» J’AURAIS DÛ QUITTER CITY PLUS TÔT « 

Blessé depuis la mi-avril, Dedryck Boyato n’a pas pu fêter sur le terrain le 5e de titre d’affilée du Celtic. Mais le Bruxellois a bel et bien retrouvé le sourire cette saison du côté de Glasgow après avoir ciré le banc de City pendant trop longtemps.

Notre rencontre avec Dedryck Boyata se déroule dans la salle de presse du Celtic Glasgow. Un peu moins cosy que celle de City, mais l’ancien défenseur du FC Brussels n’en a cure : à Parkhead, l’antre des Vert et Blanc, il joue. Une sensation agréable dont il avait été privé plus souvent qu’à son tour à Manchester.

Un des premiers événements que tu as connus en Ecosse, c’est la tempête Desmond qui a provoqué la remise de plusieurs matchs à l’été… Quel accueil !

DEDRYCKBOYATA : Ouais… mais je ne m’en souviens pas beaucoup. En fait, le temps ne change pas vraiment de Manchester. Je me demande s’il n’a même pas fait plus froid en Belgique, cet hiver. Mais pour revenir à mon arrivée au Celtic, c’est plutôt notre déplacement à Qarabag en Champions League qui me reste en tête, c’était incroyable ! On nous avait dit qu’il ferait chaud, mais là on avait du 35° en journée et une bonne trentaine le soir pour le match… Tu cours, t’as la bouche sèche après deux minutes, c’est difficile !

À l’époque, tu venais de quitter City depuis peu… Qu’est-ce qui t’a finalement décidé à le faire après neuf saisons là-bas ?

BOYATA : Je pense qu’il était temps. Je restais à City pour essayer d’avoir le plus de temps de jeu possible, mais j’en ai eu vraiment peu. Après en avoir parlé avec mes proches, on s’est bien dit qu’il fallait vraiment que je parte.

Avec du recul, tu ne penses pas que le club te faisait un beau discours, notamment pour profiter de ton statut de joueur formé au club ?

BOYATA : Clairement. Si aujourd’hui je pouvais changer quelque chose, je serais parti bien avant ! Maintenant, je ne regrette pas le fait d’être resté parce que j’ai été entouré par de grands coaches et des joueurs très expérimentés. J’ai appris beaucoup.

Justement, tu profitais peut-être de cette chance de côtoyer toutes ces stars alors qu’ailleurs, ça aurait pu être différent…

BOYATA : Faire partie de cette équipe était quelque chose d’impressionnant. Le problème, c’est que quand tu es jeune, tu prends de l’expérience, mais la période où j’avais beaucoup de matches n’a pas été longue et on m’a proposé des prêts. Après, quand tu reviens au club et que les choses ont changé, ça te complique la tâche car le coach a déjà bâti son équipe… Maintenant, peut-être que le fait d’être entouré de ces stars et de ces coaches qui se montraient régulièrement positifs m’a poussé à vouloir rester.

Avec ton expérience sur les bancs de Premier League, tu sais dire quel est le plus confortable ?

BOYATA : Le plus agréable, c’est difficile à dire… Par contre, à City, il n’y a pas de protection au-dessus. Donc, quand il pleut, on se ramasse tout dans la gueule. Il y a d’autres endroits où tu ne vois rien quand t’es sur le banc, comme à Stoke et à QPR, par exemple. Là tu dois te lever pour voir quelque chose.

 » JE NE VOULAIS PAS REVIVRE LE MÊME QUOTIDIEN  »

Comment vivais-tu tes semaines à Manchester quand tu te doutais qu’il y avait peu de chances que tu sois sur le terrain le week-end ?

BOYATA : La motivation, elle est toujours là. Avec Pellegrini, quand tu ne jouais pas, tu courais encore plus. Mes entraînements étaient, dès lors, vraiment durs. Au départ, je pensais que j’allais bien mentalement, mais mon entourage m’a fait remarquer certaines choses négatives par rapport à mon humeur… C’est en arrivant ici et en jouant tous les week-ends que j’ai réalisé que je n’étais pas forcément bien à Manchester. Mais à l’époque, tu gardais le sourire parce que tu sais que d’autres personnes sont dans des situations beaucoup plus critiques que toi…

Tu n’as jamais regretté de quitter le Brussels avant tes 16 ans ?

BOYATA : Non. Quand je suis venu ici en Angleterre, c’était une vie différente. Là où en Belgique, je loupais les entraînements si j’avais trop de devoirs, en Angleterre, c’était l’opposé : de 9 h 30 à 16 h, je passais ma journée au foot. Et après j’avais les cours. Heureusement que j’étais en famille d’accueil avec d’autres jeunes qui ont facilité ma vie d’alors.

Ça se passait comment dans la famille d’accueil ?

BOYATA : C’était un couple qui accueillait en moyenne 3-4 joueurs parce qu’ils avaient une grande maison. Ça m’a beaucoup aidé : les autres joueurs sont devenus mes frères et le couple a tout fait pour m’intégrer. D’ailleurs, quand je suis parti de chez eux, c’était pour vivre à même pas cinq minutes à pied de là.

Manchester City a fixé une clause de rachat dans ton transfert au Celtic. Comment as-tu pris cela ?

