» J’aurais voulu tout donner mais j’en étais incapable « 

L’ancien attaquant de Genk et des Rouches s’explique en exclusivité sur son échec à Sclessin.

Libéré par le Standard et renvoyé à l’expéditeur (Majorque), Marvin Ogunjimi a accepté de nous accorder une interview, un jour après avoir passé les examens médicaux au Beerschot et alors que Majorque faisait le forcing pour le vendre à d’autres club intéressés. L’ancien attaquant international revient sur son échec au Standard, en toute humilité mais piqué au vif par les propos de Jean-François de Sart.

Comment expliques-tu ton échec au Standard ? Uniquement par tes problèmes à la thyroïde ?

Il y a des choses que personne ne sait et qu’il vaut mieux ne pas savoir. Mais c’est vrai que j’ai d’abord été hors forme, puis malade et ensuite blessé et que je ne suis revenu dans le coup que début décembre. Je n’en veux pas au nouveau coach de ne pas m’avoir aligné car c’est le foot. Il a mis sur pied une équipe et je suis revenu dans le parcours un peu trop tard. L’attaque tournait alors bien.

Par contre, tu as été blessé par certains propos…

Oui, principalement ceux tenus par Jean-François de Sart dans Sport/Foot Magazine. Lorsqu’il dit que je n’avais pas faim aux entraînements (NDLR :  » Nous n’avons jamais vu qu’il avait faim. On n’a jamais senti qu’il avait l’avidité ou la volonté de se lancer dans l’aventure. Et lorsqu’on lui faisait le reproche, il répondait toujours de manière laconique), je ne comprends pas. Quand tu as ce que j’ai à la thyroïde, cela te fatigue et tu ne sais rien faire. Et puis, je me suis blessé. Que voulez-vous que je fasse ?

Quand as-tu appris que tu ne rentrais plus dans les plans du Standard pour le 2e tour ?

Juste avant le match contre le Beerschot. De Sart m’a appelé après l’entraînement pour me dire que je n’étais pas repris dans le groupe et qu’il ne comptait plus sur moi. Quand je lui ai demandé les raisons, il m’a dit qu’il s’agissait de la décision de l’entraîneur. Une semaine après, il affirme dans la presse que je n’ai pas eu le comportement adéquat aux entraînements. Je respecte monsieur De Sart mais il aurait pu me le dire en face. Ces propos ont touché ma mère, mon frère et ma soeur. Désormais, j’entends que je ne suis motivé que par l’argent. J’aurais voulu tout donner pour le Standard mais je n’en étais pas capable. Les clubs extérieurs qui vont lire les propos de De Sart vont croire que je ne veux plus jouer au foot, que je n’ai pas une bonne mentalité. Or, au contraire, je suis motivé pour revenir au plus haut niveau.

On a l’impression que ta relation avec le Standard était pourrie dès le début…

Non. Sportivement, mon passage au Standard est un échec mais j’en garde cependant un bon souvenir. Je ne dirai jamais de mal du Standard car je sais que je n’étais pas en forme et qu’ensuite, d’autres ont fait leur trou.

Est-ce que le Standard t’a placé dans les conditions idéales pour que tu réussisses ?

Je préfère ne pas parler de cela. C’est entre moi et le Standard.

 » Ezekiel, c’est le top  »

Pourtant, le flirt avec le Celtic de Glasgow prouve que ton histoire avec le Standard était bancale dès le début…

Le Celtic a montré de l’intérêt ; mon agent s’est manifesté auprès du Standard qui a accepté que je négocie avec le club écossais. Je pense que les dirigeants ont eu peur que je ne revienne jamais en forme, à cause de mon problème de thyroïde. Je peux les comprendre. Le foot, c’est un sport d’argent et le Standard a eu peur de devoir payer un joueur qui ne joue pas.

Comment as-tu pris ce bon de sortie : comme une faveur du Standard ou comme un manque de confiance et de soutien ?

Les deux. Ils ont été corrects ; ils n’ont pas fermé la porte mais je crois que pour moi, ce n’était pas le bon moment pour tenter cette aventure. Pour ma carrière, il valait mieux ne pas quitter le Standard.

Tu estimes ne pas avoir ta place dans l’équipe de Rednic ?

