« J’ai craqué »

Stéphane Blondel, le papa de Jonathan, a assisté avec émotion au premier but de son fils dans le football pro.

Stéphane Blondel a perçu la tension dans la demeure familiale: « Habituellement, Jonathan dort comme un loir, mais avant la finale, il a passé quelques nuits difficiles. La pression est montée il y a une dizaine de jours, lorsque Tonci Martic s’est blessé. Mon fils a alors su qu’il y avait de grandes chances qu’il monte sur la pelouse du Heysel. Sans cela, il n’aurait peut-être pas fait partie des 15. Il n’en aurait conçu aucune amertume. Il est jeune et il le sait. Après coup, certaines personnes me disent que Jonathan aurait dû être introduit plus tôt. Je n’en suis pas sûr. Hugo Broos sait comment gérer ses joueurs. Si Jonathan avait été présent au coup d’envoi, sa fraîcheur n’aurait peut-être pas fait la différence ».

Si Mouscron avait gagné, Jonathan aurait sans doute été l’homme du match. « C’est possible », admet son père. « Mais ce n’est pas important. Le but qu’il a inscrit suffit déjà à mon bonheur. C’est son premier but chez les professionnels. Lors du premier tour, lorsqu’il avait effectué sa percée en D1, il n’avait jamais trouvé le chemin des filets. Jeudi, il était au jeu depuis 14 secondes. J’ai fait le décompte en visionnant la cassette. Une fois la déception de la défaite passée, Jonathan conservera, lui aussi, un souvenir inoubliable de ce moment. Moi, en tout cas, il m’a fait craquer. Tout le monde, autour de moi, s’est levé pour frapper dans les mains. Je suis resté assis et j’ai écrasé quelques larmes. Le soir, Jonathan en a remis une couche. A la réception, on lui a demandé à qui il avait pensé lorsqu’il a marqué. Il a répondu: -A mon père! J’ai craqué une deuxième fois ».

En jetant un regard rétrospectif sur la saison, Stéphane Blondel ne regrette rien. « Mon fils et moi garderons des souvenirs impérissables de nos visites à Manchester United et à Schalke 04. Jonathan n’a pas pu s’entraîner en Angleterre: il était blessé. Mais il a pu visiter Old Trafford et dîner avec les vedettes du club. En Allemagne aussi, il n’a fait que découvrir la toute nouvelle Arena. C’était fabuleux. Jamais, cependant, il n’a regretté d’avoir prolongé à Mouscron. Pas même durant le deuxième tour du championnat, lorsqu’il a peu joué. A l’Excel, Jonathan a la chance de pouvoir évoluer aux côtés de joueurs expérimentés qui font tout pour le mettre en confiance. En dehors du terrain aussi, il est bien encadré. Il est en contacts fréquents avec les anciens Mouscronnois, qui sont passés par où il passe actuellement, et qui savent comment le guider ».

« Il n’a pas encore son permis »

« De mon côté, j’essaye aussi de lui maintenir les pieds sur terre. Je n’écarte pas systématiquement les propositions, mais je ne veux pas qu’il brûle les étapes. Mon fils vient d’avoir 18 ans, le 3 avril. Il n’a même pas encore passé son permis de conduire. Je le voyais mal vivre seul dans un appartement, en Angleterre ou en Allemagne. Et puis, rien ne dit qu’il aurait réussi. Il se serait peut-être entraîné avec le noyau B, et dans deux ans on n’aurait plus parlé de lui.

Chaque fois qu’une proposition m’est parvenue pour un stage ou une visite à l’étranger, j’en ai parlé à l’entraîneur. Jonathan doit également beaucoup à Philippe Saint-Jean. Dommage que ses rapports avec Hugo Broos se soient détériorés. S’il devait quitter l’Excelsior, ce serait une perte pour le club.

L’objectif était que Jonathan puisse faire ses armes et jouer quelques matches en D1 cette saison. C’est réussi. Si l’on m’avait dit, au départ de la saison, qu’il jouerait 18 matches en équipe Première, j’aurais signé des deux mains. L’argent n’est pas important pour l’instant. C’est parfois difficile de résister aux tentations. Quand je constate que Jonathan vient de signer un très beau contrat à Mouscron, et que malgré cela des clubs étrangers sont encore capables d’offrir dix fois plus, c’est affolant. Je lui répète souvent qu’il faut savoir rester petit pour, un jour, devenir grand. Actuellement, Jonathan investit. Il récoltera plus tard. Egoïstement, je suis aussi très content qu’il soit resté. Je n’aurais pas pu concevoir un week-end sans aller le voir jouer. Avant de partir pour Manchester, j’avais d’ailleurs déjà noté ce que j’aurais dû demander, au cas où… Des billets d’avion et des chambres d’hôtel. Cela n’aurait vraisemblablement posé aucun problème, mais ce ne fut pas nécessaire et c’est très bien ainsi ».

L’EURO en Norvège

Le fait d’avoir pu disputer une première finale de Coupe de Belgique, à 18 ans, est déjà une belle récompense pour les efforts consentis: « Sur le but, si on ne l’avait pas retenu, il aurait fait deux fois le tour du terrain ».

Stéphane est lui-même un ancien footballeur. Il évolua à un niveau modeste, à Armentières, en Division d’Honneur française, puis à Ploegsteert, en Provinciale belge: « J’étais attaquant. Des buts, j’en inscrivais pas mal. Quelques-uns mémorables car marqués dans les derbies, par exemple. Les rivalités de clochers ont parfois la dent dure. Beaucoup de personnes me font remarquer que, dans la presse, on parle de Jonathan comme d’un Ploegsteertois, alors qu’il est en réalité Bizetois. Qu’y puis-je, si les journalistes confondent? En fait, Jonathan est né à Ypres, où se situe la maternité la plus proche, mais il n’est pas flamand, tout de même? » (il rit)

Le soir de la finale, parce qu’il y avait encore la soirée des supporters le lendemain, Jonathan est resté dormir chez sa maman, à Mouscron. Le week-end, il était à Armentières, où son père s’est remis en ménage. « Jonathan a vécu des moments difficiles lors de la séparation », reconnaît Stéphane Blondel, visiblement songeur lorsqu’il aborde ce chapitre douloureux de sa vie privée. « Aujourd’hui, heureusement, il a franchi le cap. J’en suis soulagé. Il est mon fils unique, ce que j’ai de plus cher au monde. Mon ex-épouse et moi nous nous efforçons de ne pas lui nuire ».

Pour Jonathan, le prochain objectif sera le Championnat d’Europe des -19 ans, en juillet en Norvège. « En sachant que cinq des huit équipes participant au Championnat d’Europe seront qualifiées pour le Championnat du Monde. Mon fils en rêve. C’est un garçon espiègle, mais il sait ce qu’il veut. Il a toujours été très mature. Peut-être parce qu’il a toujours joué dans une catégorie supérieure à la sienne. La plupart de ses copains sont plus âgés que lui. Mais il ne se prend pas au sérieux. Il vit ce qui lui arrive avec l’esprit de son âge ».

Daniel Devos,

« On est allé ensemble à Manchester et à Schalke »

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