« J’ai ce qu’il faut! »

Pierre Bilic

Le club bruxellois mise maintenant sur l’ancien homme-but du Canonnier.

Les Mauves et les Hurlus se sont tapés la cloche en fin de semaine passée : Nenad Jestrovic (25 ans) a signé un contrat de quatre saisons à Anderlecht. L’accord entre les deux clubs fut très vite entériné après quelques bouchées avalées à une table de la « Cloche », un des restaurants préférés de Jean-Pierre Detremmerie, situé à deux pas de l’hôtel de ville de Mouscron.

Même si on parle d’un montant de transfert qui flirterait avec les 110 millions de francs belges, le chiffre exact n’a pas été révélé. Il est probable que Mouscron préfère garder le montant secret car Metz, où les Hennuyers ont déniché leur goleador yougoslave en été dernier, aurait, dit-on, le droit de percevoir un pourcentage intéressant sur la plus-value. Tout le monde est content. Nenad Jestrovic avait une offre de Torino en poche mais il se méfiait un peu des risques liés aux aventures d’un club qui va redécouvrir le Calcio après un stage en Série B. Anderlecht est bien plus stable et jouera en Ligue des Champions la saison prochaine.

A son âge, un joueur a encore du temps devant lui et, si sa propression se confirme, l’Italie lui tendra ses bras dans deux ou trois ans. Nenad le sait et rêvait de jouer au Stade Constant Vanden Stock. Anderlecht respire, oublie le feuilleton Ahmed Hossam, et n’a pas embrigadé un joueur sur un coup de tête ou en réaction à un échec sur le houleux marché des transferts : il y a des mois que les Bruxellois lorgnaient vers Nenad Jestrovic, se renseignaient sur les facettes de son talent et de son caractère.

Ce buteur était trop cher à l’entretien (900.000 francs par mois?) pour l’Excelsior de Mouscron qui avec les bénéfices du transfert pourra étayer son équipe. Du côté presse du coeur ou à sensation, on compare déjà les charmes de la brune Hedvika Koller à ceux de la blonde Tamara Jestrovic : match nul…

Nenad et sa femme ont l’avantage de s’exprimer tout à fait couramment en français. Ils n’ont pas eu le moindre problème d’adaptation à Mouscron et ne devraient dès lors pas en rencontrer à Bruxelles.

« Je tenais à ce transfert car je sais tout ce qu’Anderlecht représente sur la scène du football international », dit le buteur slave. « Pour moi, ce n’est pas un aboutissement mais une motivation pour progresser, pour repousser mes limites et rendre de grands services à ceux qui croient en moi. Même si je suis surtout un finisseur, j’ai d’abord l’intention de me mettre au service de mon nouveau groupe. Pour moi, le collectif est important car un buteur ne peut pas vivre seul sur une île déserte. Il dépend des autres mais peut et doit apporter beaucoup à l’équipe. L’interdépendance entre les lignes est un facteur tactique important et j’ai prouvé que j’en tenais compte à Mouscron ».

Alors qu’Ahmed Hossam se pose encore des questions existentielles et était assez ébranlé par le fait qu’ Aimé Anthuenis ne lui ait pas garanti une place de titulaire (Ajax lui a fait des promesses mais qu’est-ce que cela signifie exactement dans le football actuel?), Nenad Jestrovic n’a jamais eu le blues.

« Je n’ai rien demandé à Anthuenis », dit-il. C’est la différence entre un ado de dix-huit ans et un homme de vingt-cinq ans. Nenad ne se base pas en priorité sur les paroles de son futur coach, il est d’abord animé par la confiance en ses moyens.

« Je sais que j’ai les moyens, les arguments et les qualités nécessaires pour réussir à Anderlecht », dit-il.

Les chiffres de la saison écoulée plaident en sa faveur si on fait une comparaison avec Ahmed Hossam. L’Egyptien a disputé vingt-trois matches et signé onze buts et six assists. Nenad Jestrovic a pris part à vingt-cinq matches et réalisé vingt buts et cinq assists. Il y a une différence qui s’explique par le métier de Nenad Jestrovic qui a déjà un vécu en D1 car il joua à ce niveau en Yougoslavie et en France. Ahmed Hossam s’éloignera très vite des esprits mauves et si Nenad Jestrovic doit faire oublier quelqu’un, c’est bien Jan Koller.

« Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette façon de poser le débat », précise tout de suite Nenad Jestrovic. « Je ne suis pas un nouveau Jan Koller, personne ne jouera jamais à la Koller : nous ne nous ressemblons vraiment pas du tout. Il était unique en son genre. Je suis très différent et je proposerai forcément d’autres idées et solutions au groupe. Je ne suis pas une tour mais le trafic aérien me plaît bien car je mesure 1,85 m et mon timing est bon, j’adore la profondeur, etc. Je ne suis donc pas du tout obnubilé par l’idée que je dois remplacer Jan Koller. Cette question ne se pose pas car c’est une nouvelle aventure qui attend Anderlecht. A Mouscron, on ne doit pas chercher un autre Nenad Jestrovic non plus mais d’autres grands équilibres et complémentarités. Personne n’est indispensable. Je ne le serai pas à Mouscron. Mais je suis heureux d’y avoir joué, d’avoir apporté ma contribution à l’oeuvre commune ».

Sans une blessure à la jambe, « Jestrogoal » aurait probablement décroché le titre de meilleur finisseur de l’élite. Au classement des buteurs, Nenad a finalement été distancé par Tomasz Radzinski (23 buts en 31 matches) et Jan Koller avec une réalisation en moins que le sprinter canadien. Tomasz et Nenad ne jouent-ils pas dans le même registre? Qui sera la rampe de lancement de l’autre?

« Personne et tout le monde », dit Jestrovic. « Anderlecht a trop d’arguments pour se contenter d’une solution. Le danger est venu de partout la saison passée. Bart Goor a aussi marqué sa dizaine de buts. A Mouscron, je m’entendais très bien avec Marcin Zewlakow alors que nos qualités sont comparables. Je ne vois pas du tout ce qui devrait m’empêcher de finalement en faire de même avec Tomasz Radzisnki et les autres ».

Il a fait l’impasse sur neuf matches de championnat en raison de deux blessures, une à cause d’adducteurs récalcitrants, l’autre plus récemment suite à une mauvaise réception après un heading contre Genk. On le releva avec une cheville en très mauvais état et d’autres examens révélèrent plus tard une fêlure du péroné. C’était en avril et le championnat venait d’entrer dans sa phase de vérité. Une tuile car Nenad Jestrovic venait d’être convoqué par le coach national yougoslave pour un match contre la Russie. C’est partie remise mais cette première cap lui tenait à coeur. Il a été déplâtré il y a un petit temps et tout se passe bien.

« Je passerai le plus clair du mois de juin à Marbella où j’ai déniché un hôtel avec une salle de fitness hyper-complète et tout ce qu’il faut afin de bosser et de se forger une bonne condition physique ».

Il y a peu, Antoine Vanhove, le manager de Bruges, a affirmé qu’on lui avait proposé (via Paul Stefani) le buteur yougoslave mais le club de la Venise du Nord aurait repoussé cette offre et affirma récemment que le joueur ne serait pas opérationnel pour le début de la prochaine saison. Une remarque à inscrire dans le contexte de la tension entre le Club Brugeois et Ranko Stojic, nouveau manager du joueur, qui a finalisé l’accord entre Anderlecht et Nenad Jestrovic?

Réponse en août, sur le terrain.

Dia 1

Pierre Bilic

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