Peut-être que maintenant que je suis revenu en forme, je pourrais jouer davantage, oui. Mais pas avant. Cependant, je comprends le coach. L’équipe tourne ; un attaquant comme Imoh Ezekiel, tu ne peux pas le mettre de côté car il est trop fort. Pour moi, c’est l’attaquant le plus complet et puissant en Belgique après Mbokani.

Tu quittes le Standard avec un pincement au coeur ?

Un peu car je me suis fait des amis pour la vie. J’ai fait de belles rencontres.

Avec le recul, signerais-tu au Standard ?

Oui, car cela reste un club avec un grand nom. Mais je n’étais pas prêt physiquement. J’aurais bien aimé y rester.

Comment expliques-tu que le Standard ne veuille plus de toi ?

Je pense que l’entraîneur veut amener un attaquant qu’il connait bien. Tous les jours, il y a un nouveau nom dans les médias. Pour cela, il faut faire de la place. Et comme je n’ai pas montré assez de choses…

Mais n’est-ce pas frustrant quand tu vois que le Standard recherche un attaquant d’expérience, capable d’évoluer en pivot ?

C’est vrai que, si je suis en forme, je peux correspondre à ce profil…

Y a-t-il des raisons extra-sportives à ton éviction ?

Je ne pense pas.

 » Vainqueur est plus fort que Biglia  »

As-tu retrouvé ta forme de Genk ?

Il me manque simplement le rythme des matches. Le problème de thyroïde est complètement réglé.

Que penses-tu de la politique de transferts du Standard ?

Je comprends leur volonté de miser sur les jeunes mais pour moi, le Standard doit d’abord penser à garder les éléments importants comme Kanu, Ciman, Vainqueur, Van Damme. Les dirigeants ont assez d’argent pour conserver les joueurs-clés. Si tu veux jouer le titre, il faut de l’expérience dans toutes les lignes. En PO1, on verra vraiment comment les jeunes vont marcher. Car, jouer le titre ou la qualification en PO1, ce n’est pas la même chose.

Tu comprends la volonté du club de se séparer de Biton ?

Oui, comme moi, il n’a pas beaucoup joué. Il n’a pas montré ce qu’on attendait de lui.

Gershon ?

Si le Celtic s’intéresse à lui, cela doit faire réfléchir le Standard qui ne lui fait pas confiance.

Fryers ?

Pareil.

Est-ce que cette équipe du Standard est comparable à l’équipe de Genk, championne ?

Depuis le début de saison, le Standard a beaucoup évolué. A Genk, on n’avait pas de joueurs comme Vainqueur. Par contre, le Standard ne compte pas d’éléments comme De Bruyne. L’équipe de Genk était bien équilibrée et a connu une année exceptionnelle. Sur le plan sportif, je regrette d’avoir quitté Genk. C’est là que j’ai connu ma meilleure période, que je suis devenu titulaire chez les Diables.

Selon toi, Vainqueur constitue le moteur de cette équipe du Standard ?

Pour moi, en Belgique, il s’agit d’un des meilleurs joueurs. On parle beaucoup de Biglia mais Vainqueur est plus fort. Il a la vitesse, la technique, il a faim. Il m’a confié qu’il avait fini la saison passée sur les rotules et qu’il espérait avoir plus de régularité cette année. Le Standard tourne autour de lui et quand il n’est pas là, cela devient compliqué. Cela va être chaud pour le Standard de lui proposer un nouveau contrat…

Est-ce que Jans constitue une erreur de casting ?

Non, mais il était trop gentil. Tout le monde l’aimait bien car il laissait beaucoup de liberté. Mais une équipe jeune a besoin d’un entraîneur plus strict, comme Rednic. Il suffit de voir la différence entre le Michy Batsuhayi du début de saison et l’actuel. Aujourd’hui, tout le monde arrive à l’heure à l’entraînement, qui est beaucoup plus intensif et tactique. Je pense que le 4-3-3 de Jans n’était pas adapté au football belge.

Quelle est la griffe Rednic ?

Il veut que l’on s’entraîne dur mais il écoute les joueurs, également. C’est important pour le groupe.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Les propos de De Sart ont touché mes proches. Les clubs vont croire que je ne veux plus jouer au foot, que je n’ai pas une bonne mentalité.  »

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