Ivan Sonck :  » Bravo les Borlée mais pas d’euphorie « 

L’or en relais 4×400 mètres et l’argent pour Dylan, le cadet des trois frères Borlée, en 400 mètres individuel. Ça leur a valu des titres grandiloquents mais que valent ces médailles, acquises à l’EURO en salle de Prague, objectivement ?

Ivan Sonck, ancien journaliste de la VRT, connaît bien l’athlétisme.  » L’euphorie de la presse est excessive. Je félicite de tout coeur les Borlée. Ils ont bien couru et Kevin, le dernier, a signé un brillant 44.99, mais il faut replacer leur première place dans son contexte. La concurrence était tout sauf terrible. La Grande-Bretagne, qui est normalement la plus forte, n’a pas délégué son équipe A ni même la B mais la C.  »

Les Belges ont signé un chrono de 3.02.87, soit une petite seconde au-dessus du record du monde.  » Il faut également le nuancer : on ne court de relais 4×400 mètres en salle qu’une fois par an, lors d’un EURO ou d’un Mondial. En plus, les ténors du moment, LaShawn Merritt et Kirani James, n’ont jamais participé à un relais indoor, pas plus que Michael Johnson jadis. Ce record du monde n’est donc pas la meilleure des références.

 » Le chrono des Belges vaut bien 2.59 sur piste mais ça n’est pas une garantie de médaille. Cinq nations – les USA, la Russie, la Grande-Bretagne, Trinité et Tobago, les Bahamas – peuvent courir sous les 2.59. Le podium est accessible à condition que Kevin et Jonathan courent à leur meilleur niveau. Or, de ce point de vue, j’ai des doutes. Je crains qu’à 27 ans, ils n’aient dépassé leur pic de forme. La majorité des coureurs de 400 mètres atteignent leur summum à 24 ou 25 ans puis perdent du terrain. C’est logique dans une discipline si éprouvante, y compris en matière d’entraînement. N’oubliez pas non plus qu’ils émergent au top depuis leurs vingt ans.

Kevin et Jonathan courront encore sous les 45 secondes, 44.70 environ, mais les 44 secondes dont parle Jacques, leur père, c’est excessif. Il est difficile de dire si Dylan, qui a 22 ans, atteindra un jour le niveau de ses aînés car cela dépend de nombreux facteurs. Il ne faut pas non plus exagérer l’importance de sa médaille d’argent.  »

Sonck admire surtout la progression de Nafi Thiam :  » Elle fait déjà partie du top six mondial. C’est d’autant plus beau qu’elle effectue des études universitaires. Elle manque quelque peu de vitesse de base mais elle n’a que vingt ans et sa marge de progression est encore énorme. Peut-elle briguer une médaille au prochain Mondial de Pékin ou aux Jeux de Rio ? Ça me semble encore prématuré mais plus tard, ce n’est vraiment pas exclu.  »

PAR JONAS CRÉTEUR

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire