même talent mais c’était pareil pour moi. Seulement, j’avais un rêve et j’ai travaillé dur pour le réaliser. Mon premier contrat était minable mais quand vous êtes meilleur que les autres, vous signez ailleurs et gagnez davantage. C’est comme ça que ça fonctionne partout.

Un footballeur est un nomade mais si vous devez déménager de Bruxelles à Bruges pour avoir un meilleur job, vous le faites ? Peut-être partirai-je en Angleterre. Encore faut-il y réussir, saisir sa chance. Sinon, je reviens.

Je sais déjà qu’au terme de ma carrière, je ne pourrai pas rester à fainéanter à la maison. Conduire les enfants à l’école, lire le journal, boire un café, ce n’est pas mon truc. Je dois me délivrer de mon énergie.

Le football est l’essentiel pour le moment. Je me concentre dessus. La politique, les problèmes du monde, l’avenir de la planète, je n’y réfléchis pas trop. D’ailleurs, comment pourrais-je changer le monde ? Les gens qui ont des idées ne manquent pas. Et à moins d’être un dictateur, on ne change pas les choses seul.  » l

par jan hauspie

 » Je ne dois rien à personne, j’ai travaillé dur pour arriver. « 

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