« J’AI PEUR DE DEMAIN POUR NOTRE FOOT »…

Le transfert de Jonathan Blondel fera rentrer de l’argent à Mouscron, mais est-ce une bonne solution à long terme?

L’Excelsior a fait rentrer 2, 5 millions d’euros dans ses caisses en cédant son jeune joueur à Tottenham et Jean-Pierre Detremmerie demandera 250.000 euros à Anderlecht suite au départ d’Hugo Broos vers la capitale: que pensez-vous de tout cela?

Georges Heylens: Malgré le brio affiché par les Diables Rouges lors de la Coupe du Monde, le foot belge traverse une crise financière. Les Hurlus, comme d’autres, éprouvent des difficultés à nouer les deux bouts. Dès lors, il était logique d’exiger une compensation pour le départ de Broos et de vendre leur meilleur jeune même si cela comporte un risque. Pour le club qui ne retrouvera peut-être plus jamais un Blondel, malgré la qualité de sa politique de formation, et pour le joueur. A Tottenham, il ne jouera pas tout de suite en équipe fanion et devra se battre avec les jeunes de ce club. Quand on a pris goût à la D1, personne n’aime redescendre d’un étage. Blondel sera-t-il capable de surmonter cette épreuve? J’ai peur de demain pour notre foot. L’argent fait défaut mais à quelque chose malheur est bon: les clubs se tourneront davantage vers le talent du cru. La formation retrouvera, j’espère, la priorité, au top comme dans les divisons inférieures. Cela passe, en bas de l’échelle, par plus d’engagement politique car cela concerne aussi la santé de nos jeunes. A Ath, mon club, nous avons forcé les portes de la Promotion. Un événement pour la région mais nous n’avons pas reçu le moindre message de félicitations des autorités de la Ville. Detremmerie, lui, voit les choses autrement, et même si Mouscron a dur pour le moment, c’est une ville qui véhicule un message dynamique.

Les clubs préparent la saison: le calme des grands sur le marché des transferts peut-il être aussi un signe de stabilité?

De prudence financière comme je l’ai dit mais on ne construit pas une équipe en un mois. Cela prend du temps. Bruges a toujours bien géré cette évidence. La saison passée, Anderlecht et le Standard ont souffert parce que les deux effectifs avaient été secoués. Les Mauves avaient perdu quatre joueurs de base (Jan Koller, Tomasz Radzinski, Bart Goor, Didier Dheedene) et le Standard avait encore accueilli des joueurs en janvier. Je constate que ces deux clubs ont préservé, en gros, leur noyau, et il ne devrait plus y avoir de problèmes à l’allumage. Hugo Broos connaît Anderlecht comme sa poche et Robert Waseige est l’homme idéal pour ramener le calme au Standard. Bruges veut Alin Stoica, dit-on. Trond Sollied est à la recherche de joueurs inventifs. Alin en est un, et même si on le critique, je ne comprends toujours pas pourquoi il a si peu joué la saison passée. Un retour à Anderlecht me semble difficile après tant de tensions mais a-t-il le style de Bruges? Dommage d’en arriver là. Genk a acquis Kevin Vandenbergh. Je connais bien le père, Erwin, que j’avais fait signer à Lille. C’est un homme sage et prudent qui a compris que Genk était un bonne étape intermédiaire pour son rejeton.

Mons a, par contre, acheté beaucoup de joueurs…

C’est nécessaire pour les Dragons afin de digérer leur montée. Des noms, c’est bien, mais l’état d’esprit est encore plus important. L’équipe de Marc Grosjean ne devra pas jouer pour se sauver en fin de saison mais pour gagner tous les week-ends: elle ne s’en sortira que de la sorte et l’AEC en a les moyens. Je suis étonné par l’apathie des Zèbres. Etienne Delangre va avoir du pain sur la planche car Abbas Bayat a fermé le robinet. Les hommes d’affaires n’aiment pas perdre de l’argent et si Bayat ne trouve pas de nouveaux débouchés pour son club, je me demande s’il restera encore longtemps à Charleroi. La Louvière tire aussi le diable par la queue et tente de s’en sortir en engageant des joueurs en fin de contrat. L’économie a ses lois que le sport ne peut ignorer. La preuve, hélas, par le RWDM, trop pauvre et trop endetté pour rester en D1…

Emilio Ferrera a-t-il trouvé chaussure à son pied au Lierse?

Depuis ses débuts en D1, il a vécu au chevet de clubs malades: Beveren et le RWDM. Cette fois, c’est différent, avec une entité stable de la D1 qui lui a même permis de faire ses courses à Molenbeek (Fassotte, Mitu, Smet) et il devra dépasser le stade de dépanneur d’élite. A mon avis, cela ne lui posera pas de problème.

Pierre Bilic

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