» J’étais leur chouchou « 

L’ex-gardien revient sur ses problèmes. Il explique pourquoi, face à l’indécision, il a rompu son contrat début juillet. A 30 ans !

Pourquoi avoir quitté Charleroi ?

Stéphane Coqu : Plusieurs paramètres sont entrés en jeu. Premièrement parce que les dirigeants n’ont pas eu la possibilité de revoir mon contrat à la hausse. Cela a abouti à un premier clash. Deuxièmement, parce que depuis des semaines, il n’y a pas d’entraîneur, ni de renforts et que j’estime que l’équipe n’est pas prête pour la D1.

On a évoqué une prime de montée qui n’aurait pas été versée…

Oui, c’est vrai. J’estime que quand on remplit un impératif (car la montée constituait un impératif) on doit être récompensé. Il n’y avait pas de délai fixé pour cette prime. Puis, on nous a demandé de patienter jusqu’en octobre. Je peux comprendre la situation et que le Sporting veuille attendre de recevoir les droits TV avant de nous la verser, mais je ne pouvais pas attendre. J’étais dans l’urgence.

C’est-à-dire ?

J’éprouve actuellement des difficultés financières et j’ai demandé de l’aide aux dirigeants. J’ai gagné beaucoup la saison dernière car j’avais un contrat au mérite. Et comme on a remporté beaucoup de matches, les primes suivaient. Mais depuis la fin de championnat, je ne reçois plus grand-chose. J’espérais qu’avec cette montée, on revaloriserait mon contrat. J’aurais aimé qu’ils me tendent la main mais ils n’ont pas pu. Je comprends leur point de vue et je ne leur en tiens pas rigueur. Certains supporters pensent que j’ai pris la grosse tête avec la montée. Les gens qui me connaissent savent que ce n’est pas vrai. Cependant, ces supporters ne maîtrisent pas toutes les données. Je crois que je constituais un des plus bas salaires du noyau. Quand il n’y a pas de match pendant deux mois et demi, cela signifie que mon salaire est divisé par cinq. Qui peut vivre de la sorte ?

N’as-tu pas peur d’avoir pris une décision trop rapide ?

Certains vont dire que je me suis chié dessus et que je suis parti trop tôt. Mais je sortais d’une bonne saison et comme on ne fait pas de bonne équipe sans bon gardien, j’attendais un bon contrat. Je vais maintenant essayer de retrouver un projet sportif.

Pourquoi dis-tu que le groupe n’est pas prêt pour la D1 ?

J’en ai pris conscience au fur et à mesure. Nous avons débuté sans préparateur physique. Quand je suis parti, le groupe n’était pas au point. De plus, Mario Notaro ne voulait pas devenir T1. En voyant tout cela, j’allais à l’entraînement avec moins de plaisir. Il y a donc des moments où il faut se poser les bonnes questions !

 » On ne va pas à la guerre avec 4 ou 5 vrais guerriers. « 

Pour toi, le maintien est utopique ?

J’espère me tromper et que Charleroi va réaliser une bonne saison mais cela va être compliqué. Il y a des qualités dans le groupe mais aussi un gros manque d’expérience. J’étais le seul trentenaire. Or, je n’ai jamais goûté à la D1. Comme peu de monde dans le groupe ! J’aurais pu faire avec mais j’ai vu trop de signaux passer au rouge. Mon seul regret demeure de ne pas avoir connu la D1. Beaucoup de monde m’attend à ce niveau-là.

As-tu eu peur de ne pas être à la hauteur ?

Non. J’assume ma décision et je ne crois pas être limité pour la D1. Mais tout n’était pas mis en £uvre pour réussir en D1. On ne va pas à la guerre avec 4 ou 5 vrais guerriers. Or, actuellement, mi-juillet, les 18 joueurs de Charleroi n’ont pas le niveau de la D1. Le président pense qu’avec l’équipe actuelle, on peut bien figurer en D1. Pourtant, tout le monde dit qu’il y a un fossé entre la D2 et la D1. J’espère me tromper. C’est peut-être moi qui fais fausse route. Si le Sporting réalise une grosse saison, je ne pourrai en vouloir qu’à moi-même.

D’autres joueurs risquent-ils de réagir comme toi ?

Je ne crois pas. Moi, je ne suis pas patient. Je suis spontané.

En janvier, tu as déjà critiqué la gestion sportive. As-tu l’impression qu’on t’a écouté ?

J’ai eu plusieurs sons de cloche. Si cela n’avait tenu qu’au président, je n’aurais pas fini le championnat et il aurait préféré mettre un jeune à ma place. A 30 ans, on ne sait en effet plus faire d’argent sur moi. Mais certaines personnes se sont battues pour moi.

Qui ?

Tibor Balog, notamment.

 » Pendant trois semaines, on n’a vu personne ! « 

Est-ce que le titre a masqué certains manquements ?

Nous n’étions pas forcément la meilleure équipe de D2. Ce titre, nous l’avons gagné grâce à notre état d’esprit, à l’envie et aux supporters. Mais d’autres équipes ont été plus fortes, sur le plan football.

Que manque-t-il à Charleroi ?

Beaucoup de choses. D’abord, un joueur d’expérience qui stabilise chaque ligne. Aujourd’hui, le plus vieux du groupe a 27 ans ! Il faut des hommes de vestiaire. Charleroi a un groupe jeune et à certains moments, il faut taper du poing sur la table. En plus, lors de la première journée, Mijusko Bojovic et Abraham Kumedor seront suspendus. Or, Bojovic a tenu la défense la saison dernière. En plus, en attaque, si Bison Gnohéré se blesse, ils vont jouer avec qui ? Et même s’il ne se blesse pas, il ne peut tenir une saison complète, seul en attaque.

Est-ce que les bruits de reprise ont perturbé la préparation ?

C’est difficile à dire. D’abord, je tiens à dire que le président Abbas Bayat est une personne respectable. Il nous a toujours payés en temps et en heure ; il a toujours tenu parole mais nous étions inquiets de ne pas le voir à la reprise. Pendant trois semaines, on n’a vu personne ! Dans cette période de rumeurs, on aurait aimé recevoir plus d’attention.

Que retiens-tu de Charleroi ?

Charleroi m’a redonné l’envie de jouer. Ce qui n’était plus le cas quand je suis arrivé. Sans manquer de respect pour Boussu-Dour, jouer sur des mauvais terrains, sans éclairage, cela fait mal au foot. A Charleroi, j’ai retrouvé un cadre plus pro. J’ai vécu de belles émotions. Je me souviendrai toute ma carrière de ces supporters qui scandent mon nom. J’étais leur chouchou. Cela reste des moments inoubliables.

Tu pars sans certitude de retrouver un club ?

Oui. Je n’ai pour le moment aucun club. Je reçois des propositions de Grèce, Chypre, Pays-Bas. On va voir. Par contre, en Belgique, il n’y a aucun intérêt. Je n’imagine pas arrêter à 30 ans. Et s’il faut redescendre d’une division, je le ferai.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

 » Certains vont dire que je me suis chié dessus ! « 

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