« J’aurais dû être Entraîneur de l’Année »

Remis en cause, le T1 répond. Et défend son T2, le choix du néophyte Conceiçao, ainsi que la vision globale des Rouches.

C’est SachaDaout lui-même, le responsable de la communication du Standard, qui l’a dit : certains voient en DominiqueD’Onofrio et SergioConceiçao l’association du feu et du… feu.  » Et c’est ce double feu qui doit permettre au club de réaliser une saison plus brillante que la précédente.  »

Les deux hommes s’affichent comme étant complémentaires : l’un a une longue expérience du métier d’entraîneur mais n’a eu qu’une modeste carrière de joueur, alors que l’autre vient de terminer une carrière internationale au plus haut niveau mais va débuter sur le petit banc.

 » Il faudra que Sergio se calme ! « , rigole Dominique.  » Moi, j’ai mon tempérament, mais j’ai appris à canaliser mon énergie. Je suis devenu très serein sur le banc. Cela dit, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, on accorde plus d’importance au show des entraîneurs qu’au coaching proprement dit. Cela me dépasse. Allons-nous nous entendre, Sergio et moi ? Pourquoi pas ? On s’est parfois disputé dans le passé, mais c’est à partir de là que naît le respect. J’ai eu des conflits avec d’autres ténors de l’équipe, que ce soit IvicaDragutinovic, OguchiOnyewu ou MomoSarr pour ne citer qu’eux, mais ils se sont révélés constructifs. Sergio a une grande expérience comme joueur et cela ne peut qu’être profitable au groupe.  »

Le Portugais rétorque qu’il n’a pas changé, mais lorsqu’on sait que ce sont souvent les anciens braconniers qui font les meilleurs gardes-chasses, qui dit que ce ne sera pas Conceiçao qui veillera au maintien de la discipline et au respect de l’arbitre ?

 » Ce que j’attends de Sergio ? Simplement, que l’on forme un duo performant et complémentaire « , poursuit Dominique.  » Il n’en allait pas autrement lorsque j’ai travaillé jadis, comme T2, avec MichelPreud’homme, TomislavIvic, RobertWaseige et EricGerets. Il faut bien débuter à un certain niveau, et c’est valable pour Sergio également. Lorsque Gerets a débuté sa carrière d’entraîneur au FC Liégeois, il n’avait aucune expérience non plus. On voit ce qu’il est devenu aujourd’hui. Sergio a pris une nouvelle orientation et je pense qu’il a les capacités pour devenir, lui aussi, un très grand entraîneur. Il a tout pour réussir : le charisme, les connaissances, l’expérience d’un joueur de haut niveau. Il lui manque l’expérience d’un entraîneur, mais il va progressivement l’acquérir. Je sais déjà qu’il ne restera pas T2 toute sa vie. L’idéal, pour lui, était de commencer sa nouvelle carrière dans des circonstances favorables, dans un environnement qu’il connaît et avec des personnes qui lui font confiance. Nous allons essayer de travailler main dans la main. Il peut insuffler un état d’esprit de combattant aux joueurs. Un sens du professionnalisme et une rigueur également. C’est important. Il apportera son expérience aux jeunes comme aux… moins jeunes, comme Franck Berrier. Certains entraîneurs en chef, lorsqu’on leur propose un adjoint avec une aussi forte personnalité que Sergio, refusent car ils veulent être le maître absolu de leur vestiaire. Moi pas. Avec Sergio, je sais où je vais. Le job d’entraîneur adjoint n’est pas à négliger, au contraire : il est très important. Dans le football moderne, on doit former une équipe.  »

