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Inusable Kazuyoshi Miura

L’attaquant japonais de 53 ans du Yokohama FC, un club de D1 japonaise, en est à sa 35e saison professionnelle. Un cas unique.

Selon les sites spécialisés, sa valeur marchande est toujours de 100.000 euros. Même si l’avant n’a pas encore joué cette saison, son histoire est particulièrement intrigante. Voici l’étrange parcours footballistique de Kazuyoshi Miura, surnommé King Kazu au Japon.

Un professeur lui a posé une question qui l’a interpellé, à l’âge de quinze ans :  » Que ferais-tu si tu pouvais quitter immédiatement les bancs de l’école ? Où irais-tu ?  » La réponse a été brève :  » Au Brésil !  » L’adolescent a d’ailleurs été tellement enthousiasmé par ce projet ambitieux qu’il a joint les actes aux paroles. Au Japon, en 1982, pareille aventure était inimaginable, mais Miura était déjà une exception. Il ne voulait pas être limité par une nation connue pour son isolationnisme et un football encore sous-développé.

Miura, un talent naturel qui a grandi à Shizuoka, voulait à tout prix réaliser son rêve. Et où pouvait-il perfectionner sa technique, si ce n’est au pays de la samba ? Avec 700 dollars en poche, il s’est retrouvé tout seul à l’académie des jeunes du CA Juventus de São Paulo. Son image de l’Amérique du Sud comme berceau du football a rapidement été écornée par les insultes racistes dont il a été l’objet et les puces qui fourmillaient dans le dortoir.

Malgré ces débuts difficiles, Miura n’a pas cédé au mal croissant du pays et il s’est tourné vers une équipe plus modeste, XV de Jau. Une réussite. Il y a attiré l’attention du légendaire Santos FC, qui lui a proposé un contrat professionnel. Sa joie a été de courte durée : Miura a été renvoyé au bout de deux matches. Ça n’a pas entamé sa détermination. L’attaquant de poche s’est tourné vers une équipe d’immigrants brasiliano-japonais, il est revenu à XV de Jau et il a été déterminant dans le match au sommet contre les Corinthians. Le lendemain, les journaux titraient :  » O Karate Kid do Futebol « .

Il a ensuite obtenu des contrats plus lucratifs au Coritiba FC, à Palmeiras, puis à nouveau à Santos. Miura a rencontré son idole Zico en 1988. Le Pelé blanc a abordé le Japonais à la mi-temps du match contre Flamengo, son employeur.  » Tu as réussi « , a déclaré la légende brésilienne en serrant la main de Miura. Le pionnier asiatique n’a pu contenir son émotion et a laissé couler ses larmes.

32 ans plus tard, Miura est toujours, là. Apparemment inusable. International à 89 reprises, il a inscrit 55 buts de 1990 à 2000. Il vient d’entamer sa 35e saison. Son entraîneur à Yokohama, Takahiro Shimotaira, n’a que 48 ans.

Miura a été le premier Japonais à évoluer en Serie A, au Genoa, en 1994-1995, en prêt. Il a dégommé Sir Stanley Matthews du rang de joueur et de buteur le plus âgé de tous les temps. Miura se distingue par son extravagance et son énergie. Il met aussi un point d’honneur à promouvoir le football de son pays. Il s’est aventuré en Croatie, au Dinamo Zagreb, et même en Australie, au Sydney FC. Mais sa faim de football n’est pas encore apaisée, même si, la saison dernière, son compteur s’est arrêté à 109 minutes de jeu en trois matches. Depuis des années, on annonce la prolongation de contrat de cet infatigable combattant le 11 janvier, en référence à son numéro de maillot.

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