» Ivic à Alost, c’était irréel ! « 

 » Quand on évoque le foot croate, tout le monde songe aux grands joueurs de ce pays. La liste est sans fin mais, moi, c’est surtout un nom de coach que j’ai sur les lèvres : Tomislav Ivic (76 ans). De 1969 à nos jours, il s’est forgé un palmarès extraordinaire avec des titres ou des coupes dans de nombreux pays : ex-Yougoslavie, Pays-Bas, Belgique, Turquie, Portugal, Espagne, Croatie, etc. A la tête de Porto, il a gagné la Supercoupe de l’UEFA et la Coupe Intercontinentale en 1988. En Belgique, il était aux côtes de Lucien D’Onofrio quand ce dernier reprit le Standard en 1998. A Anderlecht, de 1980 à 1983, il a révolutionné les habitudes en installant le pressing haut sur le porteur du ballon, la reconversion offensive ultra rapide et la verticalité.

On oublie qu’il a brièvement bossé à Alost, en D2. J’avais quitté les Oignons en cours de saison pour rejoindre Seraing qui eut des soucis pendant sa première campagne au plus haut niveau. Ivic avait été démis au Parc Astrid. A la demande du président d’Alost, Frans Daeleman, j’ai téléphoné à Michel Verschueren pour lui demander si Ivic accepterait de dépanner les Flandriens. Le coach ne le fit pas pour l’argent (il était payé par Anderlecht jusqu’à la fin de son contrat) mais par amitié pour Verschueren et reçut comme T2 René Taelman, qui fut mon adjoint à Alost puis à Seraing. Mais ce n’était quand même pas de gaieté de c£ur non plus. Selon Taelman, le Croate préférait être chez lui car des agents l’appelaient pour lui proposer des contrats dans de grands clubs. Ivic à Alost, c’était assez irréel ! Un beau jour, toujours selon mon adjoint, le président d’Alost lui fit parvenir une liste de joueurs qui devaient absolument être sélectionnés pour le prochain match. Il convenait de les montrer pour les vendre en fin de saison. Fou de rage, Ivic piétina le bout de papier et claqua la porte. On ne le revit plus jamais à Alost. Sa réaction était compréhensible. On n’impose pas cela à un coach de ce niveau. Ivic est un géant de sa profession, un coach universel qui a su innover et proposer sa vision du foot moderne dans de nombreux pays.

Il mérite le plus grand respect et me fait penser, à plus d’un égard, à Raymond Goethals. C’est la même passion, la même chaleur humaine communicative et les mêmes grands principes de jeu. Tout comme Goethals, Ivic a toujours été un entraîneur organisé et même défensif. Il mise d’abord sur une bonne défense mais qui sait mettre le nez à la fenêtre. Les deux hommes ont aussi trois clubs en commun sur leur carte de visite : Anderlecht, l’OM et le Standard. « l

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing).

propos recueillis par pierre bilic

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