 » J’ai toujours atteint mes objectifs « 

Dominique, lui, poursuivra donc sa mission de T1 qu’il avait entamée lorsqu’il a succédé à LaszloBölöni, au début de cette année.  » Pourquoi ai-je décidé de rester ? Parce que la direction me l’a demandé, tout simplement. Pour combien de temps ai-je rempilé ? Les circonstances en décideront. Jadis, lorsque j’avais pris la succession de Waseige, j’étais censé rester trois mois. Ma mission consistait à remettre la nouvelle équipe sur les rails et à préparer l’arrivée d’un nouvel entraîneur. Au bout du compte, je suis resté quatre ans. Aujourd’hui, j’ai signé pour un an. Je resterai peut-être encore quatre ans… ou trois mois, qui peut le dire actuellement ? Je n’ai jamais établi de plan de carrière. Il y a des événements qui font qu’à un moment donné, il faut prendre une décision. Moi, cela me fait rigoler lorsqu’on reproche au Standard de faire signer ses entraîneurs pour un an. Preud’homme, GeorgesLeekens, PeterMaes, GlenDeBoeck et FranckyDury avaient respectivement signé pour trois, quatre et cinq ans. Sont-ils allés au bout de leur contrat ? Au Standard, lorsque quelqu’un travaille bien, le renouvellement ne pose pas de problème. Ces contrats d’un an peuvent se révéler bénéfiques pour les deux parties. En cas de proposition mirobolante venue d’ailleurs, on n’est pas lié.  »

Dominique affirme qu’il aurait pu partir.  » J’aurais pu, en effet. En Belgique comme à l’étranger. Il suffisait que je dise oui. Mais j’ai encore trop de travail au Standard. Peut-être saisirai-je une autre opportunité l’an prochain, dans deux ans ou plus tard… « 

Réussir ailleurs, ne serait-ce pas un moyen de se défaire de cette étiquette de  » frère de…  » qui lui colle à la peau ?  » Ecoutez, ce genre de réflexion commence à m’énerver. Depuis que je suis au Standard, j’ai toujours atteint mes objectifs. Et j’espère encore les atteindre l’an prochain. Je vais rentrer dans ma 13e année au Standard. J’ai commencé comme sixième entraîneur responsable du scouting et de la revalidation des joueurs blessés. Je me suis… blessé moi-même ! ( ilrit) En tant qu’entraîneur principal, je suis resté en place resté quatre années d’affilée. Quel entraîneur peut-il en dire autant ? Cette longévité ne s’explique pas uniquement parce que je suis le frère de Luciano, que je sache… Si je n’avais répondu aux attentes, croyez-moi, il ne m’aurait pas maintenu à mon poste. Je n’ai, c’est vrai, pas été champion comme l’ont été Preud’homme et Bölöni. Je n’ai été que deuxième, après avoir dominé Anderlecht sur son terrain où DanielZitka a joué le match de sa vie. Je n’ai jamais été élu, non plus, Entraîneur de l’Année. Je n’ai été que troisième en 2006. Quoi que je le dise moi-même, j’estime que j’aurais mérité le titre. Mais, cette année-là, on a préféré consacrer Dury qui venait de monter avec Zulte Waregem et a réalisé une première saison d’enfer parmi l’élite. J’ai, c’est vrai, rarement bénéficié de la reconnaissance des supporters. Tant pis, c’est ainsi. On ne peut pas plaire à tout le monde. Ces critiques me laissent indifférent. Je jouis d’une haute considération dans le milieu alors qu’une partie du public me déteste. C’est bizarre, mais je ne peux rien y faire. Je constate qu’aujourd’hui, certains supporters se posent déjà des questions alors qu’on n’a pas encore mis un pied sur un terrain d’entraînement. Laissez-moi faire mon travail, que diable ! Je ne demande qu’une chose : qu’on me juge sur mes résultats, pas sur autre chose. Je ne me considère pas comme le meilleur entraîneur du monde, ni même de Belgique, mais pas comme le plus mauvais non plus. En tant que directeur sportif et responsable de l’Académie, je pense aussi avoir atteint les objectifs. Et même peut-être davantage. L’Académie a été créée il y a trois ans. Combien de jeunes n’ont-ils pas, déjà, frappé à la porte de l’équipe Première ? C’est exceptionnel, aucun autre club belge ne peut se targuer de tels résultats. Dans l’équipe qui a accueilli l’Olympiacos en Ligue des Champions, on comptait cinq titulaires qui avaient été formés à l’Académie. Et ce n’est pas fini. Deux ou trois autres jeunes pourraient être intégrés au noyau A dans un avenir rapproché.  »

Dominique se plaît-il mieux dans un rôle d’entraîneur que de directeur de l’Académie ?  » J’ai toujours essayé de faire mon travail à fond, quelle que soit la fonction qui m’ait été assigné. Mais je me considère avant tout comme un homme de terrain. « 

