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La résurrection de Mario Götze au PSV: « J’ai encore des choses à prouver »

En 2014, au Brésil, Mario Götze a inscrit le but qui a permis à l’Allemagne de devenir championne du monde. Et s’il a un peu disparu de la circulation par la suite, il est aujourd’hui de retour. Au PSV.

Mario Götze impressionne au PSV cette saison. L’Allemand de 29 ans est en pleine forme, apprécie sa position derrière l’attaquant et est l’un des leaders de l’équipe entraînée par Roger Schmidt. Il se sent tellement bien à Eindhoven qu’il a prolongé son contrat de deux ans.

Vous êtes visiblement bien dans votre peau. Quel est le plus grand changement par rapport à la saison dernière?

MARIO GÖTZE: Je constate clairement qu’il y a une évolution dans le développement de notre groupe. On joue de manière plus mature, ce qui nous permet de gagner plus facilement les matches de haut niveau. On l’a par exemple montré contre l’AZ. C’est différent par rapport à la saison dernière.

Le PSV a étonné tout le monde lorsqu’il vous avait engagé il y a un an, et voilà qu’aujourd’hui, vous prolongez même pour deux saisons. Pourquoi?

GÖTZE: Il y a plusieurs raisons à cela. J’accorde beaucoup d’importance à ce que je ressens, tout comme à mes performances sur le terrain. Et mes performances me disent que je suis très bien au PSV en ce moment. Il est également important de savoir ce que le club et l’entraîneur pensent de moi. Tout est positif et cette prolongation me semble dès lors logique. J’avais encore un contrat pour cette saison, alors les questions se posent inévitablement. Que va-t-il se passer? Comment l’équipe va-t-elle se développer? Comment jouons-nous au football? Je pense que pouvoir apporter des réponses positives à tout ça.

Je dois prendre les bonnes décisions pour ne pas faire du surplace comme footballeur et comme être humain. »

Mario Götze

« Je ne suis pas du genre à regarder en arrière trop longtemps »

Vous avez joué au plus haut niveau européen, vous avez remporté des trophées prestigieux, mais qu’est-ce qui vous plaît au PSV?

GÖTZE: Mon développement personnel est très important pour moi. Lorsque je regarde ce que j’ai vécu ces dernières années pour arriver au point où je suis maintenant, je me dis que je me sens bien au PSV. De plus, je ne jouerai pas éternellement au football. On n’a que quinze à vingt ans à passer au plus haut niveau en tant que footballeur, puis c’est fini. Je dois donc prendre les bonnes décisions et travailler de la meilleure façon possible pour tirer le meilleur parti de ma carrière. J’ai très faim. Et j’adore jouer au football, c’est ma principale source de motivation.

Vous êtes heureux, c’est important pour vous. Avec ce que vous savez aujourd’hui, auriez-vous fait le pas vers le Bayern Munich et le retour à Dortmund à l’époque?

GÖTZE: Si c’était à refaire, avec ce que je sais aujourd’hui, j’aurais sans doute pris d’autres décisions. Mais je ne pouvais le savoir qu’avec le recul. Il est clair que les décisions que je prenais à 21 ans sont différentes de celles que je prends aujourd’hui à 29 ans. Je n’ai pas rassemblé toutes ces expériences positives et négatives pour rien. Chaque personne, en regardant en arrière, aurait pris un tournant différent à un moment donné. En fin de compte, je suis heureux que les choses se soient déroulées comme ça. Sinon je n’aurais pas vécu certaines choses et je n’en aurais pas tiré de leçons. Mais je ne suis pas du genre à regarder en arrière trop longtemps. Il faut en tirer des leçons et prendre les bonnes décisions pour soi-même et pour sa famille.

Mario Götze champion du monde en 2014. À cette époque, l'Allemand est au faîte de sa gloire.
Mario Götze champion du monde en 2014. À cette époque, l’Allemand est au faîte de sa gloire.© GETTY

Peut-on dire que vous vous êtes épanoui en tant que footballeur au PSV?

GÖTZE: Si l’on compare avec ma dernière période à Dortmund, où je n’ai pas beaucoup joué, oui, effectivement. Mais si l’on compare avec mon séjour à Munich, c’est encore différent. Il faut toujours regarder d’où l’on vient. Alors oui, je peux dire que je me sens de nouveau bien. Je suis en forme, j’ai un impact sur le jeu et je peux aider l’équipe avec des buts et des passes décisives. Je pense qu’on pratique un bon football en possession de balle, avec beaucoup d’intensité. Ça me fait plaisir qu’on gagne en jouant de la sorte, donc ça fait du bien.

Un contrat jusqu’en 2024 signifie-t-il également que vous n’avez plus de nouveau défi à relever?

GÖTZE: Quand mon contrat arrivera à expiration, j’aurai 32 ans. J’espère que ma carrière ne sera pas terminée à ce moment-là. En football, tout va très vite et beaucoup de choses peuvent se passer. Regardez ce que le coronavirus a engendré. Aujourd’hui, je me réjouis de mon passage au PSV et de la manière dont les choses se déroulent cette saison. On verra ce que l’avenir me réserve. Mais à 32 ans, je n’aurai certainement pas envie de m’arrêter tout de suite.

« Je veux gagner, avoir un impact sur l’équipe et bien jouer au football »

Le calme qui règne à Eindhoven vous plaît?

GÖTZE: Ça change de l’Allemagne, c’est sûr ( Ilrit). Moins de photos, d’autographes, de fans et de médias. Le Covid rend la comparaison difficile, mais c’est différent de Munich ou de Dortmund. Le calme m’aide-t-il à mieux me concentrer? Pas tellement, parce que je m’étais habitué à toute cette attention ces dix dernières années. Ça ne me dérangeait pas non plus si des enfants qui jouaient au football me demandaient une photo ou un autographe. C’était différent, aussi, lorsque je suis retourné à Dortmund. Ce n’est pas cette attention qui m’a incité à quitter l’Allemagne. Je ne jouais pas beaucoup à l’époque et il y a eu beaucoup de changements au niveau des entraîneurs. Ce sont d’autres facteurs qui me dérangeaient à ce stade de ma carrière.

Vous avez encore quelque chose à prouver?

GÖTZE: Oui, vous le voyez. Je ne dois rien prouver aux autres, mais à moi-même. Je dois faire les bons choix pour ne pas faire du surplace comme footballeur et comme être humain. Je suis intéressé par de nouvelles philosophies, de nouveaux entraîneurs et de nouvelles personnes. En même temps, je veux gagner, avoir un impact sur l’équipe et bien jouer au football.

Vous pensez que vous pratiquez un bon football, mais vous avez récemment déclaré qu’il serait difficile de maintenir ce haut niveau pendant dix mois. Pourquoi est-ce difficile?

GÖTZE: Je sais où se situent nos ambitions et ce que nous devons faire pour les atteindre. Mais si c’était si facile, tout le monde pourrait le faire ( Ilrit). Mes expériences avec Dortmund et le Bayern m’ont appris qu’il faut disposer d’un large choix en matière qualitative. Il y aura des obstacles sur la route, il y aura des blessures et des joueurs partiront pour leurs équipes nationales, par exemple. Mais malgré ça, on doit continuer à prester. Tout le monde doit rester motivé et être présent pendant toute la saison, pas seulement pendant quatre semaines. Il est difficile d’être en forme pendant dix mois.

Je suis davantage un leader que la saison dernière.

Mario Götze

Ce sera nécessaire pour remporter le titre.

GÖTZE: Exact.

Quel est votre rôle dans ce contexte?

GÖTZE: Je suis davantage un leader que la saison dernière. C’est lié à un certain nombre de choses. L’année dernière, je suis arrivé au PSV très tard et je me souciais surtout de moi-même. J’ai dû m’habituer à l’équipe et à mon nouvel environnement. Les joueurs devaient s’habituer à la nouvelle philosophie, ça prend du temps et j’en avais besoin aussi. Aujourd’hui, je connais tout le monde, j’occupe une position différente sur le terrain et on a de nouveaux joueurs. Certains d’entre eux, comme André Ramalho, Marco van Ginkel et Davy Pröpper, savent ce que l’on attend d’eux. La composition de l’équipe est bonne maintenant et l’ambition dans le groupe est différente de la saison dernière.

Mario Götze, âgé de 22 ans l'époque, trompe le gardien argentin Sergio Romero dans les ultimes instants de la finale du Mondial 2014. Un moment d'éternité pour toute l'Allemagne.
Mario Götze, âgé de 22 ans l’époque, trompe le gardien argentin Sergio Romero dans les ultimes instants de la finale du Mondial 2014. Un moment d’éternité pour toute l’Allemagne.© GETTY

Selon l’entraîneur, l’esprit et l’attitude de l’équipe sont meilleurs aussi. Ça dit aussi quelque chose sur la saison dernière.

