» J’aime courir, courir et encore courir « 

Le médian vénézuélien a réussi sa première saison au Standard même s’il a manqué de régularité. Il revient en forme pour le sprint final.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

Lendemain de Clasico, l’Académie transpire un mélange de sérénité et de frustration. La veille, le Standard a pu faire taire les critiques en dominant son rival anderlechtois et en montrant que le retour des blessés de longue date ( Nacho Gonzalez ou Luis Seijas) changeait complètement le visage de cette équipe. Mais les Liégeois n’ont pas réussi à marquer, galvaudant leurs principales possibilités dans un match marqué par beaucoup de déchets techniques de part et d’autre.

Seijas prend le temps de soigner un corps mis à rude épreuve et qui se remet à peine d’une indisponibilité de plusieurs mois. Quelques minutes plus tard, le voilà devant nous pour refaire le match de la veille.  » Je pense que nous étions supérieurs à plusieurs niveaux. Nous avons eu les meilleures possibilités mais en football, ne gagnent que ceux qui les mettent au fond. Je n’ai pas été surpris par notre niveau. On a toujours cru en nos qualités. Par contre, j’ai été un peu surpris par les Mauves. Ils avaient l’air endormis, ils n’étaient pas dans la rencontre, pas concentrés. Mais s’ils ont mal joué, c’est aussi parce qu’on a fait notre boulot. La vérité de ce match et du précédent consiste à dire que le niveau entre les deux formations se resserrent. « 

 » Si on n’est pas européen, pour les fans et les joueurs, ce sera un échec « 

Depuis le début de la saison, Seijas sert un peu de symbole à cette équipe. Rentré peu à peu dans le onze de base, il participa à la meilleure période du Standard, en novembre et début décembre, avant de se blesser. Comme d’ailleurs la plupart des éléments moteurs de cette équipe qui évoluait alors à un très bon niveau. Depuis lors, le Standard a balbutié son football à plusieurs reprises et s’est qualifié péniblement pour les play-offs tout en prenant une claque en Europa League après pourtant un très beau parcours.  » On a eu trop de blessés et nous n’avons pas un grand noyau. Mais ce n’est pas pour autant que l’on puisse dire que le Standard se résume à 11 noms. Quand Jelle Van Damme, Geoffrey Mujangi Bia ou MéméTchité furent éloignés des terrains, les remplaçants ont gagné des matches importants même si c’est vrai que c’était plus difficile d’enchaîner des victoires quand il fallait sans cesse recomposer l’équipe à cause des blessures. Notre niveau de jeu a un peu baissé par rapport au mois de novembre mais ce qui fait vraiment la différence, c’est que nous ne sommes plus assez efficaces devant le but. Nous avons les opportunités mais nous ne marquons pas assez. On a enchaîné 14 matches sans défaite et on s’est qualifié pour les huitièmes de finale de l’Europa League mais on sait qu’en football, les cycles ont une fin. Parfois, tu es au sommet et ensuite, tu es moins bien. La seule chose à faire, c’est de ne pas croire que tu es le meilleur quand tout va bien, ni que tu es le plus mauvais quand ça tourne mal. Cela n’arrive pas qu’à nous : Anderlecht, qui a dominé la première partie de la saison, paraît fatigué, enchaîne les contre-performances et se voit menacé par Bruges qui, à l’inverse, ne proposait pas grand-chose au premier tour. Maintenir un niveau constant est sans doute ce qu’il y a de plus dur en football.  »

Pour Seijas, malgré son inconstance, le Standard mérite d’être européen.  » Si on ne l’est pas, pour les fans et les joueurs, ce sera un échec. Si on regarde en arrière, on voit que l’équipe a perdu une série de joueurs-clés en été et qu’on avait dit que ce serait une année de transition, ce serait normal de ne pas l’être. Cependant, nous ne voulons pas accepter cette logique et on va essayer de garder un niveau élevé pour accrocher ce ticket européen. Notre chance sera de pouvoir compter sur le retour des blessés. J’espère qu’on va très vite retrouver le rythme des matches. On voit déjà que Nacho a disputé 90 minutes contre Anderlecht dans une rencontre avec un rythme élevé. Espérons juste que nous n’arriverons pas en forme trop tard ! Moi, je suis à 70 % de mon meilleur niveau. Je me sens bien et en confiance et je n’ai jamais senti cela depuis le début de l’année 2012. I come back ! »

 » Je connaissais le championnat belge grâce à Vargas avec qui j’ai grandi à Caracas « 

Mais retour sur cette première saison en Belgique. Arrivé dans les dernières heures du mercato, Seijas, un international vénézuélien, d’un père orthodontiste et d’une mère chef d’une entreprise de peintures, débarquait du championnat colombien où il avait évolué ces trois dernières saisons.

