» J’ai arrêté de fumer, je vois la différence « 

Depuis son arrivée à Gand, ce germanophone est l’une des sensations de notre championnat. Rencontre.

C’est un des transferts de l’année : jeune, belge, offensif, capable de jouer des deux pieds et extrêmement talentueux. Au départ pourtant, Christian Brüls semblait prendre le chemin de Genk. Il avait conclu un accord personnel avec le Racing, pour quatre saisons, sans pour autant s’être mis d’accord avec son employeur. Son transfert à Gand aurait été décidé par Westerlo. Si Brüls est content de l’issue des négociations, le club campinois refuse toutefois d’assumer la responsabilité de sa destination finale.

A Westerlo, Brüls se distinguait par ses actions individuelles. A Gand aussi, il s’érige en dribbleur impossible à freiner. Savoir jouer des deux pieds n’est pas exceptionnel en soi. Ce qui l’est, c’est d’être aussi performant du gauche comme du droit.

 » Quand j’avais sept ou huit ans, je me suis blessé à la jambe droite. Au lieu de me reposer à la maison, j’ai joué du gauche pendant deux mois. Il faut avoir de la volonté. Au début, c’était très difficile mais après une semaine ou deux, j’ai eu de meilleures sensations dans le pied gauche. Au fil du temps, c’est devenu de plus en plus facile. Certains jours, je m’oblige encore à tout faire du gauche à l’entraînement pour entretenir mes sensations et ne pas perdre mon habileté. Je peux réaliser du gauche tout ce que je fais du droit, comme sur les coups de coin par exemple. Plus le tir est tendu, moins les autres doivent mettre la tête pour marquer. J’ai cependant encore beaucoup à apprendre. Je dois acquérir une vision du jeu plus large et mieux doser mes efforts pour pouvoir courir pendant 90 minutes et me présenter devant le but. Je joue sur le flanc mais je ne suis pas de ceux qui recherchent constamment les duels. Je préfère une double passe. J’ai encore un point faible : le sens du but. Il me reste donc du pain sur la planche. « 

Ses deux objectifs

Il a déjà accompli un grand pas en avant. Depuis que son père est décédé d’un cancer cet été, Christian a arrêté de fumer.  » J’ai fumé pendant sept ans. J’ai cessé depuis environ six mois et je dois dire que je vois la différence. Quand on fume, on pense que ça n’a pas d’effet mais je remarque que c’était une fausse impression. Même si ma capacité respiratoire s’est améliorée de 10 %, c’est toujours ça de pris. « 

Le jeu de Trond Sollied offre de nombreuses occasions de marquer. Cela ouvre de nouvelles perspectives à Brüls, qui trouve encore rarement le chemin des filets.  » Sollied le martèle sans répit : je dois me concentrer et me présenter devant le but dès que j’en ai l’occasion. « 

 » J’ai deux objectifs. Le premier est le plus compliqué : devenir champion. Nous verrons dans les prochaines semaines si Gand est capable de lutter pour le titre ou pas. Nous possédons les qualités requises mais il faut aussi être capable d’effectuer les bonnes choses au bon moment et de conserver son calme. Notre équipe est jeune et offensive. De temps en temps, on doit procéder à notre examen de conscience, réfléchir à nos actes. Il y a encore trop peu de concertation entre nous quand nous attaquons alors qu’il en faut pour être champion. Nous devons oser davantage jouer vers l’avant, même si ce n’est pas toujours facile car il faut pouvoir faire quelque chose du ballon et opérer une transition rapide. Nous alignons des joueurs capables de réfléchir rapidement. Le championnat va être passionnant.

Mon deuxième objectif est de jouer le plus possible. Mes statistiques ne viennent qu’en troisième position. Cela dit, dans le football contemporain, elles sont essentielles : si vous disputez dix superbes matches sans marquer ni délivrer d’assist, personne ne parle de vous. Un footballeur ne doit cependant pas y accorder trop d’importance, sous peine de sombrer dans l’arrogance ou dans l’égoïsme devant le but. Il faut rester serein, sans trop en vouloir. Bref, il faut trouver la juste mesure. On peut parler autant qu’on veut, si on ne montre rien sur le terrain, on n’arrive à rien. « 

 » Je préfère évoluer dans l’axe « 

Toutes les deux semaines, Brüls retourne à Westerlo.  » J’ai quitté le club sur une note positive. Seule la dernière ligne droite de mon transfert a été quelque peu chaotique. Tout s’est déroulé en l’espace d’une journée. L’un affirmait ceci, l’autre cela. Je suis content d’être à Gand : les joueurs ont un niveau supérieur et les ambitions sont plus élevées aussi. Les objectifs de Westerlo ne me convenaient plus. Tout joueur veut arriver le plus loin possible. Je restais sur une bonne saison et j’en voulais davantage, ce qui n’était pas possible à Westerlo. Les matches que nous avons joués à partir de la trêve hivernale ne nous ont pas apporté grand-chose : ce niveau-là aurait dû nous permettre de nous qualifier pour les PO1. Cette saison, les débuts de Westerlo ont été catastrophiques et nous nous sommes mis à douter. Je voulais partir avant d’être contaminé par ce sentiment également. Bien jouer ne suffit pas si l’équipe ne tourne pas : il manque quelque chose. A Gand, par contre, quand on joue bien, on prend des points, ce qui reste l’essentiel en football. Nous allons certainement traverser une période moins faste à un moment ou l’autre mais nous devons tenter de conserver le niveau de nos premiers matches. Je me sens très bien, physiquement et mentalement. J’ai bien assimilé le rythme, je pense. Dès le début, je me suis fixé un objectif : être régulier à l’entraînement et en compétition. « 

Brüls se garde toutefois d’émettre un quelconque pronostic sur son évolution personnelle.  » Elle dépendra de la position à laquelle je serai aligné : serai-je à gauche, à droite ou dans l’axe ? Une position centrale implique un travail très différent des flancs. Je préfère jouer dans l’axe car c’est à ce poste que Westerlo m’a toujours aligné mais l’entraîneur a souvent besoin d’un joueur à gauche ou à droite et là, je suis en mesure de le dépanner. J’en suis heureux. Certains ne peuvent joueur qu’à gauche ou à droite alors que j’ai la chance d’être polyvalent. « 

A Gand, Brüls a découvert un noyau qui regorge d’expérience internationale, contrairement à Westerlo. Il a donc effectué une entrée très modeste.  » Je ne suis de toute façon pas quelqu’un qui parle beaucoup ni qui aime les premiers rôles. J’évolue à un niveau supérieur mais durant les premières semaines, c’est le caractère qui compte, la façon dont les autres vous accueillent et comment on s’intègre dans le groupe. Je dois dire que tout le monde s’est montré très ouvert à mon égard et qu’on me permet de faire ce en quoi je suis le meilleur. « 

PAR RAOUL DE GROOTE – PHOTOS IMAGE GLOBE

 » Sollied insiste : je dois me concentrer et me présenter devant le but dès que j’en découvre l’occasion  »  » Un footballeur ne doit pas accorder trop d’importance aux stats, sous peine de sombrer dans l’arrogance « 

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