BOYATA : C’est qu’ils conservent une petite volonté de me racheter dans le cas où tout se passe bien ici ou mal chez eux… Mais personnellement, quand tu quittes un club, tu le places derrière toi pour ouvrir un nouveau chapitre.

Tu as eu plusieurs offres ?

BOYATA : Oui, c’était une grosse réflexion, d’ailleurs. J’avais le choix de plusieurs pays, mais certaines situations allaient m’offrir le même quotidien qu’à Manchester City, ce que je ne voulais pas.

Tu as posé la condition d’être arrière central avant d’être transféré ?

BOYATA : Non, quand je suis arrivé ici, je n’ai rien fixé. C’est en parlant avec le coach que j’ai compris qu’il n’envisageait pas de me placer sur le côté. Et j’ai aimé !

 » JE NE SUIS PAS LE JOUEUR LE PLUS SOURIANT AU MONDE  »

À ta présentation, tu as fait le mini-buzz en intégrant la catégorie des joueurs qui ne semblent pas heureux en posant avec le maillot de leur nouvelle équipe…

BOYATA : Je vois de quelle photo il s’agit, mais ça ne m’a pas choqué. Il faut dire que je ne suis pas la personne qui sourit le plus au monde, mais ça n’a évidemment rien à voir avec le club.

Tu n’es pas le plus souriant ? Pourquoi ?

BOYATA : Je ne sais pas. Ma mère est un peu comme ça aussi… J’essaie de changer un peu, mais je ne pense pas que ça pose problème aux gens que je côtoie. Est-ce de la méfiance ? Je ne suis pas sûr, même si je sais que ce n’est pas facile de faire confiance aux gens actuellement. Maintenant, si une personne me sourit, je souris, pas de soucis !

Est-ce que tu as senti l’ombre de Jason Denayer dans ton dos dès ton arrivée ?

BOYATA : Non. Il a fait une bonne saison l’an passé avec l’autre arrière central, Van Dijck. A chaque interview, on m’en parle. Mais je n’ai aucun problème avec ça et je réponds que je suis là pour aider l’équipe sans ressentir de pression.

Certains journalistes écossais se sont montrés durs avec toi en te comparant à Jason…

BOYATA : Je ne peux pas changer l’opinion des journalistes, mais de toute façon, je ne lis pas les médias. Ce qu’on écrit ne m’atteint donc pas. Et si quelqu’un pense que Jason est meilleur que moi, je ne vais pas lui répondre en disant qu’il se trompe.

Cette folie des journalistes de Grande-Bretagne à vouloir tout savoir sur les joueurs t’a atteint ?

BOYATA : J’ai peut-être de la chance, qui sait ? Il y a eu une affaire de chicha (la presse britannique avait publié une photo de Dedryck qui accompagne ses amis dans un salon à chicha, ndlr) mais j’y suis juste rentré avec un ami, le mec nous a demandé de prendre une photo… et je n’ai même pas touché le narguilé. Heureusement, je ne suis pas du genre à m’aventurer à des endroits où on risque de raconter des histoires sur moi. Mais je fais attention : il ne s’agit pas de se garer ailleurs qu’à un endroit avec deux lignes…

On connaît la ferveur des fans du Celtic, tu te verrais aller manger un bout dans le centre ?

BOYATA : Quand c’est le cas, ça m’arrive de m’arrêter pour faire des photos. Mais je ne m’aventure pas beaucoup dans le centre, je ne suis pas le genre de personne à tisser d’énormes liens avec les supporters…

 » FACE AU CELTIC, C’EST TOUJOURS À 11 DERRIÈRE LE BALLON  »

Depuis quelques années et surtout le départ des Rangers, beaucoup parlent d’une perte de qualité du championnat écossais. Comment gère-t-on cette suprématie nationale avec les difficultés éprouvées en Europe ?

BOYATA : Le championnat est difficile, il est très physique ! Et puis comme on est le Celtic, les équipes décident parfois de ne pas jouer. Tu te retrouves alors avec 90 % de possession de balle et tu dois marquer avec 11 mecs devant leur but. Après, tu vas jouer l’Ajax en Europa League et ce n’est plus du tout la même chose, et il y a aussi eu une part de malchance dans notre élimination cette année (face à Molde et Fenerbahçe, ndlr).

Titulaire et même buteur, ça doit te procurer un sentiment assez nouveau : celui de te sentir utile…

BOYATA : Absolument ! Ça fait du bien d’avoir de la confiance de la part des joueurs et du coach. Maintenant, le sens du but, je l’avais déjà à City où on me surnommait  » La tête chercheuse  » (sourire).

Tu te souviens de ta célébration de but la plus fameuse au Celtic ?

BOYATA : Celle où je fais tomber le ramasseur de balles ? Le fait d’avoir marqué le but à la dernière minute en Europe te procure une certaine euphorie… Je n’ai pas vu le gamin donc je n’ai pas remarqué que je l’avais bousculé (rires). Ce n’est que quand on m’a envoyé la vidéo que j’ai pris connaissance de l’affaire.

PAR ÉMILIEN HOFMAN À GLASGOW – PHOTOS BELGAIMAGE

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