J’ai vu les nouveaux Benzema et Adebayor

La semaine dernière, j’ai suivi le championnat d’Europe des moins de 17 ans qui se déroulait à Antalya, en Turquie. Contrairement à l’Euro des adultes, cette compétition a lieu tous les ans. Cette année, elle rassemblait la France, la Suisse, l’Irlande, l’Ecosse, les Pays-Bas, la Serbie, la Turquie et l’Espagne. Surprenant : les Anglais n’étaient pas représentés. Selon moi, c’est dû à la présence trop massive d’étrangers en Premier League, qui bloquent la progression des jeunes. Il suffit d’analyser les noyaux de Chelsea ou Liverpool. Les Ecossais et les Irlandais profitent du phénomène contraire : ils partent très tôt en Angleterre pour se former. Le palmarès des anciens meilleurs joueurs laisse rêveur : Wayne Rooney (2002), Cesc Fabregas (2004), Bojan Krkiæ (2007)… Des figures comme Karim Benzema, Fernando Torres ou Cristiano Ronaldo ont aussi illuminé les dernières compétitions.

Les scouts de tous les grands clubs étaient au rendez-vous. Chelsea avait fait fort en dépêchant ses 17 suiveurs ! En fait, le club anglais a profité de l’occasion pour organiser sa convention de recruteurs. Ils se sont tous rassemblés au Kremlin, un hôtel dont Roman Abramovitch est actionnaire et qui est la copie conforme de l’enceinte russe. La France a fortement impressionné et j’ai retenu trois noms. Gilles Sunu (Arsenal) et Gaël Kakuta (Chelsea) sont des flancs qui parviennent à allumer un couloir et à brûler leur concurrent direct. Sunu est à l’image de Dieumerci Mbokani : complet, rapide et très précieux dans la profondeur. En pointe, Yannis Tafer est le clone et le futur successeur de Karim Benzema. Il évolue aussi à Lyon et mon petit doigt me dit qu’il devrait recevoir du temps de jeu d’ici la fin du championnat. Il a marqué les deux buts de France-Suisse. C’est un Maghrébin élégant, véloce et capable de réaliser des enchaînements extraordinaires pied gauche-pied droit sur les deux premiers mètres de course.

La France est constituée à 95 % de joueurs issus du Maghreb. Ces gamins ont tous un physique impressionnant et une vivacité d’action prononcée. Tactiquement, ils connaissent déjà toutes les ficelles du métier. J’ai passé une soirée à discuter de cette fabuleuse génération avec Gilles Grimandi, scout à Arsenal, et Eric Pécout, recruteur du PSG. Nous pouvons nous permettre d’échanger des informations car les clubs français ne peuvent pas recruter des jeunes entre eux. Bert van Marwijk, l’actuel entraîneur de Feyenoord qui deviendra sélectionneur des Pays-Bas après l’Euro 2008, nous a fait l’honneur de sa présence et s’est montré très sympathique. J’ai quitté le tournoi avant les demi-finales car les équipes que je suivais, la Suisse et la Serbie, ont été éliminées. Rochat Bigambo, un arrière latéral suisse qui appartient à Lausanne, doit bientôt rejoindre Monaco. Je suis satisfait : il a tenu la longueur. Même contre la France et ses deux ailiers magiques.

Un nouvel Emmanuel Adebayor est sur le point de percer. Il s’appelle Geoffrey Castillion, est Néerlandais et représente l’une des plus grandes promesses de l’Ajax. Grand et mince, il manque d’allure mais il est très rapide et plonge admirablement bien dans les espaces. Il est capable de réaliser des mouvements techniques très vif a le sens du but. Les Pays-Bas comptaient aussi dans leurs rangs Rodney Sneijder, le petit frère de Wesley (Real Madrid). C’est un petit gabarit qui joue dans le même registre que son aîné. Dans l’ensemble, j’ai quand même trouvé les Néerlandais trop frêles physiquement. Marc Van Geersom, l’entraîneur de nos moins de 18 ans, supervisait le tournoi pour l’UEFA. J’en profite pour adresser un coup de gueule. Je ne doute pas que les éducateurs en place pour nos jeunes nationaux font du beau boulot mais, dans les autres nations, ce sont d’anciens grands joueurs qui encadrent les gamins : Francis Smerecki (France), Juan Santisteban (Espagne), Dejan Djurdjevic (Serbie), etc. L’Union Belge aurait tout intérêt à nommer des figures comme Nordin Jbari, Johan Walem ou Lorenzo Staelens à la tête des équipes nationales de jeunes. Mais je peux comprendre que les salaires proposés ne sont pas suffisants pour les tenter de relever ce challenge…

propos recueillis par simon bazyczak – par stéphane pauwels

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire