INTERVIEW: Michel Salgado

Pour beaucoup d’observateurs, l’Espagne est favorite. A juste titre ?

Non. Je ne trouve pas que nous méritons ce statut, car nous avons été trop souvent décevants lors des précédents tournois.

Qui sont vos favoris ?

L’Allemagne, la France et l’Italie. Je ne retiens pas le Portugal, exactement pour les mêmes raisons que l’Espagne. Par contre, des équipes comme l’Allemagne et l’Italie sont toujours présentes aux grands rendez-vous, quels que soient leurs problèmes durant la préparation ou les qualifications.

Que pensez-vous du groupe dans lequel est versé l’Espagne ?

Nous connaissons la Grèce, mais pas la Russie. On peut très bien la battre 3-0 mais l’inverse est vrai aussi. Elle est totalement imprévisible. Je dirais qu’elle est l’anarchiste du football mondial. Le match contre le Portugal sera particulièrement difficile. Nous avons intérêt à gagner nos deux premiers matches, pour que ce derby particulier ne soit pas décisif.

Imaginez que vous alliez en quarts de finale : ce sera la France ou l’Angleterre.

Soit l’affiche d’une demi-finale, voire d’une finale. Ce n’est vraiment pas un cadeau. Pourquoi l’Espagne ne passe-t-elle pas plus souvent le cap des quarts de finale ? Parce qu’elle affronte souvent des adversaires redoutables dans les premières phases du tournoi. Comme la France, futur vainqueur à l’EURO 2000. Nous avons raté un penalty dans les prolongations, face à elle. Ce sont des choses que les gens oublient rapidement. Enfin, spéculer n’a aucun sens. Passer le premier tour sera déjà assez difficile comme ça.

Avez-vous un peu le sentiment d’évoluer à domicile ?

A domicile, c’est un grand mot mais nous ne sommes pas loin de chez nous. Il y aura beaucoup de supporters espagnols au Portugal. C’est un peu maintenant ou jamais. Mais bon, nous avons toujours ce sentiment avant un tournoi.

L’Espagne ne s’est pas qualifiée facilement pour l’EURO.

Peu d’équipes présentes au Portugal ont réalisé un sans-faute dans les qualifications. Nous avons été battus par la Grèce, c’est tout. Le bilan n’est pas mauvais mais nous avons eu une grande malchance : cette victoire a donné des ailes aux Grecs, qui ont gagné tous les matches suivants et nous ont devancés d’un point, au terme des éliminatoires, nous obligeant à disputer des barrages pour nous qualifier.

Vous avez la réputation de rater beaucoup d’occasions.

Nous en avons gaspillé beaucoup, dans ce match contre la Grèce comme en Irlande du Nord, où nous n’avons réalisé qu’un match nul. Nous nous sommes créé beaucoup d’occasions mais nous n’avons pas un vrai finisseur. Nous avons d’ailleurs essayé beaucoup de joueurs différents à ce poste, ce qui est éloquent.

Vos propos sont étranges car Fernando Morientes est quand même espagnol.

C’est l’entraîneur qui est responsable de sa sélection. Personnellement, je trouve que Morientes a sa place en équipe nationale.

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