» J’adore DISCUTER « 

Le défenseur central répond aux critiques qu’on lui adresse.

Bref flash-back sur Brian Clough, le célèbre manager anglais, double vainqueur de la C1 avec Nottingham Forest, décédé en septembre. Les déclarations de Clough étaient célèbres. Parmi celles-ci :  » Ce n’est pas la tactique qui vous fait perdre un match mais les joueurs « . Hugo Broos peut y puiser quelque consolation car, à entendre les commentaires de Matt Van Toorn, ancien joueur d’Anderlecht et de Charleroi, dans la tribune, on ne peut qu’en conclure que l’entraîneur d’Anderlecht n’y connaît rien…

Christian Wilhelmsson à gauche, Mbo Mpenza qui reste dans l’équipe alors qu’il n’en touche pas une, un récupérateur comme Besnik Hasi quand on est en possession du ballon 80 % du temps… Et la litanie continue.

Il est aisé de discuter mais rien n’est dénué de pertinence. Plus de Marc Hendrikx ou de Ki-Hyenon Seol tandis que Fabrice Ehret et Martin Kolar ne sont pas encore disponibles. Wilhelmsson, qui a déjà évolué à ce poste, est peut-être la moins mauvaise solution à gauche mais sans doute pas la plus heureuse. Et Mbo, en petite forme, qui est maintenu à droite. Aruna Dindane qui manquait de place devant avant la blessure de Nenad Jestrovic aura-t-il plus de possibilités de briller à l’avenir ?

Mais est-ce la tactique qui est fautive ou le gaspillage un brin hautain des occasions, le manque de soin en possession du ballon et les gaffes individuelles ?

L’entraîneur d’Anderlecht n’est pas à envier. Il passe son temps à éteindre des incendies à coups de seaux d’eau. Soigner Aruna aux petits oignons, apaiser le mécontentement d’ Yves Vanderhaeghe ou d’ Oleg Iachtchouk, expliquer la situation à Daniel Zitka, faire entendre raison à Walter Baseggio, qui n’a une fois de plus pas compris les critiques qu’on lui adressait et avait donc besoin d’un entretien. Pression de tous les côtés : de l’extérieur mais aussi de l’intérieur. Il y a le problème des gardiens mais aussi l’affaire Pär Zetterberg-Baseggio. La direction aime les voir associés mais c’est sans compter avec l’entêtement de l’entraîneur.

On récolte ce qu’on sème, selon le proverbe. Est-ce vrai ? Broos a-t-il fait de Baseggio ce qu’il est ? Broos a-t-il créé le problème des gardiens ou Aimé Anthuenis a-t-il joué un rôle en sélectionnant Peersman, de sorte que Broos se retrouvait brusquement avec le gardien de l’équipe nationale sur le banc ? Est-ce Broos qui a chassé Seol ou le Coréen n’a-t-il pu s’épanouir à Bruxelles faute d’organisation et de suivi ? Broos a-t-il brusqué Aruna ou est-ce la faute du club ou de l’entourage de l’Ivoirien ? Beaucoup de questions, peu de réponses nettes.

Prenons un cas de figure, Vincent Kompany, le prodige mauve, qui dispute sa dernière saison au stade Constant Vandenstock û comme Aruna ! û et s’est souvent retrouvé dans l’£il du cyclone ces derniers mois. Il n’est pas toujours très bon mais est-ce la faute de l’entraîneur ?

Dans l’encadré, Eddy Van Dale, son entraîneur chez les jeunes, désormais scout, dépeint le caractère de Kompany. Le caractère qui l’a mené parmi l’élite, le caractère qui le type, le caractère que doit gérer l’entraîneur. Il est parfois agréable d’avoir permis à un des plus grands talents européens de percer mais parfois, c’est source d’énervement. Un jeudi, à l’entraînement. Défense contre attaque. Il pleut à seaux. Tout le monde fait son boulot, sérieusement. Jusqu’à ce qu’un joueur commence à discuter avec la touche : c’est Vincent, à cause d’un but sur hors-jeu d’Aruna. Franky Vercauteren s’énerve, Broos observe.

Il devrait se ménager car il souffre d’une surcharge musculaire mais ce n’est pas possible. A 18 ans, il est déjà indispensable. C’est la réalité. Mentalement, tout va bien :  » Sur la scène internationale, notre équipe a acquis plus d’expérience et de valeur mais la concurrence est très relevée. Selon moi, ça jouera à notre avantage comme à notre désavantage. Ce n’est pas un plus dans la perspective du second tour mais ça nous apporte de l’expérience « .

En l’absence de Hannu Tihinen, et de Glen De Boeck, Kompany est devenu le patron de la défense. Trop tôt, comme la plupart des insiders l’estiment, même si, dans les équipes d’âge, Kompany assumait ce rôle. L’intéressé :  » Leader, c’est un grand mot. A mes yeux, cette fonction est dévolue aux joueurs plus âgés. J’occupe évidemment une position d’où je suis obligé de beaucoup communiquer et de donner des consignes. Si je ne le fais pas, on me le reprochera. Je sais très bien que je ne m’acquitte pas parfaitement de cette tâche, aussi en matière de jeu de position. La perfection n’existe d’ailleurs pas. Je suis tout à fait disposé à apprendre, même si je n’hésite pas à discuter « .

Restons objectifs !

