Ivan Vukomanovic

1 Si tu avais accepté d’être adjoint de José Riga, tu aurais peut-être fêté le titre dans quelques semaines. Pas de regrets ?

Aucun. Toute ma vie, je suis resté derrière mes choix. Certaines personnes disent sans doute que je n’ai pas fait le meilleur en refusant ce poste, d’autres pensent sûrement que j’ai pris la bonne décision. Je ne me voyais pas dans ce projet, tout simplement.

2 Après ton limogeage, il n’y a pas eu de banderoles pour toi dans le stade, pas de chants non plus, comme si tu n’avais pas existé pour les supporters du Standard. Ce n’est pas ça, le plus décevant dans cette histoire ?

Pas du tout. Un club de foot, ce n’est pas un entraîneur. Ce qui compte, ce sont les joueurs. Que la direction ait bien fait ou pas de me remplacer par José Riga, ce n’est plus un débat pour moi, je ne rentre plus là-dedans. J’ai dit aux joueurs en partant : -Ne vous préoccupez pas de tout ça, continuez vos carrières.

3 Tu as donné récemment une interview dans laquelle tu ne dis que du bien sur le Standard. Ces déclarations positives, ça fait partie des conditions de l’indemnité de rupture que tu as reçue ?

Non, il n’y a aucune clause de non-agression dans l’accord que j’ai trouvé avec le Standard. Simplement, le temps a fait son oeuvre. Au moment de mon licenciement, c’est clair que j’étais frustré. Et aujourd’hui encore, il y a des choses qui m’échappent. On m’a viré sur des petits détails qui ne valent même pas la peine qu’on en parle. On me reprochait d’être trop proche des joueurs et de manquer d’expérience. Des reproches débiles. Partout, je vois des entraîneurs proches de leur groupe. Et à 37 ans, comment peux-tu avoir une longue expérience de coach ? Soit. C’est le passé, je ne me retourne plus. Je préfère retenir que j’ai passé un an et demi dans ce grand club et ça me fait plaisir de pouvoir dire autour de moi que j’ai été le T1 du Standard. S’il termine champion, ce sera aussi mon titre, et peut-être une première dans l’histoire du foot belge. Est-il déjà arrivé qu’un club soit champion avec trois entraîneurs différents ? J’espère qu’il va y arriver, je lui souhaite tout le bonheur, ça vient du fond du coeur.

4 Tu as versé ton indemnité de rupture à une oeuvre en Serbie : une façon pour toi d’entretenir ton image de gars trop gentil que le Standard a voulu faire passer au moment de ton C4 ?

Je t’explique mon raisonnement… L’indemnité que j’ai reçue n’est pas énorme, ce n’est finalement qu’une indemnité d’adjoint. Mais j’ai estimé que le Standard me donnait de l’argent que je n’avais pas gagné, pas mérité. Donc, j’ai pensé à une oeuvre. Je viens d’un pays où il y a beaucoup de manques et j’ai repéré un hôpital pour enfants où ce chèque devrait faire du bien. C’est comme au moment où j’ai refusé de redevenir T2 : je n’ai pas réfléchi, c’était un feeling, le coeur qui parlait.

5 Il paraît que tu t’es proposé à Lokeren. Parce que tu habites presque en face du stade ou parce que tu estimes que Peter Maes a fait son temps là-bas ?

A Lokeren, maintenant ? (Il rigole). Je n’étais pas au courant. Là, je viens de m’étonner publiquement, via Twitter, des rumeurs qui m’envoient à Waasland Beveren. C’est n’importe quoi, il n’y a rien du tout. Ni avec l’un, ni avec l’autre. Maes a fait son temps ? Il faut lui poser la question. J’ai trop de respect pour lui, je ne le jugerai pas. Et pour ce qui est de la distance entre mon domicile et le stade… Je suis occupé à déménager, je pars à Anvers, c’est là et à Gand que j’ai ma vie sociale depuis que j’habite en Belgique. Mais quand on a fait pendant un an et demi la route entre Lokeren et Liège, aller tous les jours d’Anvers à Lokeren, c’est des cacahuètes… Bon, ce sont des choses auxquelles je penserai éventuellement plus tard, s’il y a un contact avec Lokeren. Pour le moment, je te garantis qu’il n’y a rien eu du tout.

Ivan Vukomanovic (37 ans, Serbe) a été entraîneur principal du Standard de fin octobre à fin février après une carrière de joueur qui l’a vu passer notamment par la France, l’Allemagne, la Russie et la Belgique (Lokeren et Antwerp).

PAR PIERRE DANVOYE

Ivan Vukomanovic  » Je ne méritais pas l’indemnité de rupture que le Standard m’a payée, elle est donc partie dans un hôpital pour enfants en Serbie.  »

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