« J’ai plafonné »

Le Bastognard – ex-international Espoir – obtient la récompense du travail fourni à l’entraînement.

Gauthier Remacle (24 ans) semble progressivement sortir du tunnel. Il est, pour l’instant, l’un des joueurs dont Enzo Scifo se montre le plus satisfait. En début de saison, pourtant, l’horizon s’était assombri pour l’ancien sociétaire du Standard. Il avait perdu sa place de titulaire et était même parti passer un test à Sheffield United.

Recevez-vous aujourd’hui la récompense du travail accompli?

Gauthier Remacle: Probablement. J’ai toujours continué à m’entraîner dur, même lorsque je n’entrais plus trop dans les plans du Sporting. La roue a tourné. Les résultats négatifs ont joué en ma faveur, je dois le reconnaître. Le départ de Christian Negouai a également libéré une place au demi défensif: celle que j’occupe actuellement. J’affectionne ce rôle. Au départ, j’étais plutôt catalogué comme flanc droit, mais j’avais déjà évolué comme demi défensif en équipe nationale des moins de 20 ans sous la houlette d’Ariel Jacobs. A ce poste, il faut se battre, se démener, courir énormément. Des qualités que l’on m’a toujours reconnues.

Quand étiez-vous tombé en disgrâce à Charleroi?

En fin de saison dernière, déjà, ma place de titulaire n’était plus assurée. C’était un choix de l’entraîneur que je me devais d’accepter. Au fond de moi-même, j’étais forcément déçu. C’est logique: tout joueur professionnel a envie d’être sur le terrain. J’ai ressenti une certaine frustration. Avant d’être un footballeur, je suis un être humain. J’adore Charleroi, je me sens très bien au sein de ce groupe, mais s’entraîner toute la semaine pour assister ensuite au match du week-end depuis le petit banc, c’est dur.

Vos relations avec Enzo Scifo s’étaient-elles détériorées?

Je n’oublie pas que c’est lui qui m’avait fait venir. A l’époque, Manu Ferrera était l’entraîneur, mais c’est Enzo qui m’avait appelé. Rien que pour cela, je dois lui être reconnaissant. J’ai été très honoré d’avoir été l’équipier d’un joueur pareil. Lorsqu’il est devenu entraîneur, il m’a écarté. Il avait sans doute ses raisons. En plus d’être l’entraîneur, il est aussi le vice-président et il doit tenir compte d’un certain nombre de paramètres. A moi de le comprendre… même si cela n’a pas toujours été facile.

Un test à Sheffield

Avez-vous perçu l’engagement de Daniel Calvo comme un manque de confiance à votre égard?

Je ne me suis pas posé trop de questions. Chaque année, des joueurs partent et d’autres arrivent. Il joue arrière droit, la place que j’occupais précédemment, mais cela ne signifiait encore rien.

Vous êtes néanmoins allé passer un test à Sheffield United, voici un mois.

J’ai 24 ans, j’ai besoin de jouer. Si ce n’est pas possible à Charleroi, je dois voir si c’est possible ailleurs. A 35 ans, je pourrais éventuellement me contenter de m’asseoir sur le banc et de toucher ma prime. Pas à mon âge. J’ai donc répondu à l’invitation de Sheffield United, un club de D2 où a évolué jadis Axel Smeets. Je me suis entraîné deux jours avec le groupe. Du kick-and-rush pur et dur! Aucune construction: le défenseur qui récupère le ballon l’envoye le plus loin possible vers l’avant. J’avais beau demander le ballon dans les pieds, je ne le recevais jamais. Tout le monde partait à l’abordage. Le troisième jour, j’aurais normalement dû participer à un match amical avec l’équipe B, mais j’avais déjà mon billet d’avion pour rentrer.

Vous vous êtes donc remis à l’ouvrage à Charleroi.

