» J’adorais entendre toutes ces grandes gueules « 

 » En apprenant que j’intéressais le Club Bruges, j’ai regardé sur Google.  » Rencontre avec Ruud Vormer, un Néerlandais plein d’assurance.

Le 28 août, à trois jours de la clôture des transferts, Ruud Vormer se préparait à jouer avec Feyenoord contre Louhansk, au dernier tour de qualifications pour l’Europa League, quand il a reçu un coup de fil. Son manager, Winnie Haatrecht, lui a dit :  » Le Club Bruges te veut.  »

 » Comme je ne savais pas grand-chose, j’ai donc cherché sur Google. Mon amie Roos, mes parents, mes beaux-parents et Ryan Donk, avec lequel j’ai joué à l’AZ, m’ont dit d’accepter.  » Le premier bilan est positif.  » L’ambiance est plus conviviale qu’à l’AZ et à Rotterdam. Et surtout : je rejoue.  »

Y a-t-il une grande différence de style entre les deux championnats ?

Ruud Vormer : Je dois courir davantage, disputer plus de duels. J’aime jouer au huit, même si je peux aussi évoluer dans un rôle de médian défensif pur, comme Timmy Simons.

Louis van Gaal, votre entraîneur à l’AZ, ne vous trouvait bon qu’au milieu défensif.

Oui mais c’était il y a huit ans. J’en avais à peine 18. Je ne pouvais pas dire à Van Gaal qu’il avait tort ! Il assistait toujours aux matches des A1, l’équipe en dessous des espoirs, et il m’a appelé :  » Certains en sont incapables mais tu joues toujours vers la bonne couleur. Ce sont mes meilleurs joueurs.  » Deux jours plus tard, j’étais sur le banc, en équipe A. Il y avait Moussa Dembélé, Sébastien Pocognoli, Demy de Zeeuw, Shota Arveladze, Danny Koevermans, Boy Waterman, Maarten Martens… En 2011, au terme de ma troisième saison à Roda, j’ai gagné le Soulier de Bronze et j’ai demandé que ce soit Louis qui me le remette. En matière d’entraînements, il est encore supérieur à Ronald Koeman, même si celui-ci est aussi au top, mais Louis exerçait encore plus la tactique : passing, jeux de tirs et de position…

Roda

Votre amie a confié que vous restiez à la maison pour regarder à la télé un match de D2 !

Je suis dingue de foot mais j’essaie de consacrer du temps à mon fils, Valente qui vit chez mon amie, à Rotterdam. Elle est médecin mais suit une formation d’urgentiste. Nous nous voyons donc peu. A Roda, où j’avais des loisirs et où j’étais seul, je donnais entraînement à un petit club du coin le jeudi soir.

Vivre seul n’est pas trop pesant ?

A 19 ans, à 250 kilomètres de Hoorn, loin de ma famille, oui. Au début, on me préparait des plats congelés mais j’ai appris à cuisiner. Des choses simples : steak, patates, légumes. Au début, je me suis demandé pourquoi j’avais quitté l’AZ mais Roda a été essentiel dans mon développement sportif et humain.

J’ai connu trois coaches en une saison. Harm van Veldhoven, le troisième, m’a beaucoup plu : dur mais chouette. Je ne comprends pas qu’il ne trouve pas de club en Belgique. Il nous a maintenus de manière miraculeuse.

Vous avez gagné le Soulier de Bronze et terminé premier ex-aequo du classement Gillette de Voetbal International mais le programme TV du même nom vous a démoli : prévisible, sans accélération, trop prudent. Qu’avez-vous ressenti ?

Ça fait partie du boulot mais être démoli par l’organisateur, ce n’est pas sérieux. Je ne laisse pas les personnes extérieures au club me mettre la pression. Surtout pas les sites de supporters et certainement pas à Feyenoord. Non, il faut se concentrer sur ce qu’on maîtrise. Et rester soi-même. A mes débuts à Roda, j’ai fait profil bas car les gens sont calmes, là, mais le Hollandais en moi est vite remonté à la surface. A Bruges aussi.

Koempeltje

On a rarement vu un nouveau qui dirige les autres dès son premier match !

C’est mon boulot, non ? A l’AZ et à Feyenoord, j’adorais entendre toutes ces grandes gueules sur le terrain. Les footballeurs doivent être durs les uns envers les autres, se corriger. A Roda, on me surnommait Koempeltje, en référence à la mentalité des mineurs limbourgeois. Je travaillais dur et j’étais heureux de pouvoir jouer pour ce club. Bruges aime cette mentalité aussi.

Vous aussi, puisqu’il y a deux ans, vous avez choisi Feyenoord alors que vous pouviez gagner plus à Vitesse ?

Il y a trois grands clubs aux Pays-Bas : l’Ajax, le PSV et Feyenoord. On ne leur dit pas non. Et puis, le jour du Fan Day, circuler en hélicoptère au-dessus de 50.000 personnes, c’est quelque chose.

Vous avez dit :  » Je suis dans le meilleur club et je retrouve la civilisation.  » Ça a dû faire plaisir à Kerkrade…

C’était chouette mais différent de Hoorn, une ville de 75.000 personnes en Hollande du Nord. J’ai retrouvé ce sentiment à Rotterdam. J’occupais un appartement près du Kuip et le tram nous menait au centre en quelques minutes. J’y suis devenu un meilleur footballeur aussi, même si j’ai peu joué. Comme à Bruges, le niveau des entraînements était très élevé. Notre noyau n’est pas inférieur à celui de Feyenoord mais le vécu est différent. Quand il fallait botter un coup franc, les gens hurlaient  » Ruud, Ruud !  » J’en avais la chair de poule mais d’un autre côté, ce qui compte, c’est de jouer.

PAR CHRIS TETAERT – PHOTO: BELGAIMAGE

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