 » Après le Brésil et l’Argentine, la Colombie est sans doute le pays qui vit le plus pour le football. Le niveau y est très élevé. J’avais 21 ans quand j’ai été transféré à Santa Fe de Bogota, un club prestigieux qui a remporté le premier titre de l’histoire du football colombien. Il y avait une grosse pression car le club n’a plus gagné le championnat depuis plus de 30 ans. Chaque année, le refrain était similaire : – Vous devez être champions. Et si on ne l’était pas, on était traité de la pire des manières. Le football colombien a été longtemps contrôlé par les cartels de la drogue et c’est toujours compliqué dans certains clubs. A Santa Fe, malgré ces échecs en championnat et cette pression, on a fini par remporter la Coupe. A Bogota, je me suis vraiment senti bien. Un footballeur qui voyage beaucoup apprécie les moments de stabilité. Je suis resté trois ans dans cette ville et j’ai appris à la connaître. Quand j’aurai terminé ma carrière, je n’exclus pas d’aller vivre à Bogota où j’ai laissé une partie de moi et de mes amis. L’Europe constituait un de mes rêves. C’est aussi pour cette raison que j’avais décidé de rejoindre la Colombie dont le championnat est plus regardé par les recruteurs européens. Et cela a payé après trois ans. Je connaissais le championnat belge grâce à Ronald Vargas avec lequel j’ai grandi à Caracas. Il me disait sans cesse que je devais venir en Belgique. Le championnat belge n’est peut-être pas aussi réputé que la Premier League ou La Liga mais c’est un excellent premier palier. Ici, le niveau est très élevé. L’accent est mis sur le physique et on travaille également beaucoup la tactique. Le jeu est beaucoup plus vertical qu’en Amérique du Sud. J’aime cela. J’aime courir, courir et encore courir. Finalement, l’agent qui a fait venir Vargas ici, m’a dit qu’il allait essayer de trouver une solution pour moi. Mais rien ne venait. Après la Copa America, je pensais reprendre avec Santa Fe mais le 27 août, il m’a appelé, m’a dit – Voici ton numéro de ticket d’avion, on va à Liège pour deux jours. Je connaissais le Standard tout simplement parce qu’une légende du Venezuela y a joué, Stalin Rivas. Et même s’il n’y a pas réussi, on a beaucoup entendu parler du club au pays. Pour moi, il s’agissait de l’offre idéale.  »

 » J’ai connu trop de hauts et de bas « 

 » Dès que je suis arrivé, j’ai été bien accueilli par le staff et mes coéquipiers. Il faut savoir que je n’avais pas eu de vacances à cause de la Copa America. Pendant six mois, je n’ai pas ressenti la fatigue. J’étais concentré pour m’intégrer au groupe et m’adapter à ce style de jeu. Mais en janvier, j’ai commencé à ressentir quelques douleurs. Au talon d’Achille puis aux adducteurs. Pour tous les Sud-Américains, la première année en Europe est toujours une année d’adaptation. J’ai eu la chance de jouer beaucoup et le bilan est donc bon. Du moins en termes de minutes de jeu car en termes de qualité, j’aimerais élever mon niveau. J’attends davantage de moi. Comme tout le monde ici. J’ai encore connu trop de hauts et de bas. Sans doute parce que la saison européenne est beaucoup plus ardue au niveau physique. Je n’avais pas l’habitude de jouer en semaine. Et c’est pour cette raison que j’ai fini par contracter une blessure. C’était inévitable. Mais désormais, j’aimerais être plus constant. « 

En arrivant en Belgique, Seijas a dû s’adapter à un nouveau rythme de jeu mais également à un format de compétition un peu spécial. Enfin, pas vraiment pour lui.  » En Colombie, il y a aussi des play-offs. Les huit premiers sont versés dans deux groupes de quatre et les deux équipes qui finissent en tête de chaque groupe jouent la finale. Je pense que ce système à ses avantages et ses inconvénients. D’un côté, je comprends qu’Anderlecht n’aime pas les play-offs car ce système n’est pas honnête. Le premier, et donc le meilleur, n’est pas assuré d’être sacré. Mais il y a du spectacle et cela permet à tous les participants de se relancer. « 

 » Espérons juste que Nacho et moi, nous n’arriverons pas en forme trop tard ! »

 » Le niveau de jeu a baissé par rapport à novembre mais ce qui fait la différence, c’est que nous ne sommes plus assez efficaces devant le but. « 

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