 » L’ossature est déjà présente « 

L’objectif, pour la saison à venir, sera-t-il de viser le titre ?  » Non, puisque tout le monde me dit qu’il est déjà promis à une certaine équipe de la capitale ! ( sic) Mais on ne peut évidemment plus se permettre un championnat aussi médiocre que celui qui vient de se terminer. Huitième, ce n’est pas digne du Standard, même si la belle campagne européenne a mis du baume au c£ur. On se doit de lutter avec les meilleurs. De se maintenir dans les trois ou quatre premiers.  »

Avec quel staff, outre Sergio ?  » Il y a des certitudes, comme le fait que SiramanaDembelé devrait rester avec nous, et aussi des réflexions qui doivent encore se faire. En ce qui concerne l’entraîneur des gardiens, rien n’a été défini. Il fallait trouver une solution pour l’Académie Robert Louis-Dreyfus et on pense avoir trouvé la personne idéale avec JeanFrançoisdeSart, mais on attend la réponse. Personne n’a été contacté pour reprendre le rôle de directeur sportif. Est-ce indispensable d’avoir une autre personne lorsqu’on a Luciano ? »

Et au niveau de l’équipe ?  » Vous me dites qu’il faut reconstruire ? Je ne suis pas d’accord. L’ossature est présente. On a un gardien de but, SinanBolat, et un autre qui est arrivé, SrdjanBlazic. Derrière, on a MarcosCamozzato, MomoSarr, VictorRamos, Felipe, EliaquimMangala, SébastienPocognoli. N’est-ce pas une bonne base ? Vous me dites que Marcos est susceptible de partir, mais cela ne signifie rien. Dans l’entrejeu, j’ai toujours StevenDefour, AxelWitsel, MehdiCarcela et un nouveau venu, Berrier. Tous des médians créatifs, donc le même type de joueurs ? On a surtout la chance d’avoir des joueurs qui ont une grande polyvalence… Je compte évidemment sur Koen Daerden aussi, mais son adaptation ne me semble pas encore totalement terminée. On découvrira au fil des entraînements et des matches amicaux quelle est la meilleure place de Berrier, mais aussi de Witsel et de Carcela. Les pièces du puzzle doivent encore être mises en place. Reste le problème de la ligne d’attaque. Elle est décimée ? Deux joueurs importants sont partis ? Oui, mais on vient de rapatrier ChristianBenteke qui a été la révélation du championnat avec Courtrai. J’attends aussi l’éclosion de CyriacGohiBiZoro. Et, jusqu’à nouvel ordre, DieumerciMbokani n’est pas encore parti. Même si l’hypothèse est à envisager. Bien sûr, on recherche encore l’un ou l’autre attaquant, c’est une évidence. Tout comme j’aimerais une solution alternative à l’arrière droit, et éventuellement à l’arrière gauche, pour pallier des blessures éventuelles.  »

On sait que le Standard n’a pas l’habitude de se précipiter : il attend les bonnes opportunités, et parfois les derniers jours de la clôture des transferts, en août, pour dénicher l’oiseau rare.  » C’est souvent à ce moment-là que l’on réalise les meilleures affaires « , constate Dominique. Mais, l’an passé, c’est un mois d’août décevant qui a conditionné le reste de la saison.  » Je ne me tracasse pas trop pour cela. Dans le passé, j’ai vu arriver des tas de joueurs alors que la préparation avait déjà débuté : Onyewu, Christian Negouai et j’en passe. N’ont-ils pas été performants ? »

Dominique a donné rendez-vous à ses joueurs le 21 juin.  » Le programme est établi, huit ou neuf matches amicaux sont prévus. Aucun stage à l’étranger n’est prévu. Pourquoi chercher ailleurs ce qu’on a sous la main ? On a tout ici, à l’Académie. Jadis, on allait souvent à Spa. Pour le stage hivernal, en revanche, on partira sans doute à l’étranger. Mais pas nécessairement au Portugal. La présence de Sergio n’oblige rien. On doit étudier une proposition de Doha, au Qatar. Mais… ce ne sera peut-être plus pour moi ! J’aurai peut-être été licencié à ce moment…  » ( ilrit)l

par daniel devos – photos: reporters/ belga

Lorsque Gerets a débuté comme coach au FC Liégeois, il n’avait aucune expérience non plus. (Dominique D’Onofrio)

Qu’on me juge sur mon travail et mes résultats, pas sur mes liens familiaux. (Dominique D’Onofrio)

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