» J’AI PEUR à Bruxelles « 

Voici pourquoi l’avant brésilien a passé la surmultipliée.

L’an passé, Igor De Camargo (22 ans) avait inscrit cinq buts en 13 matches pour le FC Brussels. En ce début de saison, il n’a fallu que quatre rencontres à l’attaquant brésilien pour marquer à trois reprises. De toute évidence, il semble que la venue d’Albert Cartier lui ait donné des ailes. L’ancien entraîneur de La Louvière lui a effectivement donné des conseils précis quant à son positionnement sur le terrain et le travail qu’il doit fournir. Le Brussels respire aussi la sérénité et les résultats s’en ressentent.

Igor De Camargo : On est tous très contents de nos prestations. Le noyau n’a pas vraiment été modifié par rapport à la saison dernière. On a battu Beveren et fait match nul face à Bruges et Charleroi. Je pense qu’on ne peut être déçu que par notre défaite à Lokeren. Notre meilleur transfert est certainement Albert Cartier. C’est un incroyable entraîneur. Il l’a prouvé lorsqu’il avait sous son autorité l’équipe de La Louvière. Il nous permet d’évoluer avec plaisir et il parvient à valoriser ses joueurs.

Est-ce grâce à son arrivée que votre rendement s’est amélioré ?

Il est vrai que pour le moment, je me sens très bien avec le Brussels. On travaille beaucoup pendant la semaine pour tenter d’augmenter le niveau personnel de chaque joueur. Cartier me confère également beaucoup de confiance. Mes actuelles performances sont en grande partie dues à cela. Sur le terrain, j’évolue donc dans une plus grande quiétude et je tente plus de choses qu’avant. Il n’y a que face à Lokeren que je ne suis pas parvenu à inscrire un goal. Mais cela est dû à un excellent gardien : Zvonko Milojevic. Sinon dans l’ensemble, je suis satisfait de mes performances.

Etes-vous étonné des prestations du Brussels ?

Non, ce n’est pas une grande surprise. On a énormément travaillé durant la préparation pour obtenir de tels résultats. On espère terminer dans le premier tableau. Cartier a aussi instauré une discipline de tous les instants. Tout le monde doit former un bloc, tant sur le terrain qu’en dehors. Tous les joueurs l’acceptent et sont donc très coopératifs. L’ambiance est donc excellente. Il parle aussi énormément avec ses joueurs. Tout est calculé et chaque élément du noyau sait pertinemment bien ce qu’il doit faire. Tout a évidemment changé par rapport à la saison passée. Emilio Ferrera était un coach beaucoup trop professionnel pour le Brussels. Il nous expliquait souvent des phases que je ne parvenais même pas à comprendre malgré le fait que c’est un maître tacticien… Quant à Robert Waseige, il était sans doute trop relax pour le club et la situation de l’époque. Il ne nous demandait pas assez et restait toujours trop calme. Cartier, de son côté, ne laisse rien au hasard. Il parvient toujours à capter l’attention. Après une rencontre, il passe du temps à nous expliquer les points positifs et négatifs de cette dernière. Mais à nouveau, tout se fait en groupe. Il est très rare qu’il vise un joueur en particulier. Il essaye toujours de nous motiver un maximum. Avant la rencontre contre Bruges, il est venu me parler en aparté. Il m’a assuré du fait que je pouvais réaliser un bon match mais que je devais rester calme et ne pas me précipiter.

 » Cartier me dit de moins courir  »

Vous a-t-il donné d’autres conseils ? On note quand même une différence de niveau chez vous par rapport à la saison passée.

Il m’abreuve souvent de conseils… Il a surtout insisté sur le fait que je devais moins me dépenser durant un match. Moins courir, en fait. L’an dernier, j’étais fatigué dès que j’arrivais devant le but et de ce fait, j’étais sensiblement moins efficace. Dorénavant, mon placement est plus réfléchi et je suis plus frais tout au long de la rencontre. Je me dépense moins tout en réalisant un certain travail défensif. La conséquence est que je parviens plus facilement à marquer. Mais je remercie aussi tous mes coéquipiers et le staff car on ne réalise jamais rien seul en football. Kristof Snelders a aussi une grande part dans mes buts. C’est l’exemple type du joueur qui travaille sans cesse pour les autres. Il est très généreux sur un terrain. C’est un petit gabarit apte à conserver le ballon, se tourner et courir rapidement. Avec ses qualités, il peut me délivrer des passes précieuses.

Pourtant, lors des matches de préparation, votre entente avec Snelders n’était pas encore optimale. Quelle en était la raison ?

Durant l’avant-saison, on a dû procéder à de nombreux changements et adaptations. Cartier venait d’arriver et il a dû imposer ses choix. Il fallait donc que tout le monde trouve ses marques.

Mais Cartier ne s’est-il pas plus concentré sur la défense car elle constituait le point faible de la défunte saison ?

Oui, c’est le cas. Il fallait d’abord que ce compartiment soit réglé de la meilleure façon. Après, il a pu nous indiquer ce qu’on devait faire. L’année dernière, les attaquants étaient un peu perdus sur le terrain. Maintenant, on sait exactement ce que l’on doit faire.

Comment définiriez-vous Albert Cartier ?

C’est un homme très droit et très discipliné. Son caractère inspire donc le groupe. Il dit une fois les choses et tout le monde obtempère. C’est un entraîneur très présent. Il est très organisé et tente de tout englober. Pour le moment, tout fonctionne pour le mieux. On voit que sur le terrain, les joueurs respirent la motivation. Ce n’était pas du tout le cas l’année dernière. Cette confiance qui règne dans l’équipe est due à notre entraîneur. Il a vraiment provoqué un déclic psychologique.

