Jacques Maricq, président depuis 48 ans…

 » Je suis passé brièvement par le Royal Léopold-Uccle-Forestoise en 2003 et je retiens surtout la personnalité hors du commun de son président, Jacques Maricq. Les dirigeants passent, les clubs restent. A Uccle, c’est totalement différent : Maître Maricq préside depuis 47 ans un club actuellement en Promotion B, coaché par Olivier Suray que j’ai entraîné autrefois à Charleroi. Fondé en 1893, le Léopold Club (Matricule 5) a fusionné avec Uccle Sport en 1990 et La Forestoise en 1996 avant de répondre à son appellation actuelle de Royal Léopold Uccle Football Club en 2005. Maricq s’identifie totalement à son club depuis 1964 : tout un bail. Et il en a vécu des situations cocasses et même assez délicates. Des gloires de D1 sont passées par le Léo à la fin de leur carrière, comme Paul Vandenberg (ex- Union, Standard, Anderlecht, Crossing) ou Jean-Pierre Janssens (Union, Anderlecht).

Mais l’exemple le plus frappant concerne Julien Kialunda, qui fut mon équipier au Sporting durant des années. Cet ancien du Parc Duden assura brillamment la succession du plus grand arrière central de l’histoire des Mauves et du football belge, Laurent Verbiest, décédé dans un accident de la route en 1966. Quelques années plus tard, en 1973, alors qu’une nouvelle génération montre le bout du nez, Juju, que nous appelions aussi Blanchette, décide de quitter Anderlecht. Et, du jour au lendemain, il redevient amateur, passe sans transition des matches européens aux  » affiches  » des séries provinciales sous le maillot du Léopold. Personne n’a jamais su ce qui poussa mon ami congolais à prendre un virage aussi radical. Je suppose que Julien n’était pas d’accord à propos du montant exigé pour un transfert vers un autre club de D1 : 450.000 euros.

Au bout de quelques négociations, il contacte le président Maricq et rejoint gratuitement le Léo. Il y reste sept ans, de 1973 à 1980, et là-bas, personne n’a oublié ce joueur-entraîneur hors norme. La preuve : en 1987, le professeur Henri Taelman, de l’Institut des maladies tropicales à Anvers, lance un S.O.S. désespéré : atteint du sida, Kialunda n’a pas les moyens de payer les soins et la chambre. Il ne se retrouve heureusement pas à la rue car Anderlecht et le Léo montrent leur générosité. Suite à une demande de la veuve de Julien, le président Maricq est ensuite intervenu de sa poche afin de payer les frais d’enterrement. Amateur de tennis, des romans d’ Amélie Nothomb et des paysages de la Toscane, cet avocat ne cesse de se battre pour son cher Royal Léopold Uccle FC et ses centaines de jeunes joueurs. La saison prochaine, le Matricule 5 fêtera ses 120 ans d’existence : il n’ y serait jamais arrivé sans le président Maricq.  »

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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