GÖTZE: Oui, mais il ne faut pas oublier qu’à cause du coronavirus et des mesures sanitaires, c’était une année très difficile. Pas seulement sur le terrain, mais aussi socialement, en dehors. Vous le savez aussi. Il faut prendre tout ça en considération pour comprendre que les facteurs externes ont parfois un impact sur les prestations sportives. Mais ça va dans les deux sens, l’esprit dans l’équipe est effectivement meilleur maintenant.

« En Bundesliga, le PSV finirait dans le top 6 »

Vous avez loupé de peu la Champions League. Que s’est-il passé?

GÖTZE: Il faudrait des années pour tout expliquer ( Ilrit). Mais on doit d’abord jouer cette saison, c’est le plus grand défi et j’ai peux avoir une influence sur le déroulement de celle-ci. On a disputé de bons matches de qualification et on était meilleurs que notre adversaire lors de chaque match. La déception était d’autant plus grande lorsqu’on a été éliminés ( parBenfica, ndlr). La Ligue des Champions est importante pour moi, c’est clair. Mais le fait de disputer encore la phase de groupes de l’Europa League contre de très beaux clubs, qu’on propose un bon football cette saison et qu’on prenne du plaisir avec un bon groupe de joueurs, ont été des facteurs importants dans la prolongation de mon contrat.

Vous avez remporté la Supercoupe des Pays-Bas en battant l’Ajax 4-0. Selon votre entraîneur, ce n’était pas un signal que vous envoyiez à la concurrence. Qu’en pensez-vous?

GÖTZE: L’écart de seize points avec l’Ajax en fin de saison dernière était trop important, c’est clair. Mais leur entraîneur en est à sa quatrième saison, ils ont déjà construit une équipe. C’est ce qu’on est en train de faire, mais la mise en place de la philosophie de l’entraîneur prend du temps, et il faut aussi changer la structure de l’équipe. L’Ajax a une bonne équipe, je l’ai également constaté lors du match qu’on a gagné, et ils ont un noyau large. Ce sera compliqué, mais aussi très intéressant.

La saison dernière, le PSV jouait avec deux « demi 10 », maintenant vous êtes le seul à jouer derrière l’attaquant. C’est mieux?

GÖTZE: Oui, certainement pour moi. J’aime jouer en position plus centrale et, quand on a le ballon, redescendre en milieu de terrain pour aider à la construction. Mais j’aime aussi aider l’attaquant devant. Ce rôle convient mieux à mon style, je peux jouer davantage sur mes qualités.

Vous avez longtemps joué en Bundesliga. Où le PSV se situe-t-il par rapport aux clubs qui disputent le championnat d’Allemagne?

GÖTZE: C’est difficile à dire. Sur base de la situation actuelle, du bon football qu’on a produit et de nos prestations lors des matches de qualification pour la Ligue des Champions, je pense qu’on finirait dans le top 6. C’est tout à fait possible, d’autant que vous pouvez nous comparer à de grands clubs comme Benfica ou Galatasaray.

Ceux qui disent: « Götze se débrouille bien, mais il ne joue qu’en Eredivisie » font donc une erreur d’appréciation?

GÖTZE: Ça dépend de la façon dont on voit les choses. Si vous ne comparez que les différents championnats, alors c’est vrai. Mais lorsqu’on voit que les quatre premiers clubs néerlandais sont toujours présents sur la scène européenne et que l’Ajax, par exemple, est récemment allé très loin en Champions League, on peut se dire que le championnat des Pays-Bas n’est pas si mauvais que ça. Il faut tenir compte des prestations en Coupes d’Europe si on veut évaluer correctement le niveau de certains clubs d’Eredivisie.

« Hansi Flick m’a appelé récemment »

Pensez-vous encore à l’équipe nationale allemande?

MARIO GÖTZE: Tout à fait, mais jusqu’à un certain point. Je me concentre d’abord sur le PSV et sur mes prestations ici, car ce sont les seules choses sur lesquelles j’ai une influence. Mais je connais Hansi Flick depuis longtemps, depuis mes débuts quand j’avais 18 ans. On est restés en contact depuis lors. Il m’a appelé récemment, on a discuté et il m’a expliqué certaines choses. Il l’a dit lui-même: il faut être performant, montrer de la qualité et le faire sur une plus longue période pour être pris en considération pour l’équipe d’Allemagne. On verra bien. L’équipe nationale n’est pas le plus important pour moi, en ce moment. Je veux d’abord me montrer régulier avec le PSV, que ce soit clair. Je me concentre sur cet objectif. Pour le reste, c’est à l’entraîneur de décider.

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