 » Je ressemble peut-être à Jardel  »

Vous n’êtes pas un joueur brésilien typique car vous êtes très bon dans le jeu aérien… Comment l’expliquez-vous ?

Je profite tout simplement de ma taille. Je pense être quand même doté d’une assez bonne technique. Il est clair que je ne passe pas tout mon temps à tenter des feintes. Je ressemble peut-être plus à un joueur tel que Mario Jardel. Il est excellent de la tête mais balle au pied également. Il y a bon nombre de joueurs brésiliens doués dans le jeu aérien mais on préfère évidemment se concentrer sur ceux qui réalisent ce qu’ils veulent avec un ballon. En Belgique, les défenseurs commencent à cerner mon style de jeu. Ils me serrent de plus en plus près et tout devient fatalement de plus en plus difficile.

Voilà déjà presque plus de six ans que vous êtes arrivé en Belgique. Comment vous y sentez-vous en tant que Brésilien ?

Je suis arrivé quand j’avais environ 16 ans. J’ai donc d’abord évolué en tant que Scolaire à Genk. Tout n’a pas été facile au début. J’ai dû beaucoup travailler pour m’adapter, tant au niveau footballistique que dans la vie de tous les jours. Au Brésil, sur le terrain, vous bénéficiez de plus de temps pour réaliser ce que vous voulez faire. En Belgique, le jeu est beaucoup plus rapide. Il faut presque vous séparer du ballon dès que vous en avez l’opportunité. Au quotidien, j’ai également fait d’innombrables efforts pour me frayer un chemin. Quand je suis arrivé, j’ai tout fait pour casser la barrière de la langue. J’étais très paniqué les premiers jours. Une fois ce sentiment dissipé, je me suis mis dans la tête qu’il fallait absolument que j’apprenne un maximum de langues. Pour le néerlandais, j’ai pu compter sur ma famille d’accueil, et en particulier sur la dame qui n’a cessé de s’occuper de moi. Elle vient malheureusement de décéder. C’est la raison pour laquelle je lui ai dédié mon premier but. Je pense que je ne pouvais lui offrir d’autre cadeau. Sur le terrain, je pense souvent à elle. Cela me donne de l’énergie supplémentaire. Je la remercie donc immensément. J’ai aussi tout fait pour apprendre le français et un peu d’italien et d’anglais. Dans le foot, les langues sont indispensables pour une correcte adaptation en cas de transfert.

 » J’ai quitté Genk qui ne m’a pas respecté  »

Le Brésil ne vous manque-t-il pas trop ?

Si, énormément. J’y pense tous les jours et aussi à ma famille, qui est encore au Brésil. Je reste en contact par téléphone mais ce n’est pas du tout la même chose. J’ai une petite propriété et un magasin de fournitures scolaires que ma mère gère. J’essaye de leur faire parvenir un soutien financier des plus décents pour qu’ils ne soient pas dans le besoin. J’ai fait rénover la maison de mes parents. Le foot est aussi présent dans mes pensées. J’aimerais pouvoir un jour évoluer à São Paulo en D1 brésilienne. C’est véritablement mon rêve.

Et comment vous sentez-vous à Bruxelles ?

Au début, j’étais assez effrayé. A peine arrivé, je me suis fait voler mon autoradio. J’en ai réellement été dégoûté. La ville est aussi très grande et il y a beaucoup de béton. Dans le centre, les magasins et les touristes pullulent. C’est une ville très internationale. Et je ne m’y sens pas encore très à l’aise. Mais ça ne va qu’en s’améliorant. Je viens d’un petit village du Brésil et ici, tout est différent. On ressent plus de pression. J’habite désormais à Koekelberg avec ma copine qui vient elle aussi du Brésil. Elle se prénomme Giovana et elle me soutient énormément. Je ne pense pas que mes prestations seraient aussi acceptables sans elle. Je suis ici pour mon travail et je fais donc preuve de relativisme. J’espère pouvoir passer quelques jours au Brésil en décembre pour me ressourcer. Ma copine doit d’ailleurs y rentrer prochainement pour subir une petite opération. Et quand elle sera rétablie, elle me rejoindra à nouveau en Belgique.

En rétrospective, regrettez-vous d’avoir quitté Genk ?

Non, pas du tout. A Dortmund, j’avais inscrit les deux buts de la victoire (1-2). Après cette rencontre, les dirigeants m’avaient promis de me proposer un nouveau contrat et après trois mois, je n’avais toujours rien vu venir. La direction ne m’a vraiment pas respecté et c’est la raison pour laquelle j’ai quitté Genk. J’estime que les joueurs doivent se soumettre aux dirigeants mais ces derniers sont tenus à une certaine loyauté envers leurs éléments.

Comment voyez-vous votre avenir ?

Pour le moment, je me focalise sur le FC Brussels. Après, on verra. Le mercato est clôturé. J’ai eu quelques contacts, notamment avec le Standard mais rien de très concret. On va dans les prochains jours affronter Anderlecht. J’espère que je serai tenu par Hannu Tihinen car Vincent Kompany est beaucoup trop remuant et rapide pour moi. A long terme, j’espère évidemment évoluer dans un grand club étranger ou retourner au Brésil. C’est pour cela que j’essaye d’apprendre un maximum de langues.

Tim Baete

 » Mon rêve reste de JOUER POUR SÃO PAULO, en D1 brésilienne  »

 » Contre ANDERLECHT, j’espère être TENU PAR TIHINEN car KOMPANY est beaucoup TROP RAPIDE  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire