© KOEN BAUTERS

 » J’ai dû faire preuve de fermeté pour me faire respecter « 

Le foot, c’est de la passion. Pour les femmes aussi. À intervalles réguliers, nous donnons la parole à l’une d’entre elles, branchée sur le sport. Cette semaine : Leen Van Damme (34 ans), qui fait partie du staff médical de Waasland-Beveren depuis plus de dix ans.

« J’ai grandi entre trois frères, mais j’étais déjà la plus passionnée par le football. Je regardais pratiquement tous les matches de Ligue des Champions, en particulier ceux de Manchester United à l’époque de Ole Gunnar Solskjaer et de Paul Scholes, dont je connaissais tout. De 12 à 17 ans, j’ai moi-même joué au football à Sinaai Girls.

À 15 ans, j’ai déclaré que je voudrais soigner des footballeurs, plus tard. Durant mes humanités, il est également apparu que je me dirigerais vers des études de kinésithérapie. Ensuite, j’ai eu la chance de pouvoir effectuer mon stage chez David Bombeke, mon partenaire actuel chez Rev Training. C’est ainsi que j’ai débarqué au Red Star Waasland, à l’époque encore en deuxième division.

À 23 ans, je l’ai pour la première fois accompagné aux entraînements et aux matches. Le fait d’être une femme dans un monde d’hommes ne m’a jamais dérangé. Et je n’ai jamais connu de problèmes. Inconsciemment, je pense cependant que j’ai fait preuve de plus de fermeté, pour me faire respecter.

Les footballeurs doivent sentir que nous sommes là pour les aider, c’est important. Mais c’est évidemment délicat : parfois, ils préfèrent cacher leurs douleurs, de crainte de ne pas être sélectionné pour le match. Beaucoup dépend de la communication avec l’entraîneur. Avec certains, on a des rapports étroits, avec d’autres beaucoup moins. Parfois, ils mettent la pression pour qu’un joueur important soit apte à jouer. C’est à nous qu’il revient de communiquer clairement les différentes options possibles.

La saison dernière, nous avons découvert à quel point tout peut être différent lorsque les résultats sont bons. Sous la direction de Philippe Clement, nous avons connu une très belle période, et dans ce cas-là, on se plaint moins, ou on constate qu’il y a moins de blessures. Nous avions déjà senti pendant la préparation que tout se mettait bien en place : l’organisation était parfaite, les joueurs se sentaient appréciés. Mais il ne faut pas oublier que nous disposions déjà d’une base qui jouait ensemble depuis quelques années.  »

Une des leurs

 » En tant que kiné, vous êtes une personne de confiance. J’essaie de faire preuve d’empathie, mais il ne faut pas exagérer non plus. La plupart me voient comme l’une des leurs, on plaisante autant avec moi qu’avec quelqu’un d’autre. Je ne me suis jamais sentie traitée de manière irrespectueuse. Je n’ai jamais eu de lien personnel avec les joueurs. Le jour où vous me verrez dans une discothèque avec des footballeurs n’est pas encore arrivé.

Même lorsque nous sommes montés en première division, je ne suis pas allée fêter le titre avec eux. Pendant la revalidation, on apprend à bien connaître certains joueurs, mais on sait aussi : dès qu’ils sont opérationnels et n’ont plus besoin de moi, le contact disparaît. Pour moi, c’est très bien ainsi.

Dire que le footballeur est un athlète fainéant, c’est un cliché que je trouve déplacé. Je travaille avec des cyclistes chez BMC et c’est vrai qu’ils ont une autre mentalité que les footballeurs, mais je trouve que ce n’est pas comparable. En cyclisme, on ne travaille qu’avec les meilleurs : pour atteindre l’élite, il faut être un grand professionnel et un grand athlète.

Un cycliste peut aussi terminer une course avec, par exemple, une entorse de la cheville. Pour un footballeur, ce n’est pas possible. La comédie sur le terrain fait partie du jeu. Parfois, il m’arrive aussi de monter sur le terrain d’un pas pressé ou plus lent pour soigner un joueur, en fonction des circonstances.

La Premier League est extrêmement exigeante. En Espagne, on dispute autant de matches, mais on s’entraîne avec moins d’intensité, et le championnat est selon moi moins physique. Des vedettes comme Lionel Messi peuvent parfois jouer un match à 50 % de leurs capacités, mais quand même faire la différence avec cinq accélérations.

Je suis fan de l’athlète Cristiano Ronaldo. Je préférerai toujours un footballeur athlétique à un footballeur pur. J’ai par exemple énormément de respect pour Romelu Lukaku, qui a déjà réalisé beaucoup de choses à 24 ans grâce à un gros travail sur lui-même.  »

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