IRRÉSISTIBLE MONACO

Didier Deschamps et ses troupes impressionnent sur tous les tableaux.

1. Retrouver son identité

Emilio Ferrera : Monaco a réussi un parcours de toute beauté tout au long de la première phase de la Ligue des Champions. Ce club donne l’impression d’être irrésistible pour le moment. En championnat, Didier Deschamps et ses gars se jouent pratiquement de toutes les difficultés. Le tout était de savoir si cette superbe performance serait également de mise sur la scène européenne. Le championnat de France est intéressant mais cette compétition est trop dominée par deux clubs : Monaco et Lyon. Les autres sont nettement moins performants. Pour passer à la vitesse supérieure, Monaco devait se distinguer en Ligue des Champions. C’est fait et bien fait : il y a toujours quelque chose à se mettre sous la dent avec ce club comme le prouva, entre autres, le 8-3 forgé face à La Corogne.

Didier Deschamps travaille depuis trois ans à Monaco. Dans un premier temps, il a voulu italianiser le club en y faisant venir en droite ligne du Calcio des joueurs, des soigneurs, des médecins, etc. Cela lui a valu des soucis, des critiques et une première saison catastrophique. La greffe ne pouvait pas réussir même si la qualité était au rendez-vous. Monaco, c’est un style, le Nantes du sud, un jeu, une politique de formation, des traditions qu’il fallait retrouver au plus vite. Cela se respecte. Un entraîneur ne peut pas débarquer avec sa vérité. Il doit forcément s’adapter à une culture, un passé, des traditions. Didier Deschamps a entre-temps retrouvé l’identité du club et cela paye. Loin de là, le Bayern Munich a aussi perdu ses racines. On y a ajouté une pincée de magie brésilienne, deux doigts de talent d’autres pays sud-américains et, au bout du cocktail, le Bayern se cherche et n’est plus allemand : c’est une erreur.

2. Arsenal, enfin

Arsène Wenger peut jubiler : son club s’est enfin affirmé sur la scène de la Ligue des Champions. Le démarrage avait une fois de plus été très difficile mais Arsenal a su terminer la première phase en boulet de canon. Sur le plan offensif, avec Thierry Henry entre autres, Arsenal a carrément autant d’atouts que le Real Madrid, ce qui n’est pas peu dire. Au passif des Londoniens, je me dois de souligner les insuffisances en ce qui concerne le poste de gardien. David Seaman n’est plus là. Il était grand temps de le remplacer mais Jens Lehmann ne me donne pas une impression de très grande sécurité. Or, une équipe ne peut pas émerger en Ligue des Champions sans un grand dernier rempart. Le Real Madrid l’a fait avec Iker Casillas, le Bayern avec Oliver Kahn et Manchester United avec Fabien Barthez. Jens Lehmann ne fait pas le poids par rapport à eux.

3. Problèmes italiens et espagnols

Les clubs espagnols sont à nouveau présents en masse à un stade avancé de la Ligue des Champions. Pourtant, j’ai le sentiment qu’ils sont plus fébriles. Leur marge d’évolution n’est plus aussi nette que la saison passée. La Corogne s’est qualifiée par miracle. La Real Sociedad a longtemps tremblé face à Galatasaray lors de son dernier match. Le Celta Vigo a tiré profit du fait que l’AC Milan était déjà qualifié. Encore qu’on puisse tempérer cette analyse. Les réservistes milanais avaient certainement envie de se profiler en l’absence de quelques titulaires retenus pour d’autres missions. Cela fait jaser mais ce n’est pas la première fois qu’une équipe n’aligne pas toutes ses stars. Par le passé, Anderlecht et Bruges bénéficièrent aussi de certaines absences dans les rangs de leurs adversaires. Le Real a écrasé le Groupe F mais sa défense n’est pas des plus imperméables. A part lors de sa confrontation à domicile face au Partizan Belgrade, Madrid a toujours au moins encaissé un but. Cela m’inquiète un peu. En Italie, d’aucuns doivent désormais se demander pourquoi l’Inter s’est débarrassé d’Hector Cuper en cours de saison. Son départ n’a rien arrangé, au contraire. Avec lui aux commandes, les Intéristes avaient entamé leur campagne en Ligue des Champions par un fameux 0-3 sur les terres d’Arsenal. C’est loin tout cela, Hector n’est plus là, l’Inter a fait match nul contre le Dynamo Kiev et doit se contenter de la Coupe de l’UEFA. Je pense qu’on doit s’y mordre les doigts : ce renvoi n’était pas une bonne décision.

Emilio Ferrera

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