On a parfois l’impression qu’il sait tout mieux que tout le monde :  » Ce n’est pas vrai. Je n’aime pas montrer à quelqu’un que je lui donne raison, je ne cède pas non plus facilement, mais en moi-même, j’accepte ça très bien. Je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’on dit de moi et ce qu’on me reproche mais j’y réfléchis quand même. Est-ce juste ou pas ? J’essaie de porter un jugement objectif, sans partir de mon seul point de vue. Prétendre que je suis hautain, c’est pousser les choses un peu loin « .

A l’admiration de l’année dernière a succédé la critique. Ressent-il la situation comme ça ?  » Je ne dirais pas qu’on me vise. L’expression ne convient pas. Je trouve positif qu’on parle tant de moi à mon âge, que ce soit en termes positifs ou négatifs. Mon âge n’est plus un thème. Je ne commets plus de péchés de jeunesse mais je fais les erreurs que tout joueur commet en équipe Première. Je n’ai pas le sentiment que tout est maintenant négatif. La spirale reste positive. Je n’ai pas non plus l’impression qu’on souligne d’énormes lacunes dans mon jeu, à part tel ou tel détail. Il en va de même avec l’entraîneur. Il insiste sur certains aspects à améliorer mais ne dit jamais que je fais mal ça ou ça. Personnellement, et je ne suis pas seul à partager ce point de vue, je trouve que la discussion que nous avons eue après Ostende aurait dû rester entre quatre murs. Il n’était pas nécessaire d’en reparler « .

Des vedettes… Oui, Kompany est une vedette mais la Belgique et les vedettes ne vont pas ensemble. A la Juventus, tous les joueurs ont une Ferrari mais n’arrivez pas à l’entraînement ici avec un véhicule de ce genre. Ceux qui sortent de la masse se font étêter. Dans un pays dénué de vedettes, celui qui se distingue n’est pas une star mais une cible. C’est le problème de Kompany.

 » Il se passe des choses moches sur un terrain de football. Certains font un doigt d’honneur, d’autres des gestes à l’égard du public, pour communiquer leur mécontentement mais ce n’est pas mon cas. Pourtant, d’un coup, j’ai la réputation d’être hautain, un dikke nek. Cela m’ennuie. Je fais tout pour ne pas avoir cette réputation mais mes efforts peuvent être anéantis par un moment ou quelques mots « .

La rumeur va bon train. La musique trop forte dans les vestiaires… Mais a-t-il effectivement dit un jour à Zetterberg, à l’entraînement, de se taire, car il appartenait au passé ? Kompany, stupéfait sur sa chaise :  » Pardon ? Même s’il est petit, je crois que Pär me volerait dans les plumes si je tenais pareils propos. J’aime discuter avec les autres, y compris à l’entraînement. C’est normal. A entendre les anciens discuter du passé, c’était beaucoup plus dur à l’époque. Il y avait constamment des discussions. L’équipe recelait des fortes personnalités, souvent d’avis différents. Ces équipes ont eu des résultats fantastiques. Je regrette donc qu’on lance des rumeurs qui sont complètement erronées « .

Il s’interdit de planer

Il a suffisamment d’assurance pour accepter la situation.  » L’année passée, quand on me demandait si toutes ces louanges n’allaient pas me faire planer, je répondais que je les prenais avec des pincettes. Je savais que d’autres jours viendraient, où des choses négatives paraîtraient sur moi. Je n’ai pas avalé tout le positif et je ne le fais pas non plus avec le négatif. Admettez qu’on le cherche un peu… On vient me demander si ma bagarre avec Hugo Broos était terminée. J’ai vraiment dû réfléchir pour comprendre ce qui aurait pu nous arriver. Nous avons simplement eu une discussion. Je ne sais s’il faut rire ou pleurer de la façon dont on gonfle les choses. Je préfère en rire « .

Il ne tient compte que de l’aspect sportif.  » Par exemple qu’on me reproche de moins en moins de fautes défensives. Vous voyez, je discute peut-être mais je retiens des choses aussi. Je respecte l’âge et l’expérience mais j’estime positif le fait de défendre son propre avis. Selon moi, un béni-oui-oui ne pourra jamais rien apprendre à ses collègues plus tard. Considérez ça comme du caractère ou un excès d’assurance : cela fait partie intégrante de moi-même. Cela fait partie de ma personnalité. C’est comme ça que j’ai émergé très tôt. Si c’était si moche, jamais je ne serais arrivé aussi jeune où je suis « .

Il estime que son jeu de position se bonifie.  » Maintenant, si je souffre d’un muscle, je le compense par mon placement et je peux quand même jouer mon match. J’ai disputé l’intégralité du match contre le Lierse, comme ça. L’année dernière, j’ai dû faire appel à ma vitesse pour rattraper des erreurs. Ce n’est pas parce que ça va mieux que Franky ne crie plus sur moi. Il a autant de voix qu’avant dans le noyau B ou en jeunes. Avant, Franky me reprochait des choses avec lesquelles je n’étais absolument pas d’accord mais après coup, je lui ai donné raison. Je ne crois pas que les observateurs s’en sont rendus compte mais un moment donné, j’ai stagné. Ici, on l’a vu, on m’a donné divers conseils et depuis, j’ai le sentiment de reprendre ma progression. C’est positif « .

Peter T’Kint

 » Les béni-oui-oui ne peuvent RIEN APPRENDRE AUX AUTRES  »

 » Je n’admets pas facilement avoir tort MAIS HAUTAIN ? NON  »

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