Cette saison, je pense que l’on ne peut rien me reprocher. Je fais tout pour adopter une attitude professionnelle, sur et en dehors du terrain. Je m’entraîne le mieux possible. Chaque fois que je suis monté au jeu, j’ai essayé de donner le maximum. Pour servir mes intérêts, mais aussi pour prouver à Scifo qu’il n’avait pas affaire à un ingrat. Ce n’est pas parce qu’on vient du Standard qu’on doit s’imaginer qu’on a sa place assurée d’office à Charleroi…

« Je veux être droit dans mes bottes »

Avez-vous dû vous faire violence pour adopter une telle attitude?

Au tableau de la salle de musculation, on a écrit une phrase que je m’efforce de retenir: « Celui qui renonce à être meilleur cesse d’être bon ». J’essaye de l’appliquer. Si je ne conviens pas, tant pis. Mais je m’efforce d’être droit dans mes bottes afin qu’on ne puisse rien me reprocher. Il est évident que, dans ma tête, cela a parfois bouillonné. J’ai disputé quelques rencontres avec l’équipe Réserve, sur le terrain en piteux état et mal éclairé de Frasnes-lez-Gosselies, mais j’avais besoin de ces matches pour garder du temps de jeu.

Et vous en avez été récompensé.

Pour l’instant, oui.

Vous ne semblez toutefois pas convaincu que la partie est définitivement gagnée pour vous?

Elle n’est jamais gagnée.

Personne ne peut être assuré de sa place.

La piste de Sheffield United n’est donc pas abandonnée?

Je reste ouvert à toute proposition. S’il y a moyen de progresser sportivement et de mieux gagner ma vie, pourquoi pas? L’attrait de l’Angleterre reste présent. Mais je ne cherche plus absolument à partir. Ma situation à Charleroi a évolué favorablement. Il me reste deux ans et demi de contrat, et aussi longtemps que je porterai le maillot zébré, je défendrai à fond les intérêts de mon employeur.

« J’ai rêvé des Diables mais j’en suis très loin »

Etes-vous satisfait, jusqu’à présent, de votre expérience carolorégienne?

J’avais quitté le Standard parce que je ne jouais pas, ou trop peu. A Charleroi, mon temps de jeu aurait en principe dû être plus élevé. Le Sporting aurait dû me servir me tremplin. J’aurais dû progresser pour partir, éventuellement, à l’étranger plus tard par la grande porte… Cela ne s’est pas passé tout à fait de cette façon jusqu’à présent.

En poussant le raisonnement plus loin: vous avez été international chez les moins de 20 ans, puis chez les Espoirs. L’étape suivante est logiquement celle des Diables Rouges. Vous en paraissez loin à l’heure qu’il est…

C’est clair. J’ai plafonné. A un moment donné, lorsque tout allait bien pour moi chez les Espoirs, j’ai rêvé des Diables Rouges. Aujourd’hui, je n’y pense plus du tout. Lorsqu’on ne joue pas, on ne progresse plus et on perd de sa valeur. Avant de voir plus loin, je dois songer à devenir un titulaire régulier à Charleroi. Je me sens prêt pour cette tâche, j’espère qu’on me fera confiance.

Etes-vous sorti plus fort des épreuves que vous avez traversées?

Il faut essayer d’extraire le positif de toutes les étapes de la vie et de se forger le caractère au fil des expériences vécues. C’est ce que je m’efforce de faire. A 24 ans, j’estime pouvoir revendiquer un poste de titulaire à Charleroi, tout en ayant conscience de pouvoir encore m’améliorer dans beaucoup de secteurs. Je n’ai que cinq années de D1 derrière moi. J’ai encore beaucoup à apprendre.

Votre avenir se situe-t-il au demi défensif?

Je l’ignore. Je jouerai où on me dira de le faire. Au Standard, j’avais quelques fois joué comme centre-avant. J’avais donné ce que je pouvais. La saison dernière, à Charleroi, j’avais évolué comme arrière droit. Cela fonctionnait bien entre Grégory Dufer et moi, sur ce flanc. Les circonstances ont fait que j’ai perdu ma place à l’arrière droit et que j’en ai retrouvé une autre au demi défensif. Aussi longtemps que je joue, je ne me plaindrai pas.

Daniel Devos

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