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 » J’AIME SURPRENDRE « 

L’attaquant de Malines Nicolas Verdier a inscrit cinq buts en dix matches. Génial par moments, il lui arrive aussi de passer complètement inaperçu.  » Quand on joue à l’instinct, on ne fait pas toujours les bons choix.  »

Son tout premier but inscrit en Belgique est mémorable. C’était le 28 février 2015, à l’occasion de la visite du FC Malines à Zulte Waregem. Le score était de 2-2 à la 78e minute lorsque Nicolas Verdier estentré au jeu. Quinze secondes plus tard, il inscrivait le but de la victoire. Verdier aime se montrer décisif. C’est un calcul un peu tiré par les cheveux mais, sans les huit buts qu’il a inscrits en phase classique la saison dernière, Malines aurait terminé avec six points de moins.  » Cette année, je marque trop peu de buts cruciaux « , dit le Cannois.  » Avoir fait 0-1 quand nous perdons 2-1, comme la semaine dernière à Genk, ne m’intéresse pas. Je suis un compétiteur.  »

L’événement le plus marquant de la saison à Malines, jusqu’ici, c’est le départ d’Aleksandar Jankovic. Qu’en as-tu pensé ?

NICOLAS VERDIER :Nous nous entendions bien. Nous avons tous les deux du caractère. Cela faisait parfois des étincelles mais ça ne durait jamais plus de dix minutes. Jankovic parle beaucoup à ses joueurs et j’aime ça. J’ai besoin d’un entraîneur qui fasse en sorte que je me sente bien, qui me conforte dans mes choix.

Que penses-tu de Yannick Ferrera, son successeur ?

VERDIER :Il parle beaucoup aussi. Il conseille et explique. Tactiquement, il est très fort. Il y a longtemps que nous n’avions plus entamé un match comme à Genk. Nos quinze premières minutes en disent long sur la situation actuelle.

Laurens Paulussen suivait alors Alejandro Pozuelo comme son ombre…

VERDIER : Sur mon but, c’est lui qui intercepte un ballon de Pozuelo. Il arrive dans les pieds de Matthys qui me donne l’assist. Je ne sais pas si son rôle a été déterminant car il a été exclu après 20 minutes mais j’aurais voulu voir comment les choses se seraient passées s’il avait pu poursuivre.

Jankovic jouait avec trois défenseurs centraux et deux arrières latéraux offensifs. Avec Ferrera, vous en êtes revenus à une défense à quatre.

VERDIER :Nous étions habitués au système de Jankovic et Ferrera veut changer progressivement. Il le fait intelligemment. Depuis deux semaines, j’ai l’impression que l’équipe est plus offensive, que je suis plus soutenu. Cela me permet de mettre davantage de pression sur la défense. Je pense que Ferrera veut un pressing constant et c’est positif car, quand on ne fait que subir, on finit par craquer.

Dans le système de Jankovic, les arrières latéraux ne te soutenaient pas ?

VERDIER :Si, mais ils montaient toujours un peu avec le frein à main parce qu’ils avaient peur d’être pris dans le dos en perte de balle. Même moi, je n’étais jamais vraiment tranquille car je savais que si je perdais le ballon, je mettais l’équipe en difficulté. Maintenant, nous coupons beaucoup mieux les angles.

 » CROIZET N’EST PAS HANNI  »

Dimitrios Kolovos et Yohan Croizet jouent derrière toi. La saison dernière, c’était Sofiane Hanni.

VERDIER :C’est très différent. Hanni était toujours là au bon moment et au bon endroit. Avec Kolovos et Croizet, nous posons davantage le jeu. Si je ne pars pas en profondeur, Yohan le fait, et inversement. Kolovos, lui, conserve bien le ballon.

Quelle est la différence entre Croizet et Hanni ?

VERDIER :On ne cesse de les comparer et on ferait mieux d’arrêter. A peine arrivé à Anderlecht, Hanni y est devenu capitaine. C’est significatif. C’est un joueur raffiné et consciencieux. Croizet est plus puissant, il va davantage au duel.

Il semble s’imposer difficilement à Malines.

VERDIER :Je ne suis pas sûr qu’on lui ait rendu service en disant qu’il devait remplacer Hanni. On doit le laisser tranquille.

Parfois, on ne te voit pas pendant tout le match puis tu fais la différence sur un coup d’éclat.

VERDIER :Oui, j’ai des moments d’absence, je ne me place pas toujours bien.

C’est dû à quoi ?

VERDIER :Si je le savais, je ferais tout pour que ça change. Je pense que c’est une question de concentration.

La plupart du temps, ton adversaire direct ne sait pas ce que tu vas faire mais tes partenaires et ton entraîneur non plus.

VERDIER :(il rit) J’aime surprendre. Un gardien étonné, c’est la moitié d’un but. J’essaye toujours d’exécuter mes mouvements suffisamment vite pour qu’il n’ait pas le temps de s’y préparer. Je joue à l’instinct mais je ne fais pas toujours les bons choix. Parfois, je devrais garder mon calme et évaluer la situation. Quand je revois les matches chez moi, je me dis que je tire parfois d’angles impossibles alors qu’un équipier est mieux placé.

 » ON EST DES HOMMES, PAS DES ROBOTS  »

Tu te surprends ?

VERDIER :(il rit) C’est pour ça que je regarde : pour m’améliorer.

Etre imprévisible, c’est aussi une qualité, non ?

VERDIER :C’est ce que l’entraîneur me dit aussi mais je dois mieux canaliser cette caractéristique.

A 29 ans, qu’attends-tu encore de ta carrière ?

VERDIER :Je ne sais pas, je vis au jour le jour.

Tu as déjà déclaré que tu ne resterais pas dans le football après ta carrière, que ce monde t’avait trop déçu.

VERDIER :Je ne veux montrer personne du doigt mais, à l’heure des choix, certains ont privilégié l’amitié aux qualités footballistiques. Dans le monde du football, certains détruisent des joueurs. Le football professionnel est très dur par rapport au football amateur.

Ça te dérange ?

VERDIER :On lit parfois des choses très dures dans les journaux. Personne n’aime être critiqué, les footballeurs non plus. Les gens devraient se rendre compte que nous avons aussi le droit à l’erreur. Je voudrais voir comment les journalistes réagiraient si nous critiquions ouvertement leurs articles. Ils ne se mettent pas toujours suffisamment à la place des joueurs. Nous sommes des hommes, pas des robots. Nous avons un coeur.

PAR KRISTOF DE RYCK – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Quand je revois mes matches, je m’aperçois que je tire parfois d’angles impossibles.  » – NICOLAS VERDIER

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